Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Pétrole russe: les experts partagés sur l'efficacité du plafonnement du prix du baril russe

Afin de limiter les revenus de Moscou pour financer le conflit en Ukraine, l’Australie, l’Union européenne et le G7 se sont mis d’accord pour plafonner à 60 dollars le prix du baril russe transporté par voie maritime. Le mécanisme entrera en vigueur à partir de ce début de semaine. 

Les pays qui appliqueront ce mécanisme vont interdire à leurs assureurs et à leurs compagnies maritimes de livrer du pétrole russe à plus de 60 dollars le baril. Ce prix est plus élevé que le coût de production du pétrole en Russie, ce qui permet à Moscou d'en tirer quelque profit. Le but étant de lui permettre de continuer à vendre son brut et d'éviter ainsi le risque de provoquer une pénurie sur le marché mondial, avec pour conséquence une flambée des cours. En revanche, le plafonnement du prix est inférieur aux cours mondiaux, ce qui va limiter les revenus que la Russie pourrait tirer de la vente de son or noir. Rappelons que la Russie a tiré 67 milliards d'euros de ses ventes de pétrole à l'UE depuis le début de la guerre en Ukraine, tandis que son budget militaire annuel s'élève à environ 60 milliards, rappelle Phuc-Vinh Nguyen, expert des questions énergétiques à l'Institut Jacques Delors.

Ce mécanisme a-t-il des chances de fonctionner ? 

Les experts sont partagés.

Certains disent que ce mécanisme sera efficace car les pays du G7 fournissent en effet des prestations d'assurance pour 90% des cargaisons mondiales et l’Union européenne est un acteur majeur du fret maritime. Avec le risque pour eux cependant de perdre des parts de marchés au profit des compagnies de transport et d’assurances concurrentes telles chinoises, indiennes ou russes.

D'autres spécialistes craignent au contraire une déstabilisation du marché mondial et assurent comme Philippe Charlez, expert énergie l'Insitut Sapiens, que certains pays, poussés par le besoin de s'approvisionner, n'hésiteront pas à payer le pétrole plus cher. « Vous aurez beau imposer un prix à 60 dollars, si un pays africain ou la Chine, ou l’Inde, ou le Vietnam, a absolument besoin de pétrole, il le paiera plus cher si nécessaire. Donc, réellement, c’est quelque chose de très théorique, (que) je ne vois pas être réellement applicable sur le plan pratique. Le prix du pétrole est mondial et on ne peut pas y échapper dû aux problèmes de transport. À 60 dollars le baril, les Russes ne vont pas nous vendre ce brut. Aujourd’hui, il vaut à peu près 90 dollars. Les Chinois et les Indiens seront très heureux de l’acheter à 80, avec un discount à peu près d’une dizaine de %, c’est-à-dire que jamais ils ne nous le vendront à 60 dollars. » Ce plafonnement, c'est un peu de donner bonne conscience, conclut Philippe Charlez.

Ces mêmes experts s'interrogent sur la réaction des pays producteurs de l'Opep, qui se réunissent ce dimanche à Vienne. L'attitude des pays de l'Opep ou de gros acheteurs comme l'Inde et la Chine sera cruciale pour envisager la suite de ce plafonnement. 

Ce samedi, Kiev a réagi officiellement à ce dispositif par la voix du chef de cabinet de la présidence ukrainienne. « L'économie de la Russie sera détruite, et elle paiera et sera responsable de tous ses crimes », a assuré M. Iermak, regrettant cependant que le prix plafond n'ait pas été encore abaissé à 30 dollars

►À écouter aussi« Nous ne pourrons pas nous passer du gaz russe sans réduire notre consommation », selon Philippe Charlez