Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

RDC: une campagne sur la masculinité positive à Beni

Texte par : Coralie Pierret

3 mn

Dans cette région en proie aux milices et aux groupes armés, les habitants sont victimes depuis près de 30 ans de violences. Les femmes, notamment, sont souvent brutalisées ou violées. Alors pour agir à la racine et pour lutter contre les violences basées sur le genre, la ville de Beni mise sur la masculinité positive. 

De notre correspondante

Depuis le 12 septembre et pendant deux mois, les hommes, mais aussi les femmes de la ville de Beni vont entendre parler d’égalité entre les genres, de prises de décisions collectives et d’implication des femmes dans l’espace public. Dans les quartiers, les églises, les radios, des marches, des activités, des débats seront organisés. « La masculinité positive sera partout », promet Ruth Sabani l’une des organisatrices.

Encourager le dialogue entre homme et femme

Ce qu'aimeraient insuffler les organisateurs de cette campagne, c'est que les hommes ne soient plus les seuls à décider, dans la vie publique, mais aussi dans le foyer. En bref, poursuit Ruth Sabani, « l’homme ne doit plus se considérer comme un roi ». À Beni, une ville de taille moyenne, ou plus largement dans les zones rurales de l’est de la République démocratique du Congo, la place des femmes dans l’administration, par exemple, est dérisoire.

►À lire aussi : Au Sud-Kivu, SOS Secours, l'application qui aide les femmes à donner l'alerte en cas de violences sexuelles

Le deuxième objectif de cette campagne, peut-être le plus important : que les viols et les atrocités commis à l’égard des femmes diminuent. Les organisateurs font le pari suivant : si les femmes sont impliquées dans les décisions, le regard sur elles changera, elles seront davantage respectées et donc les violences basées sur le genre diminueront. 

Au Nord-Kivu, l'insécurité touche principalement les femmes

Car dans cette région, les violences sexuelles sont un véritable fléau qui dure depuis environ 30 ans. Lors de la première et la deuxième guerre du Congo entre 1996 et 2003, le viol a été utilisé contre les femmes et les fillettes. Depuis, les violences continuent et sont souvent le fait des miliciens, d’hommes armés et parfois aussi de militaires et de civils. Il y aurait en RDC plus de 400 000 viols commis chaque année, soit quasiment un par minute, selon une étude de chercheurs publiée en 2011 dans le journal américain de la santé publique. En comparaison, en France, il y aurait un viol toutes les quarante minutes. 

►À lire aussi : Le viol comme arme de guerre, le fléau de l'est de la RDC

Et à Beni, là où est organisée cette campagne sur la masculinité positive, un groupe armé terrorise les habitants. Il s’agit des ADF, un groupe armé d’origine ougandaise, aujourd’hui affilié à l’État islamique. C’est l’un des groupes parmi les plus violents envers les civils. Ils sont responsables de près de 300 exactions depuis le début de l’année, selon le Kivu Security Tracker. En raison de cette insécurité, les actions de la campagne resteront concentrées dans la ville de Beni.

Un enjeu de société

Cette initiative n’est pas la première en RDC. En novembre dernier, la capitale a abrité une large conférence sur la masculinité positive. Cinq chefs d’État de la région y avaient assisté, aux côtés de Felix Tshisekedi, le président congolais. 

►À lire aussi : En RDC, les survivantes de violences sexuelles se reconstruisent aussi par le travail