Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Quarante-quatre chefs d'État à Prague pour le lancement de la Communauté politique européenne

Quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement sont attendus à partir de jeudi 6 octobre au château de Prague, en République tchèque. Ils vont participer au lancement de la Communauté politique européenne (CPE), un nouveau format initié par Emmanuel Macron au printemps 2022 et destiné à rassembler les pays du continent, avec, en arrière-plan, la guerre que mène la Russie en Ukraine.

Initié par le président français Emmanuel Macron, c’est à Prague que se déroule ce premier rendez-vous de la Communauté politique européenne, car la Tchéquie assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l’UE, rapporte notre correspondant à Prague Alexis Rosenzweig.

Son objectif affiché est d'œuvrer au renforcement de la sécurité et de la stabilité alors que la guerre en Ukraine est entrée dans son huitième mois. Deux thèmes seront au programme des tables rondes pour les quarante-quatre participants, énergie et climat, paix et sécurité, explique notre journaliste Anastasia Becchio. Quelle aide supplémentaire apporter à l’Ukraine ? Comment protéger les infrastructures critiques ?, une question aiguë, après les explosions sur les gazoducs Nord Stream en Baltique. Ces préoccupations seront également à l’ordre du jour d'un sommet informel de l’UE vendredi.

En plus des 27 pays membres de l’UE, dix-sept autres États sont conviés au lancement de la Communauté politique européenne. Parmi les hôtes les plus attendus : le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui interviendra par visioconférence, la Première ministre britannique Liz Truss, et le président turc Recep Tayip Erdogan, dont la présence fait débat.

Place de la Turquie en débat 

Emmanuel Macron n’a en effet pas caché que l’invitation de la Turquie – qui est pourtant le plus ancien pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne – avait dû être débattue entre États membres, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. Recep Tayyip Erdoğan n’a d'ailleurs fait preuve d’aucun enthousiasme à l’égard de ce nouveau format, confirmant sa venue cinq jours avant le sommet.

Cette réticence tient d’abord aux incertitudes qui entourent le projet de Communauté politique européenne et son intérêt pour la Turquie. Bien que l’UE s’en soit défendue, Ankara se méfie de tout ce qui pourrait servir d’alternative à l’adhésion. Non que celle-ci soit à l’ordre du jour : elle est bloquée depuis plus de dix ans.

Mais beaucoup en Turquie préfèrent le blocage – quitte à en user politiquement, comme le fait Tayyip Erdoğan — à une dilution de l’objectif d’adhésion dans un ensemble aux contours flous.

Méfiance de plusieurs États 

Si le président du Conseil européen, Charles Michel, a affirmé que son objectif était de « renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité de l'Europe dans son ensemble », plusieurs capitales n’ont en effet pas caché leur scepticisme voire leur méfiance devant ce nouveau projet, rapporte notre correspondant à Prague, Alexis Rosenzweig. Certains États, dont la Turquie, flairent une stratégie visant à freiner le processus d’élargissement de l’UE, d’autres ne souhaitent pas côtoyer des voisins avec lesquels ils sont en conflit - larvé ou ouvert.

Le président turc semble par ailleurs hésitant à l’idée de rejoindre un « club anti-Poutine », ainsi que certains voient ou voudraient voir la CPE. Tayyip Erdoğan tient à ses liens privilégiés avec le dirigeant russe, dont il se targue d’être le principal interlocuteur depuis le début de la guerre en Ukraine. Il n’a donc que très peu commenté sa participation à cette réunion, si ce n’est pour exprimer son souhait d’y rencontrer le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian.

Mais le fait que le président turc pose sur la photo avec les responsables grec et chypriote ou que les dirigeants arménien et azerbaïdjanais se rencontrent à Prague pourrait en tout cas être des signes très positifs quant au bien-fondé de ce projet continental, au moment où l’Europe vit une crise particulièrement profonde. 

Cette Communauté politique européenne n’est pas sans rappeler le projet avorté de Confédération européenne lancé en 1991 par François Mitterrand avec Vaclav Havel, le défunt président tchèque qui a marqué de son empreinte le château de Prague où se déroule cette première réunion, suivie vendredi par un sommet des 27 États-membres de l’UE.