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Le groupe Wagner revendique le recrutement d'un jeune Zambien mort en Ukraine

Lemekhani Nathan Nyirenda aurait bénéficié du marché proposé par Evguéni  Prigogine depuis plusieurs mois en Russie : la sortie de prison contre un engagement dans le conflit en Ukraine.

De notre envoyée spéciale, 

Lemekhani Nathan Nyirenda, 23 ans, avait entamé une peine de prison dans la banlieue de Moscou. Selon le ministère zambien des Affaires étrangères, qui avait demandé le 14 novembre dernier des explications officielles à la Russie, le jeune homme est « décédé le 22 septembre 2022 en Ukraine ». La réponse russe à la demande des autorités zambiennes était d'abord restée très vague. « Nous sommes en train d'éclaircir cette question (...), d'éclaircir bien évidemment toutes les circonstances », avait déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.

Deux semaines plus tard, le patron du groupe paramilitaire Wagner donne des détails sur ce qui serait arrivé au jeune étudiant, via son moyen de communication favori : sa chaîne Telegram. Ce jeune qui purgeait une peine de neuf ans de prison, Evguéni Prigogine dit l'avoir rencontré « dans la région de Tver », à quelques centaines de kilomètres de Moscou. « Je me souviens bien de ce type, écrit-il. Je lui ai posé une question : "Pourquoi voulez-vous combattre ? Après tout, les chances de mourir sont assez élevées"». D'après le patron de Wagner, la réponse a été :« Vous, les Russes, vous nous avez aidés, nous Africains, à accéder à l'indépendance. C'est le minimum que je puisse faire pour payer notre dette ». Ce dialogue rapporté est dans la droite ligne de la diplomatie russe qui dénonce « un néocolonialisme occidental ».

Chute vertigineuse de la population carcérale

Sans aucun feu vert officiel, le groupe Wagner recrute depuis cet été directement dans les prisons russes. Il y a un peu plus d'un an, un scandale avait secoué la Russie après la publication de vidéos de tabassage, de tortures et de viols derrière les barreaux. Plusieurs responsables avaient été limogés, dont le directeur de l’administration pénitentiaire.

 À lire aussi : Guerre en Ukraine: comment le groupe Wagner recrute dans les prisons russes

Une enquête rendue publique dimanche 20 novembre du média en ligne Mediazona note qu’en deux mois, le nombre d’hommes dans les prisons russes a diminué de 23 000 personnes, sur un total de 349 000 en août. Cette baisse brusque et brutale est « officielle », dit le journal Mediazona. Ce média classé « agent de l’étranger » indique que ce sont les chiffres de l’administration pénitentiaire. Ils concernent les détenus sous tous les types régimes de privation de liberté, de « général » à « strict ».

La baisse concerne uniquement les condamnés ; rien n’a particulièrement changé pour la détention provisoire ou dans les prisons pour femmes. Surtout, ce brusque reflux de la population masculine derrière les barreaux est à comparer avec ceux dus à des événements exceptionnels.

C’est le cas de l’amnistie du printemps 2015, décidée à l’occasion des 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale : 15 000 prisonniers ont été libérés. Ou celui de la période de la première vague de Covid-19 en 2020, lorsqu’il y a eu beaucoup moins de condamnations par les tribunaux : 17 000 personnes derrière les barreaux en moins.

Recrutement pour combattre en Ukraine

Rien de tout cela en 2022. Seule explication avancée par Mediazona : le recrutement des condamnés pour le front. Mais, en dehors de ces chiffres de baisse de la population carcérale, aucune information officielle n’est disponible : elles sont toutes « classifiées », y compris pour les familles de détenus.

Wagner promet de son côté la grâce pour un prisonnier après six mois de combat. Or, en Russie, toute grâce dépend d’un décret du président. En octobre dernier, les membres du Conseil de la Fédération, Andrei Klishas et Olga Kovitidi, ont rédigé un projet de loi sur la grâce pour les prisonniers qui participent aux hostilités, mais il n’est aujourd’hui pas prévu de le faire discuter par les parlementaires.