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La famille de Molly Russel veut faire reconnaître la responsabilité des réseaux sociaux dans sa mort

Au Royaume-Uni, un tribunal se penche sur l’affaire Molly Russell, du nom d’une adolescente de 14 ans qui s’est suicidée en novembre 2017. La famille de Molly veut que la responsabilité des réseaux sociaux soit reconnue.

De notre correspondante à Londres

Comme toutes les adolescentes de son âge, Molly utilisait beaucoup les réseaux sociaux, principalement Instagram et Pinterest – Twitter, dans une moindre mesure. Selon sa famille, la jeune fille était assez discrète, peu expansive, et ses parents n’avaient pas remarqué que son mal-être était aussi profond. 

Après son décès, Ian Russell s’est plongé dans les comptes de sa fille. Et a découvert un monde numérique extrêmement sombre. Sur les fils d’actualités de Molly, des dizaines de posts glorifiant l’automutilation, la dépression, le suicide, parfois des dessins très créatifs et très attirants. Selon son père, Molly était bombardée quotidiennement de messages qui minaient sa confiance en elle et son image d’elle-même, elle interagissait même avec ces posts. 

Molly était une utilisatrice active de Pinterest

Ian Russell dénonce la modération imparfaite des réseaux sociaux, qui, selon lui, a permis à sa fille de consulter des contenus dangereux, voire explicites. Contenus qui ont enfermé Molly, un peu plus encore, dans la spirale dans laquelle elle était tombée. 

Ian Russell réclame plus de modération, plus de règlementation de la part des géants du numérique : il fait campagne depuis cinq ans pour cela. Mais ce qui se tient en ce moment au tribunal de Barnet, au nord de Londres, n’est pas exactement un procès, c’est une enquête : le but est de répondre aux questions « comment, pourquoi ? » plutôt que « à cause de qui ? ». Il n’y a pas de verdict à la fin, mais une « déclaration de faits ».

Avec cette enquête, donc, Ian Russell sait qu’il n’obtiendra pas de condamnations de Pinterest et Instagram, mais il espère que la « version officielle » stipulera que l’utilisation des réseaux par Molly a joué un rôle dans sa mort pour qu’ensuite, ces réseaux agissent et fassent de l’internet britannique un lieu numérique plus sûr. 

Témoignage des réseaux sociaux devant la justice

Un porte-parole de Pinterest a témoigné devant le tribunal et admis qu’à l’époque, Pinterest n’était pas un endroit sûr pour une adolescente. À partir de 2016, pour utiliser ce réseau social, il fallait accepter les conditions d’utilisation qui spécifiaient que les utilisateurs pouvaient tomber sur des contenus « inappropriés pour les enfants ». Sans vérifier l’âge desdits utilisateurs.  

Quant à Instagram, un représentant de Meta (la maison mère) doit témoigner dans la semaine. Mais le groupe a déjà expliqué avoir pris des mesures depuis 2017 (l’interdiction de contenus explicites quant à l’automutilation, un retrait proactif des posts dangereux). C’est trop peu pour Ian Russell : en ouverture de l’audience, le père de Molly a raconté être retourné sur les réseaux de sa fille et avoir plongé dans un « ghetto », rendu inexpugnable par des algorithmes. 

► À écouter aussi : Jeunes: les réseaux sociaux rendent-ils plus forts ou plus vulnérables ?