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Les astéroïdes: quel danger pour la Terre?

Ces gros rochers errants dans le système solaire suscitent beaucoup d’intérêt auprès des scientifiques et des amoureux de l’astronomie. Étudier la composition des astéroïdes et leurs mouvements peut donner de nombreuses réponses quant à l’origine de l’univers, mais permet aussi de se prémunir d’une chute qui représenterait une grande menace pour l’humanité.

Qu’est-ce qu’un astéroïde ?

Les astéroïdes sont des rochers plus ou moins gros qui se situent principalement entre Mars et Jupiter. Mais une quantité non négligeable croise l’orbite terrestre, on les appelle les « géocroiseurs ». Ce sont ces astéroïdes qui ont la possibilité d’entrer en collision avec notre planète. Même si les risques de collision sont très faibles, ils sont bien réels. Les scientifiques sont quasiment unanimes sur la théorie de la disparition des dinosaures. Il y a 66 millions d'années, un astéroïde d’environ 12 kilomètres de diamètre est tombé près de la ville de Chicxulub, au Mexique, provoquant un amas de poussière et de suie. L’atmosphère terrestre s’étant refroidie considérablement, les dinosaures n’ont pas pu survivre.

Illustration du cratère du Chicxulub, peu après sa formation. Ce cratère s'est formé il y a 66 millions d'années, au large de l'actuel Mexique, suite à l'impact d'un astéroïde de 10 à 14 kilomètres de diamètre. On pense généralement que l'astéroïde a provoqué l'extinction des dinosaures et d'autres espèces à cette époque.
Illustration du cratère du Chicxulub, peu après sa formation. Ce cratère s'est formé il y a 66 millions d'années, au large de l'actuel Mexique, suite à l'impact d'un astéroïde de 10 à 14 kilomètres de diamètre. On pense généralement que l'astéroïde a provoqué l'extinction des dinosaures et d'autres espèces à cette époque. © GettyImages/Mark Garlick/Science Photo Library

Le danger du ciel

Conscientes du danger qu’une telle collision représenterait pour l’humanité, les agences spatiales (notamment la Nasa et l’agence européenne ESA) surveillent étroitement ces corps célestes de grande taille et en découvrent souvent les nouveaux jamais observés auparavant. Certaines trajectoires sont surveillées de très près pour éventuellement anticiper une collision. Les spécialistes pointent du doigt notamment l’astéroïde Apophis qui frôlera la Terre de très près en 2029, ou encore l'astéroïde Bennu. Pour l’instant, leurs trajectoires ne semblent pas très inquiétantes, mais différents critères comme la gravité des planètes peut modifier leur orbite et les conduire tout droit sur nous. Depuis 2004, année de la découverte d’Apophis, les astronomes ont constaté que son orbite se rapproche petit à petit de l’orbite terrestre. Même si la Nasa assure qu’il n’y pas de danger qu'Apophis nous tombe du ciel, l’inquiétude est réelle : l'astéroïde mesure 350 mètres et pèse environ 27 millions de tonnes. En 2021, il est déjà passé à proximité de la Terre, se rapprochant à 17 millions de kilomètres de notre planète (44 fois la distance Terre-Lune). Lors de ce passage, il ne représentait pas une menace. En revanche, son approche en 2029 sera presque visible à l’œil nu : Apophis frôlera la Terre à seulement 32 000 kilomètres. C’est un dixième de la distance entre notre planète et la Lune. Ce gros rocher passera donc entre la Terre et certains satellites géostationnaires !

Mission : préparer la défense

Depuis quelques années, les scientifiques de la Nasa et ceux d'ESA travaillent sur des solutions à envisager si, dans un avenir plus ou moins proche, un astéroïde géocroiseur représentait un risque pour l’humanité. Les observations constantes et les technologies modernes (télescopes puissants, satellites, ordinateurs qui permettent des calculs précis…) permettent de prédire les orbites des astéroïdes les plus dangereux. En cas de risque avéré, les agences spatiales devront être en mesure d’élaborer les meilleures solutions pour anticiper et éviter un potentiel danger pour la planète.

Parmi les solutions imaginées, une semble donner des résultats probants avec la récente mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la Nasa. Il s’agit surtout d’anticiper et d’améliorer des modèles physiques afin d’être prêts en cas de besoin.

