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Mort du cinéaste Abdellatif Ben Ammar, l'un des pionniers du 7e art tunisien

Le réalisateur et producteur tunisien Abdellatif Ben Ammar est décédé lundi 6 février à Tunis à l'âgé de 79 ans. Il était un pionnier, un père fondateur du septième art tunisien. Abdellatif Ben Ammar a commencé par des études supérieures en mathématiques avant de se tourner vers le cinéma. Et c'est à Paris à l'IDHEC, l'Institut des Hautes études cinématographiques, actuellement la FEMIS, qu'il a fait ses études. Il a participé à des productions nationales et internationales avant de travailler sur ses propres films. Le ministère de la Culture a regretté « la perte d'une grande figure du cinéma tunisien ».

C'est en obtenant une bourse qu'il a pu faire ses études à Paris. Avant son départ, le ministre de la Culture d'alors, Chedli Klibi, lui dit :  « J'attends beaucoup de toi ».

À son retour au pays, en 1965, il produisait les actualités diffusées, à l'époque, dans les salles de cinéma avant chaque film. Cette expérience lui a permis de visiter toutes les régions de la Tunisie et de côtoyer les habitants et de connaître de près leurs préoccupations à la suite de l'indépendance.

Un recul démocratique apparaissait alors, annonçant les prémices d'un régime totalitaire. 

À ses débuts, Abdellatif Ben Ammar a travaillé avec plusieurs réalisateurs tunisiens et internationaux. Il a pu assister plusieurs grands réalisateurs, tels que Larry Buchanan sur Rebel Jesus, Roberto Rosselini sur Le Messie et Claude Chabrol sur Les Magiciens.

Dans Jesus de Nasareth de Franco Zeffirelli, il occupait le poste de directeur de production.

Une pensée artistique moderne

Son premier long métrage, Une simple histoire, a été sélectionné au Festival de Cannes en 1970, ce qui a permis à la Tunisie d'être présente pour la première fois dans la sélection officielle.

Son second film, Sejnane (1973) a eu le prix spécial du jury au Fespaco à Ouagadougou en 1976. Ce film figure parmi les 100 meilleurs films de l'histoire du cinéma arabe.

Au Festival de Carthage, il a été trois fois lauréat et c'est son film Aziza (1980) qui emporte le Tanit d'or à Tunis. Il traitait du développement, du libéralisme, et de l'apparition de l'islamisme en Tunisie.

D'ailleurs, Aziza et Sejnane sont classés parmi les dix meilleurs films tunisiens.

Son dernier film, Les palmiers blessés (2010) montrait la lutte des Tunisiens contre le colonialisme.

En 2021, en sa présence, le festival d'Alexandrie lui a rendu un hommage.

Abdellatif Ben Ammar, cet homme toujours tranquille, a su associer, dans son langage cinématographique, les sentiments et les émotions à la vie et à l'action sociale. Ses œuvres incarnaient la modernité de sa pensée artistique.