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Manifestations anti-Covid: Pékin persiste dans ses mesures et dénonce des «forces» malveillantes

À Pékin et Shanghai, le calme est revenu lundi 28 novembre, et le régime communiste met en place sa riposte. Pour le pouvoir central, il n'y a aucun lien entre les manifestations spontanées observées dans plusieurs villes et les mesures sanitaires «zéro Covid» en place depuis près de trois ans.

Ce lundi, pas un mot ou presque sur les manifestations de la veille dans les journaux chinois, rapporte notre correspondant à Pékin Stéphane Lagarde. Même attitude observée chez le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. La diplomatie chinoise laisse simplement entendre, comme les autorités de la capitale du Xinjiang ce week-end, qu’il n’y a aucun lien entre les mesures sanitaires zéro-Covid et l’incendie d’Urumqi, qui a fait dix victimes jeudi dernier. Pékin a renouvelé sa confiance quant à la « réussite » de son modèle sanitaire. 

Et ceux qui pensent le contraire, dit la diplomatie chinoise, sont considérés comme des « forces aux motivations cachées », sous-entendu : pour provoquer le désordre dans tout le pays. C’est l’argument classique qui revient à chaque « incident de masse » comme dit l’appareil de sécurité pour évoquer les rassemblements contestataires : les révoltes ou révolutions sont alors qualifiées « d’orange » par le pouvoir chinois, autrement dit de mouvements instrumentalisés par l’étranger. 

Présence policière renforcée

La dernière fois qu’on avait vu de telles manifestations simultanées, c’était il y a plus de trente ans, au moment des protestations étudiantes sur la place Tiananmen en 1989. La présence policière a été renforcée ce lundi matin sur les lieux de la manifestation, dont le long de la rivière Liangma à Pékin. Sécurité également renforcée près d’un pont routier du district d’Haidian, dans le nord de la ville, où avaient été accrochées des bannières contre la politique zéro-Covid et le président chinois, avant le XXe Congrès national du Parti communiste chinois il y a plus d’un mois. Là encore, il y avait des appels au rassemblement, mais la présence policière est très renforcée.

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La situation était beaucoup plus calme également à Shanghai ce lundi matin, rapporte notre correspondant sur place Leo Cirah. Les habitants de la capitale économique chinoise sont, en partie, retournés au travail, et surtout la police a fait une démonstration de force dimanche : la rue Urumqi, où a eu lieu le rassemblement de samedi, est complètement bouclée, fermée sur 500 mètres, et des centaines d’agents de police sont présents. Dimanche, de nombreux manifestants qui essayaient de faire durer le mouvement, ont été arrêtés.

L'hiver risque d'être tendu

Mais ailleurs en Chine, d’autres prennent le relais lors de manifestations sporadiques réunissant parfois quelques étudiants dans une université qui tiennent une feuille blanche, symbolisant la censure qui les empêche d’exprimer leurs critiques.

Et puis les autorités doivent aussi faire face à la désobéissance de plus en plus de Chinois qui refusent de se soumettre au confinement. C’est un mouvement plus difficile à gérer pour les autorités, parce qu’il ne concerne pas seulement la jeunesse éduquée et politisée des villes, mais aussi des catégories de population plus variées. De quoi compliquer l’application de la politique zéro Covid dans les mois qui viennent en Chine, où l’hiver risque d’être tendu.

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C'est juste une feuille blanche, format A4 brandie à bout de bras. Une allégorie qui symbolise la censure et l'absurdité de la répression, par laquelle des manifestants sont embarqués par la police sans avoir exprimé la moindre critique à l'égard du pouvoir. Cette pancarte invisible est apparue un peu partout en Chine au cours des dernières manifestations, à Pékin, Nankin, Shanghai... Et son message a été repris sur les réseaux sociaux par des internautes chinois qui ont fait apparaître un carré blanc en lieu et place de leur photo de profil. 

Formule simple et redoutablement efficace, déjà vue en Russie, dès le milieu des années 2010. La feuille blanche, utilisée par les opposants de Vladimir Poutine pour dénoncer la mainmise grandissante des autorités russes sur la vie publique, a fait son retour à l'occasion des rares protestations contre la guerre en Ukraine. Elle est apparue également à Hong Kong à partir de 2020, après l'adoption de la loi sur la sécurité nationale qui réprime l'utilisation du moindre slogan politique. Cette page vierge est venue défier le gouvernement pour dénoncer ce que les Hongkongais appelaient la terreur blanche : la persécution politique des militants pro-démocratie