Conçue en 2017, la mission DART vise à atteindre un astéroïde avec un vaisseau pour essayer de changer sa trajectoire. Grâce à la fusée Falcon 9, la sonde DART décolle en novembre 2021. Destination : Dimorphos, un astéroïde d’environ 160 mètres de diamètre et qui se déplace à une vitesse de 6,6 km/s. Dix mois plus tard, le 26 septembre 2022, la sonde DART a parcouru presque 11 millions de kilomètres et, de tout son poids (610 kilogrammes), percute Dimorphos avec une vitesse de 34 000 km/h. Un scénario digne du film Armageddon, mais sans un équipage humain : provoquer l’impact qui va dévier le rocher de son orbite. Car l’objectif de la mission est de mettre au point une technique qui permet d’éviter la collision d’un gros astéroïde qui, un jour, menacerait de frapper la Terre. Une fois que la sonde DART a touché l’astéroïde, dont les images filmées sont impressionnantes, plusieurs jours après, c’est le suspense absolu. Il faut attendre que les informations parviennent pour savoir si l'opération est une réussite ou un échec. Puis, le 12 octobre 2022, la Nasa annonce que la mission a été plus qu’une réussite. En effet, le vaisseau devait dévier la trajectoire de l’astéroïde de 11 minutes, mais le résultat a montré quasiment le triple : 32 minutes, ce qui représente une déviation très importante de son orbite. En clair, si cet objet grand comme la moitié de la tour Eiffel se dirigeait vers la Terre, sa trajectoire serait tenue à une bonne distance de sécurité pour nous ! Il s'agit d’« un moment décisif pour la défense planétaire et pour l'humanité », s’est félicité le chef de la Nasa, Bill Nelson lors de la conférence de presse.

La Nasa confirme que l'impact de la mission DART a modifié le mouvement de l'astéroïde dans l'espace.
La Nasa confirme que l'impact de la mission DART a modifié le mouvement de l'astéroïde dans l'espace. © NASA/ESA/STScI/Hubble

Mais les recherches ne s’arrêtent pas là. L’Agence spatiale européenne doit lancer dans quelques années la mission HERA, dont le but est de calculer et prospecter tous les changements d’orbite de Dimorphos et de son grand compagnon, Didymos, un autre astéroïde.

Ces derniers résultats sont rassurants, car il existe plus de 1 300 000 astéroïdes recensés de toutes tailles et on connaît aujourd’hui environ 30 000 géocroiseurs qui ont un diamètre de plus d’un kilomètre. Et aucun ne risque de nous tomber sur la tête dans les cent prochaines années. Mais le problème ne vient pas des astéroïdes de grande taille. Seulement 40% des petits astéroïdes de plus de 140 mètres de diamètre sont repérés. Les autres sont parfois invisibles ou repérés au dernier moment, souvent trop tard pour lancer une telle mission comme DART alors qu’un caillou de cette taille peut dévaster une région entière, voire un pays. D’où l’importance du développement de télescopes et de systèmes de surveillance permanent du ciel.

Quels autres intérêts scientifiques ?

À part empêcher une catastrophe, étudier des astéroïdes sert surtout à comprendre la formation du système solaire. L’une des premières missions de ce genre est Rosetta, lancée par une fusée Ariane 5, le 2 mars 2004 en direction de la comète Tchourioumov-Guérassimenko, dite Tchouri. Pendant son périple, la sonde croise en juillet 2010 l’astéroïde Lutèce, puis réussit à faire poser l’atterrisseur Philae sur la comète. Ce petit engin récolte des informations précieuses sur la structure et la composition de Tchouri. Depuis, d’autres missions ciblent les astéroïdes carbonés, considérés comme des témoins de la formation de notre galaxie, mais également des débuts de la vie sur Terre, que les astéroïdes pourraient avoir apportée.

Étudier les corps célestes présente évidemment de nombreux intérêts scientifiques, en particulier les astéroïdes, qui sont à l’origine de la multiplication des missions spatiales. D'autant plus que leur coût n’est pas très élevé par rapport aux missions habitées vers l’ISS ou le prochain retour de l’homme sur la Lune. L’évolution très rapide des technologies permet ainsi d’envisager des missions d’exploration encore plus lointaines vers d’autres astéroïdes ou encore des comètes.

Finalement, la probabilité de voir un gros astéroïde mettre en danger notre humanité est plutôt faible, mais elle n'est pas à exclure complètement. Grâce aux technologies actuelles, l’homme dispose d'outils qui peuvent servir à prévenir ou bien empêcher une collision. Mais nous ne sommes jamais à l’abri d’un objet qui passerait sans être détecté par des systèmes d’observation. D’où l’intérêt de renforcer la coopération internationale sur ce champ d’action afin de développer des actions adéquates et efficaces si, un jour, nous sommes confrontés à un tel problème et qu’il faut agir en urgence.