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Pakistan: recrudescence de l’insécurité et des attaques menées par les talibans

L'attentat, revendiqué par les talibans pakistanais, a fait cent morts dans une mosquée au sein du quartier général de la police de Peshawar. Pour la police locale, l’attaque a été commise en représailles aux opérations de la police contre les groupes islamistes armés. Le pays fait face à une recrudescence de l’insécurité et des attaques menées contre les forces de police.

Environ 300 à 400 policiers étaient rassemblés le lundi 30 janvier dans une mosquée située à l'intérieur d’un périmètre habituellement très surveillé de Peshawar, quand l'explosion s'est produite à l'heure de la prière de midi. Le gouvernement de la province du Khyber Pakhtunkhwa, dont Peshawar est la capitale, a annoncé que le dernier bilan était de cent morts et 221 blessés. Selon le ministre de l'Intérieur, Ranah Sanaullah, l'attentat a tué 97 policiers et trois civils, et 27 blessés sont encore dans un état critique. 

« Cet attentat, survenu lundi, n’est pas sans rappeler celui qui avait été mené contre une école fréquentée par des enfants de militaires en décembre 2014, toujours à Peshawar d’ailleurs, et qui avait fait 150 morts », rappelle Gilles Boquerat, chercheur auprès de la Fondation pour la recherche stratégique, au micro de Heike Schmidt du service international. 

Pour lui, cette attaque avait été suivie par l’adoption d’un plan d’action nationale visant à mettre un terme à la présence de groupes armés sur le sol pakistanais :  « Nous sommes sur la ligne de front » dans ce combat contre les mouvements islamistes armés « et c'est pourquoi nous avons été visés », a déclaré à l'AFP le chef de la police de Peshawar, Muhammad Ijaz Khan.

L’attaque survenue lundi est la preuve que ce plan a échoué à parvenir à ses fins : « Depuis qu’en novembre 2022, le mouvement des talibans pakistanais a mis un terme au cessez-le-feu qui avait été décidé plus tôt, il y a une recrudescence des attaques menées contre des forces de police et militaire pakistanaises », poursuit Gilles Boquerat.

Un militaire et des secouristes sur le lieu de l’attentat-suicide dans une mosquée de Peshawar, au Pakistan, le 31 janvier 2023.
Un militaire et des secouristes sur le lieu de l’attentat-suicide dans une mosquée de Peshawar, au Pakistan, le 31 janvier 2023. REUTERS - FAYAZ AZIZ
À lire aussi : Les talibans pakistanais annoncent la fin d'un cessez-le-feu jamais entièrement respecté

Les talibans pakistanais, frères d’armes avec les talibans afghans

Les talibans pakistanais ont revendiqué cette attaque. Mais quels liens ont-ils avec les talibans d’Afghanistan ? Et ont-ils aujourd'hui une plus grande marge de manœuvre grâce au départ des Américains d'Afghanistan?

« Le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement des talibans pakistanais, qui a été créé en 2007, en opposition à la décision du président Musharraf de s’allier aux États-Unis dans la guerre contre le terrorisme, avait été combattu par les forces militaires pakistanaises au prix de nombre de victimes chez les militaires pakistanais. On avait assisté au Pakistan à une baisse des attentats terroristes au fil des années. Mais c’est vrai que depuis le retour des talibans au pouvoir à Kaboul, en août 2021, les talibans pakistanais ont connu un regain de vigueur, soutenu en partie par les talibans afghans, » explique ce chercheur auprès de la Fondation pour la recherche stratégique.

Les talibans pakistanais et afghans se sont côtoyés, ont été frères d’armes, pendant des années et des années, du temps où il y avait une présence occidentale en Afghanistan. Les talibans pakistanais ont un certain nombre de demandes, notamment revenir sur l’incorporation des zones tribales frontalières de l’Afghanistan. « Donc il y a une connivence d’intérêts entre les talibans qu’on voit à Kaboul et le mouvement taliban pakistanais sur l’idée que cette frontière fixée il y a plus d’un siècle n’a pas de raison d’être. »

À écouter aussi : Un an après le retour des Talibans, où en est l’Afghanistan?

(et avec AFP)