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Pesticides, climat, modernisation, la France se vide de ses oiseaux de jardin

Reportage

En France, plusieurs milliers de personnes passent une heure ces 28 et 29 janvier à recenser les oiseaux dans leur jardin. C'est le traditionnel week-end de comptage d'hiver organisé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et le Muséum national d'histoire naturelle. L'opération de science participative, Oiseaux des jardins, est l'une des plus importantes dans le pays. En dix ans, près de 100 000 jardins y ont participé et 6,5 millions d'oiseaux ont été comptabilisés. De quoi tirer d'importantes conclusions scientifiques sur l'évolution des populations de volatiles. Et c'est une hécatombe, en particulier pour les oiseaux communs.

Moins 17% pour les mésanges bleues et les mésanges charbonnières. Moins 46% pour les martinets noirs et les verdiers d'Europe... Dans les jardins français, quatre espèces sur dix ont vu leur population de printemps fondre en dix ans. C'est ce que montrent les données collectées par les citoyens de l'observatoire Oiseaux des jardins. En cause : l'agriculture intensive qui a décimé les populations d'insectes.

 « À cause des pesticides, qui sont là précisément pour détruire les insectes, eh bien il n’y a plus rien à manger pour les oiseaux, explique Grégoire Loïs, du Muséum national d'histoire naturelle. Les jeunes sont mal nourris, pas assez nourris et finalement on a une mortalité dite infantile pour les oiseaux qui est très très forte. »

Les oiseaux meurent aussi parce qu'ils ont de plus en plus de mal à trouver où nicher. « Les bâtiments sont de plus en plus propres, de plus en plus lisses, il n’y a plus de cavités pour que les oiseaux puissent nicher à l’intérieur, raconte Marjorie Poitevin, de la Ligue pour la protection des oiseaux. Et pour les oiseaux qui nichent dans les haies ou dans les arbres morts, il y en a de moins en moins, que ce soit dans les jardins ou dans les zones naturelles ».

Enfin, troisième raison du déclin des oiseaux au printemps : le changement climatique, avec notamment la répétition des épisodes de canicule.

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Bonjour, c'est enfin le week-end du grand comptage national des oiseaux des jardins !!! 🤩
⌚️ Ça ne prend qu'une heure
🥳 C'est fun
✍️ C'est utile
🧐 Inutile d'être un expert
▶️ On compte sur vous pour compter les 🐦 ! 🙏https://t.co/1e8Zeato1k

— LPO France (@LPOFrance) January 28, 2023

« Revoir notre mode de vie »

« Dans les années 1970, il restait moins de dix couples de cigognes blanches, aujourd’hui on en a plus de 5 000 ; les vautours fauves avaient disparu des Cévennes, maintenant ils volent dans le ciel cévenol ; il y avait le faucon pèlerin qui était à l’agonie, il nidifie dans Paris, affirme Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, au micro de Lucile Gimberg du service France de RFI. Donc on a réussi à sauver les espèces emblématiques, mais on est confrontés à une situation probablement plus grave avec les espèces de proximité. Il faut complètement revoir le mode de vie tel qu’il a été défini au lendemain des Trente Glorieuses : effacer l’agriculture intensive avec le cortège chimique, lutter contre l’artificialisation, c’est ce que nous dit l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité. »

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