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Irak: l'assassinat d'une blogueuse par son père fait ressurgir la question des crimes d'honneur

Après l’annonce officielle de la mort de la blogueuse irakienne Taiba al-Ali vendredi, un vent d’indignation a soufflé en Irak. Une vingtaine de manifestants s'étaient rassemblés, dimanche 5 février, devant le tribunal de Bagdad pour demander une peine lourde contre l'auteur du crime.

Avec notre correspondante à Bagdad, Marie-Charlotte Roupie

« Il n’y a pas d’honneur dans un crime contre une femme ! » Ils sont peu nombreux devant le tribunal de Bagdad. Mais la mort de la vidéaste Taiba el-Ali remet dans le viseur des manifestants, l’article 409 du code pénal irakien qui définit les sanctions contre les crimes dits d’honneur.

Le suspect principal, le père de la jeune femme de 22 ans, se serait livré à la police affirmant, selon les sources officielles, avoir étranglé sa fille pour laver la honte de la famille. La jeune femme vivait seule en Turquie contre l’avis de sa famille, qui rejetait aussi sa relation avec son fiancé. 

Les sanctions trop faibles concernant ces crimes, estiment les organisations de défense des droits des femmes.

« Cet article permet à des meurtriers de tuer des femmes sous le prétexte du crime d’honneur, et ils peuvent être relâchés après six mois, c’est tout », dit Tamara Alaa, l'une des militantes présentes.

La peine maximale encourue est de trois ans. Ali el-Jouraïssi est avocat. Il milite aux côtés de cette organisation pour faire changer la loi : « Je demande que cette peine soit étendue ou qu'elle soit remplacée par celle prévue par l'article 406 qui concerne les meurtres avec préméditation et peut aller jusqu'à 15 ans de prison, voire plus. »

Selon Ala Talabani, parlementaire kurde et militante pour le droit des femmes, il s’agirait aujourd’hui, moins de punir que de protéger les femmes en amont.

Un projet de loi est à l’étude au Parlement, pour proposer des solutions d’hébergements d’urgence, notamment. Mais le texte n’a pas encore le soutien nécessaire.

La députée estime qu’il est difficile de faire changer les mentalités de la société irakienne, toujours structurée par un système tribal.