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Retraites: pourquoi Emmanuel Macron met surtout la pression sur LR?

Sur le dossier inflammable des retraites, le président français a décidé de temporiser. L'exécutif va rouvrir un cycle de concertation avec les syndicats et les forces politiques jusqu'à Noël. Mais il a brandi, en même temps, la menace de dissoudre l'Assemblée si les oppositions bloquaient encore son projet de réforme. Une façon de mettre la pression sur LR.

Cette menace de dissolution vise en particulier le parti Les Républicains. Tout d'abord, parce que si Emmanuel Macron dissout l'Assemblée et que de nouvelles élections législatives sont organisées, certes, tous les partis vont trembler, notamment ceux de la majorité présidentielle, mais c'est la droite traditionnelle qui a le plus à perdre. En juin dernier, le contingent de députés LR est passé d'une centaine sous l'ancienne législature à une soixantaine, et cela pourrait être encore pire en cas de nouveau scrutin.

Deuxièmement, si la concertation sur les retraites n'aboutit pas, l'exécutif pourrait avoir recours au 49.3, un mécanisme constitutionnel pour s'éviter le vote des parlementaires. Dans ce cas-là, les oppositions peuvent répliquer en présentant une motion de censure pour faire tomber le gouvernement. Si la motion de censure venait des extrêmes, elle aurait peu de chances d'être adoptée. Mais si c'était la droite qui lançait la fronde, cela deviendrait plus risqué pour la macronie.

Pour Emmanuel Macron, c'est aussi une histoire de calendrier. Dialoguer jusqu'à Noël, cela permet d'enjamber le congrès interne organisé par LR début décembre et lors duquel les militants vont désigner leur nouveau chef. On sait que ces processus favorisent la radicalisation des positions. D'autre part, si les adhérents LR choisissaient Éric Ciotti, le candidat le plus intransigeant vis-à-vis du camp Macron, la pression à la dissolution serait déjà sur la table.

Accord sur le fond

Enfin, le chef de l'État vise aussi LR parce que, sur le fond, ils sont d'accord avec sa réforme des retraites. La droite s'en trouve bien embêtée, d'ailleurs, en particulier en pleine campagne pour la présidence du parti.

Chaque année, les sénateurs LR – ils sont majoritaires à la chambre haute – votent leur propre amendement pour réformer le système des retraites et notamment reporter l'âge légal de départ à la retraite. L'amendement n'aboutit pas parce que le rapport de force à l'Assemblée est différent. Mais, comme l'a dit ce vendredi le président LR du Sénat Gérard Larcher, l'inspiration du gouvernement n'est pas très éloignée de celle de la droite au palais du Luxembourg.

« Ce serait terrible qu'on fasse différemment aujourd'hui de ce qu'on a fait hier. Nous, on ne fonctionne pas en fonction d'Emmanuel Macron, mais en fonction de l'intérêt général du pays et des Français », affirmait à RFI le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, dès la mi-septembre.

Du côté des députés LR, leur chef Olivier Marleix critiquait surtout la méthode. Il était vent debout contre l'idée de l'exécutif de passer en force via un amendement à une loi budgétaire. Olivier Marleix réclamait que les partenaires sociaux soient consultés, ce sera finalement le cas... Il exigeait que la réforme envisage tous les aspects du sujet retraites, ce sera le cas. Pénibilité, carrières longues, allongement de la durée de cotisation, etc., seront sur la table des discussions jusqu'à Noël. Maintenant que la méthode a changé, il va être plus difficile pour LR de s'opposer.

►À relire : France : dans la rue, premier coup de semonce contre la réforme des retraites

Une arme de faible

Mais la droite a aussi raison de dire que cette menace à la dissolution est un aveu de faiblesse de la part du chef de l'État.

Emmanuel Macron n'a pas de majorité absolue au Parlement, il ne peut pas se représenter en 2027, donc mécaniquement, les députés de sa propre majorité ont l'espace pour prendre de l'autonomie. Il n'a donc que cette arme à brandir. Même si la menace à la dissolution ressemble fort à une menace qu'on agite, mais qu'on n'utilise jamais.

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