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Séisme: l'aide internationale arrive en Turquie, mais comment faire en Syrie?

Le bilan ne cesse de s'alourdir en Turquie et en Syrie, après le terrible séisme. Le dernier bilan encore provisoire annoncé mardi soir faisait état de plus de 7 800 morts (5 894 en Turquie et 1 932 morts en Syrie). L'aide internationale est mobilisée pour la Turquie, mais pour la Syrie, c'est très compliqué. L'accès à ce pays en guerre, où interviennent de multiples acteurs, est difficile.

Les premières équipes de secouristes étrangers sont arrivées en Turquie. Selon le président Recep Tayyip Erdogan, qui a déclaré l'état d'urgence pour trois mois dans les dix provinces touchées, 45 pays ont proposé leur aide depuis le séisme.

L'Union européenne a mobilisé 1 185 secouristes et 79 chiens de recherches. Le président américain Joe Biden a promis à M. Erdogan « toute l'aide nécessaire, quelle qu'elle soit ». Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se sont préparés.

Les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite sont mobilisées. Quant à la Chine, elle a annoncé l'envoi d'une aide de 5,9 millions de dollars, incluant des secouristes spécialisés en milieu urbain, des équipes médicales et du matériel. Même l'Ukraine en guerre a annoncé l'envoi en Turquie de 87 secouristes.

La météo complique la tâche des secours et rend la situation des rescapés très difficile, en Turquie. La région de Kahramanmaras, peu accessible, est sous la neige. Mais en Syrie aussi, des centaines de personnes restent piégées. Des médecins se retrouvent seuls, des hôpitaux manquent de lits.

« Nous acceptons toute aide qui nous parviendrait »

RFI a pu joindre un médecin qui travaille à Idleb. Le Dr. Mohamed Abrash est chirurgien et décrit la situation sur place.

Je suis toujours à Idleb et je suis toujours vivant, grâce à Dieu. Le tremblement de terre a été terrible. Vous le savez, il s'est produit hier, en pleine nuit à 4 heures du matin. La situation est très mauvaise. Beaucoup de bâtiments se sont effondrés et nous avons beaucoup de corps sous les décombres, et aussi des personnes qu'il faut dégager. Les casques blancs, les secouristes, sont toujours à pied d'œuvre pour tenter de sortir les gens de là. Nous avons eu beaucoup de corps qui ont été transportés dans les différents hôpitaux du Nord-Ouest syrien. Et ces hôpitaux sont aussi tous occupés par les survivants de ce tremblement de terre.

Dr Mohamed Abrash, chirurgien dans la ville d'Idleb

Murielle Paradon

Le chirurgien lance un appel à l'aide, car les hôpitaux manquent de tout, confirme-t-il.

Nous recevons beaucoup de blessés qui ont besoin d'être opérés en urgence. Nous manquons de certains médecins, de neurochirurgiens, alors que beaucoup de personnes ont besoin d'une intervention. Nous manquons aussi de matériel médical, et dans les soins intensifs, il faut de l'oxygène, des médicaments, des respirateurs. Nous n'avons que deux hôpitaux dans la région d'Idleb qui ont ces spécialités. Et puis, les médecins manquent de matériel en ce qui concerne les fractures, il y a beaucoup de monde qui souffre de fractures. Je ne sais pas si la Turquie va autoriser l'aide à traverser le point de passage de Bab al-Hawa, mais nous acceptons toute aide qui nous parviendrait.

Le Dr Mohamed Abrash lance un appel à l'aide

Murielle Paradon

Déjà ravagée par la guerre, la Syrie a besoin d'aide

Le séisme a touché ce point de passage de Bab al-Hawa, le seul pour la quasi-totalité de l'aide humanitaire aux zones rebelles en Syrie acheminée depuis la Turquie. Un passage contesté par Damas et Moscou, et dont l'ouverture a été âprement négociée sous l'égide des Nations unies.

Le Croissant-Rouge syrien a appelé l'UE à lever les sanctions contre Damas et a demandé assistance à l'USAID américaine. Le chef de la diplomatie syrienne a lancé un appel à l'aide internationale, assurant que cette aide serait acheminée à tous, y compris dans des zones échappant à son contrôle.

Mais pour l'heure en Syrie, l'appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, qui a promis des équipes de secours « dans les prochaines heures », alors que selon Moscou, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours.

Des soldats russes et des membres des forces de sécurité syriennes inspectent des bâtiments effondrés à Alep, en Syrie, ce mardi 7 février 2023 après le séisme.
Des soldats russes et des membres des forces de sécurité syriennes inspectent des bâtiments effondrés à Alep, en Syrie, ce mardi 7 février 2023 après le séisme. AP - Omar Sanadiki

Délicat de faire confiance au régime de Bachar el-Assad

Car du point de vue des gouvernements occidentaux, et des organisations humanitaires, c'est un casse-tête : comment aider la Syrie, ravagée par douze ans de guerre et où s'affrontent encore de multiples protagonistes ? La région d'Alep est par exemple sous contrôle gouvernemental.

Quant à celle d'Idleb, elle est contrôlée cette fois par des groupes rebelles et jihadistes. Peu d'organisations humanitaires internationales y sont présentes. L'acheminement de l'aide peut se faire, mais par un seul point de passage, celui de Bab el-Hawa précisément, à la frontière turque.   

Dans le bilan matériel du séisme, à noter que plusieurs sites archéologiques ont aussi été touchés en Syrie, notamment la citadelle d'Alep, vieille de plusieurs siècles, sa vieille ville, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. On ne connaît pas précisément l'ampleur des dégâts.

Le tremblement de terre, d'une magnitude de 7,8, est survenu lundi à 4h17 heure locale, dans le sud-est de la Turquie. Il a été ressenti jusqu'au Liban, à Chypre et dans le nord de l'Irak. Il a été suivi par 185 répliques, dont une de 7,5 lundi à la mi-journée, et une autre de 5,5 mardi avant l'aube.