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Mayotte: comment lutter contre la précarité, la déscolarisation et l’absence de perspective des jeunes

À Mayotte, la situation reste précaire. En fin de semaine, une dizaine de jeunes se sont introduits dans un lycée de Sada, à l’ouest de l’île, créant un mouvement de panique parmi les élèves. Vendredi, ce sont les bandes rivales de deux villages du sud de Mamoudzou qui se sont affrontées, pour des motifs inconnus. Rivalité entre bandes, manque de perspectives, précarité, immigration massive, les violences sont multifactorielles, mais plusieurs acteurs de terrains et habitants se mobilisent pour que cela change.

Avec notre correspondante à Mamoudzou, Lola Fourmy

Nous sommes à Doujani, un quartier de Mamoudzou, là où un jeune homme a été tué à coups de machette en novembre. Amadi, âgé de 20 ans, raconte comment arrivé des Comores il y a 18 ans, il a suivi toute sa scolarité ici avant de se retrouver bloqué : « J'ai déjà le BTS mais je n’ai pas mes papiers. Alors je ne peux pas me déplacer, je ne peux pas sortir d’ici, c’est la galère... »

Cette année dans la ville de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, quelque 1000 enfants ne sont pas scolarisés faute de place. Pour lutter contre l’oisiveté, et la désociabilisation, l’association Espoir et Réussite a lancé plusieurs actions dans le quartier. « On ne peut pas parler de lutte contre la délinquance alors qu’on n'a même pas encore abordé la question de la prévention, nous explique Ahmed Idam, directeur de l’association. C'est pour ça qu’on a mis en place un dispositif d’accueil des non scolarisés pour qu’ils puissent maintenir un minimum de niveau scolaire. »

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Créer de nouvelles écoles et encadrer les jeunes non scolarisés

Ismaeli rentre du travail. Après avoir vendu de la drogue pendant des années, il a tout arrêté quand son fils est né. Il tente de dissuader les plus jeunes qu’ils voient sombrer : « Quand je parle avec eux, ils me disent : toi t'es bien, t'as un boulot... Alors qu'en fait moi, je suis dans la même situation, mais avec un petit boulot. C’est tellement triste. »

Ici, 60 % de la population a moins de 25 ans. La prise en charge de la jeunesse semble incontournable et urgente. Le maire de Mamoudzou propose de débloquer 400 millions d’euros sur 10 ans pour créer de nouvelles écoles.

L’association Espoir et réussite qui accompagne 100 jeunes avec le dispositif des non-scolarisés, a aussi ouvert un centre social et une maison des parents où ceux-ci peuvent gratuitement venir apprendre la langue. Plusieurs médiateurs œuvrent sur le terrain pour tenter d’apaiser les tensions.

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