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Réforme des retraites en France: quels sont les enjeux politiques du débat à l’Assemblée nationale?

Le débat sur la réforme des retraites débute ce lundi à l'Assemblée nationale, alors que les syndicats appellent à deux journées de mobilisation mardi 7 et samedi 11 février. Il s’agit d’une semaine cruciale pour le gouvernement qui va devoir résister à la contestation dans la rue et de la Nupes, à gauche, et du Rassemblement national, à l’extrême droite, dans l'hémicycle.

Avant le début des hostilités, Élisabeth Borne a tenté de calmer le jeu en ouvrant la porte à un aménagement sur les carrières longues. Une initiative clairement destinée à amadouer les Républicains. Mais qui pourrait ne pas être suffisante : certains députés de droite ont déjà fait savoir qu'il leur faudrait plus pour voter le texte.

►À lire aussi : Réforme des retraites en France: Élisabeth Borne fait une première concession sur les carrières longues

Pour éviter le 49.3, Élisabeth Borne ne peut se permettre une déperdition de voix, d'autant que dans la majorité aussi quelques députés trainent des pieds et que son ministre du Travail, Olivier Dussopt, est fragilisé par des soupçons de « favoritisme », explique Valérie Gas, du service politique de RFI.

Le débat s'annonce rude puisqu’à gauche, la Nupes a déposé 18 000 amendements. Il ne s’agit d’une stratégie d'obstruction « bête et méchante », selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Quant au Rassemblement national (RN), il joue la carte du débat à l'Assemblée pour combattre la réforme, et se réjouit que sa motion pour demander un référendum ait été tirée au sort face à celle de la Nupes pour être présentée au vote des députés.

Le RN présente sa « motion référendaire »

L'examen du texte en séance débute justement par l'examen de deux motions défendues par ces deux camps ce lundi après-midi. La première, défendue par la Nupes, vise à rejeter purement et simplement le texte. La seconde, c’est la « motion référendaire » du RN qui vise à soumettre, comme son nom l'indique, le projet de loi à un référendum. Mais elle a très peu de chance d'aboutir. La gauche a prévu de voter contre car elle sera présentée dans l'hémicycle par le Rassemblement National. De quoi donner du grain à moudre à Marine Le Pen dans sa stratégie anti-Nupes, indique Pierrick Bonno, du service politique de RFI.  

Car Marine Le Pen veut incarner l’opposition à la réforme des retraites. Dans les rangs du Rassemblement national, on a déjà trouvé la parade à l'échec annoncé de la demande de référendum défendu par le groupe.  « On va évidemment mettre le rejet de la motion sur le dos de la Nupes en soulignant ses incohérences », prévient un proche de Marine Le Pen. Car si l'alliance à gauche réclame, elle aussi, un référendum sur les retraites, ses députés refusent de voter des textes venant de l'extrême-droite.

La Nupes dans le viseur de l’extrême droite

Le résultat, c’est que la Nupes est dans le viseur du Rassemblement National. Et même si leurs contre-propositions se ressemblent, leurs stratégies sont radicalement opposées. Face aux 18 000 amendements de la gauche, le Rassemblement National compte en défendre seulement… 200. Et surtout l'extrême droite refuse toujours de s'associer aux manifestations syndicales contrairement à la Nupes.

« Ce n'est pas dans notre culture », résume-t-on dans le groupe RN à l'Assemblée. Mais cela permet surtout à Marine Le Pen de rester à l'abri des critiques si la bataille dans la rue devenait impopulaire, tout en récoltant les fruits de la mobilisation si le gouvernement venait à reculer.

Quoi qu’il en soit, cette fois-ci, c'est l'heure de vérité pour le gouvernement. Les syndicats l'ont bien compris, ils appellent à deux journées de mobilisation cette semaine, les mardi 7 et samedi 11 février, pour faire monter la pression.