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Industrie pornographique en France: un rapport du Sénat dénonce «l’enfer du décor»

Pour la première fois, un rapport d'information du Sénat présenté ce mercredi se penche sur les pratiques de l'industrie pornographique en France et fait une vingtaine de propositions pour alerter le gouvernement et l'opinion publique.

Pour aboutir à ces 150 pages de rapport, les sénatrices Alexandra Borchio-Fontimp (LR), Laurence Cohen (communiste), Laurence Rossignol (socialiste) et Annick Billon (centriste) ont écouté à huis clos des dizaines de témoignages pendant six mois : ceux d'acteurs et d'actrices porno, de médecins comme des gynécologues, de journalistes spécialisés, de policiers et avocats, de producteurs de films X, etc.

Les autrices qualifient certaines auditions d'« éprouvantes » et révèlent, c'est le postulat de départ du rapport : « une porosité entre proxénétisme, prostitution et pornographie. »

Nous sommes 4 sénatrices de sensibilités politiques différentes, ensemble, nous avons obtenu un consensus exigeant contre les violences systémiques de l’industrie du #porno. Les témoignages des victimes nous obligent, nous ne pouvons plus fermer les yeux.https://t.co/o7K4OcSE24

— Laurence Cohen (@LaurenceCohen94) September 27, 2022

L’industrie du porno face à la justice

Le milieu du porno « amateur » est dans le viseur de la justice depuis deux ans avec plusieurs plaintes pour « viol en réunion et traite aggravée d'êtres humains » contre deux géants du secteur dont le célèbre Jacquie et Michel. Une actrice qui s'est constituée partie civile au procès « French Bukake » a par ailleurs raconté aux rapporteuses les conditions inhumaines d'un tournage : « Cette scène (sexuelle) se termine, je vais aux toilettes et je saigne, ce n'était pas dans le scénario. Une deuxième scène commence alors à même le sol. Dès le début, on a essayé de me déshumaniser, j'ai mangé de la nourriture pour chien ».

Face à de telles atrocités, les sénatrices ont décidé de faire une vingtaine de propositions pour tirer la sonnette d'alarme. La première d'entre elles consiste à ouvrir les yeux sur la réalité de l'industrie du porno. Selon le document, 90% des scènes pornographiques comportent de la « violence physique et verbale » et charrient des stéréotypes « misogynes, racistes, lesbophobes et hypersexualisés ». D’après le rapport, le porno générerait des « violences systémiques envers les femmes ».

Pour lutter contre ces dérives, les autrices proposent d'informer les consommateurs sur les conditions réelles dans lesquelles se déroulent les tournages. Surtout, elles préconisent de renforcer l'arsenal judiciaire pour mieux protéger les actrices ainsi que d'augmenter les moyens des magistrats et policiers chargés des enquêtes. Cela passe aussi par la formation des forces de l'ordre, qui comme cela a été fait pour les violences conjugales, doivent apprendre à recueillir les plaintes des actrices X.

Droit à l’oubli et protection de la jeunesse

Certaines actrices ont dû débourser entre 3 000 et 5 000 euros pour faire retirer des vidéos en ligne dans lesquelles elles apparaissaient en faisant valoir leur « droit à l’oubli ». C'est en moyenne dix fois plus que la somme qu'elles avaient touchée pour tourner ladite scène. Le rapport demande donc de créer une catégorie « violence sexuelle » sur la plateforme de signalement Pharos et de distribuer des amendes aux diffuseurs et aux plateformes qui diffusent du contenu illicite. 

Autre combat à mener selon les sénatrices : l’interdiction d’accès des mineurs à la pornographie. En France, deux tiers des moins de 15 ans ont déjà visionné des images pornographiques et 2,3 millions de jeunes de moins de 18 ans en visionneraient tous les mois. À la clef, des traumatismes, des troubles de l'alimentation et du sommeil ainsi que des complexes.

En conséquence, le rapport presse les diffuseurs de trouver une solution technique efficace pour contrôler l’âge avant d'entrer sur le site et demande, en attendant, que le contrôle parental soit activé par défaut lorsqu'un abonnement téléphonique est souscrit pour un mineur.

► À écouter aussi : Chronique des médias – Le porno, le mal du siècle