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Iran: «Les ayatollahs conservateurs sont inquiets des suites de cette révolution»

Il est l'une des grandes figures de l'islam chiite en Iran, un conservateur, un soutien du Guide suprême Ali Khamenei. Et pourtant, l'ayatollah Nasser Makarem Chirazi a critiqué ce vendredi 27 janvier la politique du gouvernement à l'égard des femmes.

« Je ne considère pas que la violence et la pression soient efficaces sur la question du hijab », a déclaré Nasser Makarem Chirazi lors d'un entretien avec un ministre. Des propos qui ne sont pas les premiers du genre. Nasser Makarem Chirazi, comme d'autres ayatollahs conservateurs, ont déjà critiqué le gouvernement pour sa gestion de la crise actuelle.

Mais pour la sociologue Azadeh Kian, professeure de sociologie à l'université Paris-Cité, ces propos soulignent tout de même une inquiétude réelle au sein du camp conservateur.

« Je pense que la peur a changé de camp et que les ayatollahs conservateurs sont absolument inquiets des suites de cette révolution, analyse-t-elle au micro de Guilhem Delteil, du service international de RFI. L’ayatollah Javadi-Amoli, par exemple, a critiqué l’autre jour publiquement le gouvernement et a même dévoilé le fait qu’un certain nombre des personnes qui font partie de ce gouvernement, et qui sont proches du pouvoir, sont en train de faire sortir leurs capitaux d’Iran, et vont partir si la révolte prend de l’ampleur. Et il disait : "Et nous, religieux, nous ayatollahs, nous, on n’a nulle part où aller". Ça montre l’inquiétude de plus en plus grande des ayatollahs concernant la situation actuelle ; et ils (en) rendent responsable le gouvernement, c’est-à-dire qu’ils ne critiquent pas les manifestants, ils ne critiquent pas les femmes, mais ils critiquent surtout le gouvernement et les politiques répressives du gouvernement. »

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Un défi pour le pouvoir

Les autorités iraniennes ont exécuté 55 personnes jusqu'ici en 2023, a indiqué ce 27 janvier l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, ajoutant que le recours croissant à la peine de mort visait à répandre la « terreur » dans le pays secoué par des manifestations. Au moins 107 personnes risquent toujours d'être exécutées en raison des manifestations, a ajouté IHR. De son côté, Amnesty International a affirmé que trois jeunes condamnés à mort pour avoir manifesté, dont le plus jeune n'a que 18 ans, avaient été soumis en prison à des « tortures épouvantables ».

1. At least 488 people including 64 children and 39 women, have been killed by security forces in the current nationwide protests. At least 107 protesters are currently at risk of execution, death penalty charges or sentences.#StopExecutionsInIran pic.twitter.com/FFEqebje2B

— Iran Human Rights (IHR NGO) (@IHRights) January 27, 2023

Des militants ont accusé l'Iran d'utiliser la peine de mort comme un instrument d'intimidation pour réprimer les manifestations ininterrompues depuis le 16 septembre, après la mort en détention de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée trois jours auparavant pour infraction au code vestimentaire pour les femmes. Des milliers de manifestants ont été arrêtés.

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Aux yeux du responsable des droits de l'homme des Nations unies, Volker Türk, l'« instrumentalisation des procédures pénales » par l'Iran pour punir les manifestants « équivaut à un meurtre approuvé par l'État ».

Selon des experts, les manifestations ont diminué depuis novembre, mais le mouvement de contestation reste un défi pour la République islamique et son Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Stand up for women in Afghanistan.
Stand up for women in Colombia.
Stand up for women in the U.S.
Stand up for women in Iran.

Stand up for women,


everywhere. pic.twitter.com/2uuSPgZQN0

— Amnesty International (@amnesty) January 25, 2023

(et avec AFP)