Le nouveau bilan toujours provisoire du naufrage d'une embarcation partie du Liban, survenu le 22 septembre, est désormais de 94 morts. Le bateau, surchargé de passagers qui voulaient gagner l’Italie, a coulé au large de la Syrie. Parmi les victimes, des Libanais, des Syriens, mais aussi des Palestiniens, au statut très précaire au Liban. Reportage à la frontière libano-syrienne.
De notre envoyée spéciale au poste-frontière d'Arida, Laure Stephan
Descendant d’un pick-up, de jeunes Palestiniens se pressent à la frontière. Ils veulent accueillir les dépouilles de proches, qui doivent être rapatriées de Syrie. Plus de 30 Palestiniens du camp de Nahr El-Bared étaient à bord de l’embarcation qui a fait naufrage, selon des habitants.
Najwa est effondrée. Son frère a survécu, mais il a perdu sa femme et ses enfants. « Sept personnes de ma famille étaient à bord, six sont ''disparues''. Mon frère a vu sa fillette morte. Je lui avais déconseillé de partir… Quand leur bateau a pris la mer, il y a eu des problèmes de moteur. Ils ont voulu faire demi-tour, mais celui qui conduisait a refusé. Tant de jeunes partent par la mer », confie-t-elle.
Mohamed, le frère de Najwa, infirmier, avait emprunté 10 000 dollars pour ce trajet qui a tourné au drame. À la frontière, l’ambiance est confuse et l’attente se prolonge. Le processus d’identification des dépouilles en Syrie est long. Jihad, volontaire du Croissant-Rouge palestinien, explique :
« Les familles des victimes palestiniennes sont en Syrie. Soit elles parviennent à identifier leurs proches, soit elles se soumettent à un test ADN. Ces départs par la mer, c’est à cause des conditions de vie. Chaque jour, il y a des embarcations qui partent. Celle-ci n’est pas la première, ni la dernière. »
Le naufrage survenu jeudi est le drame le plus lourd depuis qu’un flux de migration s’est mis en place à partir du Liban, sur fond d’effondrement.
