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Madagascar: arrestation d'un militant important après des accusations sur Facebook

Un opposant a été placé sous mandat de dépôt, ce week-end, après avoir ouvertement accusé sur les réseaux sociaux trois hommes, dont un député, un policier et un opérateur économique français, de fournir en munitions des groupes armés qui sèment la terreur en brousse. En attendant leur procès, tous ont été placés sous les verrous. Un climat qui, à un an de l’élection présidentielle, n’augure rien de bon pour la suite. La société civile note déjà une réduction de l’espace civique.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

Huit mois après sa condamnation pour diffamation, outrage à l’État et diffusion de fausses nouvelles, l’opposant politique Mahery Lanto Manandafy, encore sursitaire, vient d’être jeté en prison. À quelques pas de l’entrée de la maison d’arrêt, son épouse raconte : « Il a voulu dénoncer un réseau mafieux du côté d’Antsalova qui finance des balles pour les dahalos, les voleurs de zébus. La semaine passée, il a donc décidé de sortir la liste des gens impliqués et immédiatement, la personne qu’il a dénoncée a porté plainte contre lui. »

Une plainte sans procès qui lui vaut un détour par la case prison. De quoi donner un peu plus raison encore aux indicateurs internationaux qui pointent du doigt la piètre qualité de l’espace civique malgache.

Augmentation de la répression

« C’est un fait, ce n’est pas une perception. Les répressions ont augmenté d’un cran parce que les élections approchent, la communication politique augmente de jour en jour. » Hery Rason, est directeur exécutif de l'ONG Ivorary qui milite entre autres pour une gouvernance intègre. « En tant que société civile, j’aimerais qu’on ne fasse pas deux poids deux mesures, et qu’on applique les mêmes règles pour tout le monde. Il n’y a pas d’égalité de traitement aujourd’hui dans l’application de la loi sur la cybercriminalité entre ceux qui soutiennent le pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition. On devrait aussi punir les comptes fake pro-pouvoir, qui polluent les réseaux sociaux, qui sont pro-pouvoir. »

Hery Rason regrette aujourd’hui un usage excessif de la notion d’atteinte à la sureté de l’État, mais aussi la mauvaise utilisation de cette fameuse loi sur la cybercriminalité. Mais face aux atteintes visibles à la liberté d’expression, il déplore également une tendance inverse : l’abus de liberté sauvage. Tout dire, tout publier, tout reposter, sans vérification ni questionnement quant à la possibilité de diffamer.

►À lire aussi : À Madagascar, le long combat de la société civile pour une loi protégeant les lanceurs d’alerte