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Madagascar: une charte d'intégrité proposée au secteur privé à l'approche des campagnes électorales

A Madagascar, l'élection présidentielle, entre autres scrutins, doit se tenir fin 2023. D'ici là, les entreprises peuvent être sollicitées par les acteurs politiques en vue d'une contribution à leurs fonds de campagne. Une pratique légale, mais qui mérite d'être encadrée avec une plus grande transparence, estime notamment la branche de Transparency International à Madagascar, qui a présenté une charte d'intégrité hier, vendredi, à Antananarivo.

avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain

Le point de départ de cette charte : des études menées depuis 2021 sur l'opacité des financements électoraux dans la Grande Ile. Une opacité qui conduit à une forme de capture de l'État par des intérêts privés, nous explique la directrice exécutive de Transparency International à Madagascar, Ketakandriana Rafitoson

« Parmi nos conclusions figure le fait qu'à Madagascar il y a des investisseurs privés ou des opérateurs économiques qui financent certains candidats aux élections et qui par la suite exigent des contreparties qui peuvent nuire à l'intérêt général, puisqu'au bout du compte ce sont ces sponsors de nos politiciens qui finissent par gérer les affaires du pays. Donc on ne veut pas que ce schéma se répète dans le futur.(...) Même si la loi autorise le fait qu'une société puisse aider financièrement un politicien, on aimerait quand même savoir combien une société va investir dans le politicien, pour quelles contreparties et pourquoi un politicien s'intéresse à une société en particulier. Le public, les électeurs sont en droit de savoir. »

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Avec cette charte, qui comprend dix exigences, les entreprises s'engagent notamment à communiquer leurs collaborations avec les candidats, à signaler les tentatives de pressions et d'intimidations dont elles seraient victimes ou encore à adopter une politique claire de limitation des financements aux partis. Un sujet sensible, mais l'initiative est positive, estime cette entrepreneuse qui souhaite rester anonyme.

« Les entreprises sont sous pression depuis très longtemps. Face à tout ce qui est politique, nous ne faisons que subir. Je ne pense pas que le rôle d'une entreprise soit de porter la voix d'un parti politique. La vocation première d'une entreprise est de faire du profit et si une entreprise appuie un candidat, ce n'est pas par hasard. Il y a toujours une contrepartie et c'est injuste pour le pays, injuste pour l'entreprise elle-même et injuste pour la population. »

Les entreprises signataires bénéficieront d'un suivi mené par un comité mixte composé d'organisations de la société civile et d'institutions étatiques.

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