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Jour de vote au Chili: les électeurs se prononcent pour ou contre la nouvelle Constitution

Ce dimanche les Chiliens votent pour dire s’ils approuvent, ou non, le texte de la nouvelle Constitution écrite par une assemblée élue, paritaire -c’est une première mondiale, et avec la participation des peuples indigènes. Le texte a été largement débattu et le débat très polarisé. 

Parité et droits sociaux garantis, reconnaissance d’un état plurinational ou encore régionalisation, sont quelques-unes des propositions de ce texte jugé progressiste voire novateur par des observateurs internationaux. Mais au Chili, il est loin de faire l’unanimité et il divise la population, rappelle notre correspondante, Naïla Deroisné. Les sondages prédisent d’ailleurs un rejet du projet de Constitution.

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Que de passera-t-il en cas de rejet du texte ?

En cas de « rechazo », le Chili conserverait la Constitution actuelle ce qui compliquerait la tâche du gouvernement progressiste de Gabriel Boric qui compte sur la nouvelle loi fondamentale pour mettre en place ses grandes réformes sociales : les impôts, les retraites ou encore la santé. Comme le souligne Luis Garrido Vergara, docteur en sociologie, la réforme de la fiscalité -qui avait été l'un des grands thèmes de campagne de Gabriel Boric-, serait alors compliquée, car elle « implique de profonds changements sur le plan économique et donc de composer avec les règles de la Constitution actuelle ». Une Constitution très libérale héritée de la dictature d'Augusto Pinochet.

Face à ce scénario du refus, le président chilien a d’ores et déjà annoncé que si le texte est rejeté, le processus constitutionnel doit se poursuivre car il existe néanmoins un consensus au sein de la population pour mettre fin à la Constitution de la dictature : les Chiliens l'ont exprimé lors du premier référendum d’octobre 2020. Mais dans les faits ce n’est pas si simple : ce serait au Parlement de prendre la décision, et il n’est pas garanti que la droite conservatrice donne son accord pour lancer la rédaction d’une autre Constitution. « Au sein même du camp qui rejette la nouvelle Constitution, le centre-gauche essayerait de promouvoir un nouveau processus constitutionnel alors que la droite plus conservatrice voudrait simplement réformer la Constitution actuelle », poursuit Luis Garrido Vergara.

Enfin, si c’est le « rechazo » qui gagne, certains craignent un retour en puissance des protestations, surtout venant du monde étudiant, largement favorable à la nouvelle Constitution. « Nous sommes dans une situation avec une grande polarisation sociale, où il est possible qu’on ait des manifestations et des grèves si le "rechazo" gagne. Car pour une partie de la population le rejet de la nouvelle Constitution est synonyme de conflit social », prédit le sociologue.

Et en cas d'approbation ? 

En cas d'approbation de la nouvelle loi fondamentale, le président Boric pourra s’appuyer sur le nouveau texte pour mener à bien ses réformes. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain car sa mise en place pourrait durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Et il faudra appliquer des normes transitoires qui permettront de faire le pont entre la Constitution actuelle et la nouvelle et pour ce faire, le gouvernement devra négocier avec les différents partis au parlement.

Enfin, quel que soit le résultat, Gabriel Boric aura la lourde tâche au lendemain du vote de rassembler un pays déjà divisé et au sein duquel une certaine forme de lassitude commence à se faire sentir.