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Inde: la cavale d’un prédicateur séparatiste sikh met les autorités du Pendjab sur les dents

La police indienne recherche depuis samedi le prédicateur sikh Amritpal Singh qui réclame avec ses supporters la création d’un État indépendant, le Khalistan. Près de 114 personnes ont été arrêtées et le réseau internet coupé.

Pour la quatrième journée d’affilée, plusieurs millions d’habitants du Pendjab étaient encore privés d’accès à Internet ce mardi 21 mars. Une coupure que les autorités ont justifié par la nécessité d’éviter la diffusion de « rumeurs » et de « fausses nouvelles » au sujet de la cavale d’Amritpal Singh. Le gouvernement du Pendjab a par ailleurs annoncé que les restrictions d'accès à internet avaient été partiellement levée plus tard dans la journée.

Depuis samedi, le prédicateur séparatiste sikh est activement recherché par des centaines de policiers au Pendjab après une manifestation massive de ses supporters devant un commissariat de police d’Ajnala près de la ville sainte des sikhs, Amritsar, en février. Les manifestants, pour certains armés d’armes à feu et d’épées, exigeaient la libération de Lovepreet Toofan un proche de Singh inculpé pour enlèvement. Face, à la pression de la foule et aux risques de heurts avec la police, il avait finalement été libéré. Six policiers avaient été blessés.

Le nouveau leader de Waris Punjab De

Six proches du prédicateur, ainsi que son oncle, ont d’ores et déjà été arrêtés et inculpés au nom de la très stricte loi indienne sur la Sécurité Nationale, quatre d’entre eux ont été incarcéré dans une prison de l’État de l’Assam ce lundi. Selon l’inspecteur général de la police du Pendjab, Sukhchain Sikh Gill, de nombreuses armes ainsi que des véhicules utilisés par des militants séparatistes de Waris Punjab De auraient été retrouvés, dont une Mercedes qui aurait permis à Amritpal Singh de prendre la fuite samedi au terme d’une course poursuite avec la police. Il reste à ce jour toujours introuvable.

Des dizaines de policiers indiens patrouillent dans le village natal d'Amritpal Singh près de Jallupur Kheira à 45km d'Amritsar le 19 mars 2023.
Des dizaines de policiers indiens patrouillent dans le village natal d'Amritpal Singh près de Jallupur Kheira à 45km d'Amritsar le 19 mars 2023. AFP - NARINDER NANU

Âgé de 30 ans, Amritpal Singh est le nouveau leader de l’organisation Waris Punjab De, dont le nom pourrait se traduire par « Les héritiers du Pendjab », qui exige la création d’un État séparatiste sikh appelé Khalistan en prêchant un sikhisme radical. Il a pris la succession du fondateur de l’organisation, Deep Sidhu, suite à sa mort dans un accident de voiture le 15 février 2022.

Le passé d’Amritpal Singh reste assez flou. On sait de lui qu’il est né le 17 janvier 1993 à Jallupur Khaira, dans le district d’Amritsar où il a vécu une bonne partie de sa vie. En 2012, il émigre à Dubaï pour travailler dans l’entreprise de transport de l’un de ses oncles. À l’époque, il ne porte ni barbe ni turban jusqu’à son retour au Pendjab où il apparaît habillé de la même façon qu’un sikh dévot et où il sera officiellement désigné successeur de Deep Sidhu à la tête de Waris Punjab De.

Punjab Police releases a few pictures of 'Waris Punjab De' chief Amritpal Singh.

"There are several pictures of Amritpal Singh in different attires. We are releasing all of these pictures. I request you display them so that people can help us to arrest him in this case," says… https://t.co/ZGh5aOs5jq pic.twitter.com/wh7gNb4BUA

— ANI (@ANI) March 21, 2023

Violents mouvements séparatistes en faveur du Khalistan

L’État du Pendjab, où vivent 57% de sikhs et 39% d’hindous, a connu de violents mouvements séparatistes en faveur du Khalistan dans les années 1980 et au début des années 1990, qui ont fait des milliers de morts. Les violences ont culminé en 1984 lors de l’opération Blue Star qui visait à mater l’insurrection sikhe. L’assaut de l’armée indienne contre les séparatistes retranchés dans le Temple d’Or d’Amritsar avait alors fait plus de 400 morts, dont l’emblématique leader séparatiste sikh Jarnail Singh Bhindranwale. Cet événement avait ensuite conduit quelques mois plus tard à l’assassinat de la Première ministre Indira Gandhi par deux de ses gardes du corps sikhs.

Amritpal Singh joue aujourd’hui beaucoup de sa ressemblance avec Jarnail Singh Bhindranwale, à tel point que certains de ses supporters le surnomment « Bhindranwale 2.0 ». La popularité grandissante du nouveau leader de Waris Punjab De fait craindre une recrudescence des violences, même si les autorités du Pendjab se montrent rassurantes. « Nous avons arrêté 114 personnes jusqu’ici et la paix et l’harmonie règnent sur l’ensemble de l’État » a assuré la police lundi.

Si la situation est restée calme au Pendjab, des soutiens de Singh ont saccagé le consulat d’Inde à San Francisco, tandis que des incidents similaires ont eu lieu à Londres devant la Haute commission indienne, ce qui a entrainé la convocation d’un haut représentant diplomatique britannique au ministère indien des Affaires étrangères pour obtenir des explications sur l’absence de protection des locaux.