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L'Ukraine commémore les 90 ans de l'Holodomor, la grande famine causée par Staline

L’Ukraine commémore samedi 26 novembre l’Holodomor, la grande famine de 1932-1933 provoquée par le régime stalinien. Selon les historiens, 15% de la population ukrainienne est morte durant cet épisode marquant en Ukraine et qui a acquis une résonance toute particulière depuis l'invasion russe.

Entre 3 et 6 millions de personnes auraient été victimes de cette grande famine organisée par le régime stalinien dans le sud de l'Empire soviétique, du Kazakhstan à l’Ukraine, en passant par la Russie et les régions cosaques

En Ukraine, cette famine a été baptisée « Holodomor », qui signifie littéralement extermination par la faim. Depuis plusieurs années, Kiev fait campagne pour que l'Holodomor soit reconnu comme un génocide. Et cette année, cet épisode tragique résonne douloureusement depuis l'invasion russe.

Mais l'Empire soviétique et la Russie sont deux réalités différentes, rappelle l'historien Éric Aunoble, spécialiste de l'Ukraine et du communisme à l'université de Genève, interrogé par Juliette Gheerbrant du service international de RFI. « C’est un terme apparu dans la diaspora ukrainienne en Amérique du Nord dans les années 1970-80, et qui est assez marqué par les débats de l’époque sous la présidence de Ronald Reagan, avec la nouvelle guerre froide, la dénonciation de l’URSS comme ‘’empire du mal’’, etc. Et ce discours est repris en Ukraine à l’indépendance. Mais, encore une fois, la famine de 1933, on peut en accuser Joseph Staline et son régime, mais la Russie en tant qu’État national n’existait pas à l’époque. C’est là où il y a une espèce de réinterprétation perpétuelle de l’Histoire, on interprète les actions de la Russie contemporaine comme étant une poursuite des actions de l’URSS, ce qui n’a quand même guère de fondement, d’autant plus, d’ailleurs, vu l’idéologie de Vladimir Poutine, qui ne perd pas une occasion d’expliquer à quel point la période soviétique a été mauvaise pour la Russie ». 

Craintes d'un renversement en Ukraine soviétique 

La Russie réfute d'ailleurs catégoriquement le terme de génocide, avançant que la grande famine qui a sévi en Union soviétique n'a pas seulement fait des victimes ukrainiennes, mais aussi russes, kazakhes, allemandes de la Volga et des membres d'autres peuples du sud de l'Empire soviétique. Mais en Ukraine, par crainte de révolte, Staline a empêché la population de circuler pour trouver de quoi se nourrir ailleurs, aggravant le bilan. 

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« La famine n’est pas spécifique à l’Ukraine, ce qui est spécifique, c'est la peur d’une déstabilisation politique causée par la famine. On a des courriers de Staline disant qu’il pense qu’à cause de la proximité de la Pologne, le pouvoir polonais en profiterait pour essayer, avec l’aide de nationalistes ukrainiens, de renverser le pouvoir en Ukraine soviétique. C’est pour cette raison que le pouvoir veut absolument éviter que les affamés se répandent dans d’autres régions, alors que dans le nord du Kazakhstan, dans le bassin de la Volga et même au Kouban, les affamés ont eu la possibilité de se déplacer. Il y a eu des millions de morts, mais ceux qui arrivaient à sortir des zones de famine étaient sauvés, alors qu’en Ukraine, on les a maintenus sur place par des cordons de police », explique Éric Aunoble.

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(Avec AFP)