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Inde: Rahul Gandhi achève sa grande marche pour «réunir l'Inde»

En Inde, c’est ce 30 janvier que se termine l’incroyable périple du chef de l’opposition indienne. Pendant quatre mois, Rahul Gandhi a parcouru à pied environ 500 km du nord au sud de l’Inde, pour unifier le pays et raviver la flamme de son parti centenaire du Congrès. 

De notre correspondant à New Delhi,

Officiellement, le chef de l’opposition s’est lancé dans un tel périple pour unifier l’Inde, et c’est le nom donné à cette grande marche, Bharat Jodo en hindi. Pourquoi l’unifier ? Car selon l’opposition et beaucoup d’acteurs de la société civile, le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi, au pouvoir depuis près de neuf ans, a fortement polarisé la société indienne entre les hindous soutenus ouvertement par le parti au pouvoir, d’un côté, qui devraient se défendre de la prétendue islamisation de l’Inde, et les musulmans conspués, persécutés, tabassés et emprisonnés de l’autre.

Ce parti du Congrès condamne aussi la politique de persécution de tous les opposants, par les agences fédérales et la capture des médias privés, par la menace ou l’achat des chaines - ce qui empêcherait l’opposition politique d’exister et se faire entendre. 

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Rahul Gandhi renoue avec la tradition des grandes marches

Rahul Gandhi, ce cadre du parti du Congrès, fils et petit-fils de premiers ministres et lui-même candidat à ce poste à deux reprises, a voulu raviver la flamme des grandes marches menées par le Mahatma Gandhi pour lutter contre l’oppression coloniale, puis par les grands dirigeants indiens depuis.

Pendant ces quatre mois, ce quinquagénaire a marché, sous la chaleur tropicale du Kerala ou la pluie glaciale du Cachemire, la plupart du temps en polo à manche courte, sa barbe transformée en buisson pour insister sur cette image d’ascète qui est adulée par les Indiens.

Durant le parcours, il est alors rejoint par des gens de toutes les origines, hommes, vieux, jeunes, femmes, hindous, sikhs ou musulmans, qu’il embrasse, avec qui il parle, dans le but de montrer qu’il ne discrimine pas, lui. Une manière de se reconnecter avec le peuple, alors que ce parti du Congrès perd quasiment toutes ses élections depuis neuf ans, et est donc menacé de marginalisation. 

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Le parti d'opposition du Congrès, mené par Rahul Gandhi (au centre, avec le t-shirt blanc), marche au côté de soutiens, à New Delhi, en Inde, le 24 décembre 2022.
Le parti d'opposition du Congrès, mené par Rahul Gandhi (au centre, avec le t-shirt blanc), marche au côté de soutiens, à New Delhi, en Inde, le 24 décembre 2022. © Bhumika Saraswati / AP

Les problèmes de fond demeurent

Mais c’est aussi un énorme exercice de publicité et c’est là la limite. Cette marche peut redynamiser son image, mais les problèmes de fond demeurent : le Congrès reste un parti divisé entre des caciques locaux, sans dirigeant central fort, et qui continue à s’appuyer sur la réputation de la seule dynastie des Gandhi pour se faire élire.

Or cela ne fonctionne plus, et la nouvelle opposition, menée par les partis régionaux, grignote ses voix et divise encore plus l’opposition face à un BJP tout puissant. Pour unifier l’Inde, le Congrès devra donc d’abord unifier ses cadres, et oser combattre le BJP sur son terrain en montrant qu’il est possible d’être un hindou dévot tout en respectant les musulmans, pour revenir ainsi aux fondements constitutionnels et laïcs de l’Inde.  

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