Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Les manifestations de soutien aux femmes iraniennes se multiplient dans le monde

Depuis la mort le 16 septembre de Masha Amini après son arrestation le 16 septembre, les protestataires iraniens ne cessent de descendre dans la rue crier leur colère. Des manifestations de soutien se sont multipliées ce week-end dans le monde, des Amériques à l'Europe en passant par l'Irak, voisin de l'Iran. 

À Montréal, un vaste rassemblement de plusieurs milliers de Canadiens d'origine iranienne a eu lieu samedi 24 septembre au soir en soutien à la révolte populaire de leur pays. Entre peur et espoir, les manifestants étaient là pour montrer leur soutien à la population iranienne, alors que beaucoup d’entre eux ont des amis et de la famille là-bas.

C’est le cas d’Amir Naim, 52 ans. L’agent immobilier, qui est arrivé au Canada il y a une trentaine d’années, n’a pas de nouvelles de ses proches. « Nous avons essayé de communiquer avec nos amis et notre famille dans le pays, malheureusement, avec la fermeture d'Internet, c’est devenu quasiment impossible », témoigne-t-il auprès de notre correspondant à Montréal, Léopold Picot

Amir considère que le pouvoir iranien commet une erreur en empêchant ses citoyens d’accéder aux informations. « À mon avis, cela ne fera que creuser le fossé entre les gens et le pouvoir iranien. Le gouvernement doit écouter les demandes légitimes des manifestants. La transparence, un agenda précis sur les réponses concrètes à apporter, c’est essentiel », détaille-t-il.

« Femme, vie, liberté ! »

Dans la foule, des slogans étaient scandés, comme « Femme, vie, liberté ! » S’il peut paraître vain de se rassembler à Montréal, à des milliers de kilomètres de manifestations sanglantes dans un pays coupé d’internet, Amir est convaincu de l’importance de se réunir et de montrer un soutien solide au peuple iranien. « Il faut que les gens soient proactifs et rejoignent ces rassemblements. Je suis très heureux de voir tout ce monde apporter ses propres pancartes, ses propres slogans et se joindre à la manifestation, en mettant de côté nos différences. Il faut être unis, parler d’une seule voix, et être très clair sur le message que nous adressons au peuple iranien, contre toute source de brutalité et d'injustice. »

► À lire aussi : Iran: derrière la mort de Mahsa Amini, le soulèvement d'un peuple

Pour lui, la mesure principale à mettre en œuvre est de dissoudre la police des mœurs qui sévit en Iran : « La police des mœurs n'a pas sa place dans la société. Elle n’a absolument pas à imposer sa vision de la religion à toute la société. »

Un rassemblement a également eu lieu le 21 septembre devant les locaux du média public Radio-Canada. Les manifestants canadiens demandaient de couvrir plus intensément ce qu’il se passe en Iran. Un grand nombre espèrent pousser le gouvernement canadien à inscrire le régime iranien sur la liste des entités terroristes, ce qui permettrait de bloquer les avoirs de responsables iraniens.

Loin de s’avancer autant, la Chambre des communes a adopté à Ottawa le 21 septembre une motion offrant ses condoléances à la famille de Masha Amini et réaffirmant sa solidarité envers les femmes d’Iran. Une mesure symbolique pour les manifestants. D’autres rassemblements sont prévus la semaine prochaine en soutien à l’Iran, et Amir a d’ores et déjà prévu d’en être.

► À écouter aussi : Mahsa Amini, symbole de l'oppression des femmes en Iran

Dans le Kurdistan irakien, région frontalière de l'Iran, le décès de Masha Amini a également attisé un vent de contestation. À Erbil, capitale de cette région au carrefour des échanges entre Kurdistan d'Irak et Kurdistan d'Iran, quelques centaines de manifestants se sont rassemblés samedi, portant des portraits de la jeune Iranienne et où on pouvait entendre des chants hostiles au régime iranien. 

Des manifestations de soutien ont aussi été organisées devant la Maison Blanche à Washington ou encore à Santiago du Chili. Les capitales européennes ont également répondu présentes, de Londres à Stockholm, en passant par Londres ou Athènes. Partout les mêmes scènes, des appels à la liberté et des femmes qui coupent leurs cheveux en hommage à Mahsa Amini. 

Gaz lacrymogènes à Paris

En France, une deuxième manifestation consécutive en deux jours a eu lieu à Paris. Parti de la place du Trocadéro, le cortège parisien s'est dirigé vers l'ambassade d'Iran au son des mêmes slogans qu'en Iran, ou encore « France, ça suffit le silence ». La police a fait usage dimanche de gaz lacrymogènes pour empêcher des milliers de manifestants d'atteindre l'ambassade de la République islamique. La préfecture de police de Paris a fait état de « 4 000 personnes » rassemblées place d'Iéna, près du siège de l'ambassade.

Les participants ont reproché notamment au président français Emmanuel Macron d'avoir serré la main de son homologue iranien Ebrahim Raïssi lors de leur rencontre le 20 septembre en marge de l'assemblée générale des Nations unies à New York, portant notamment sur une relance de l'accord international sur le programme nucléaire de Téhéran.

De son côté, le pouvoir iranien a menacé dimanche de ne faire preuve d'« aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants après dix jours de protestations qui ont coûté la vie à 41 personnes, selon un bilan officiel. Mais le bilan pourrait être plus lourd, l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, faisant état d'au moins 57 manifestants tués. Téhéran accuse les Etats-Unis « de s'ingérer dans les affaires iraniennes (...) et de soutenir les émeutiers de manière provocative. »

(Avec AFP)