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Somalie: un attentat des shebabs à Mogadiscio dans un contexte de «guerre totale»

En Somalie, les jihadistes shebabs, affiliés à al-Qaïda, ont mené une nouvelle attaque dimanche soir dans le cœur de la capitale, Mogadiscio, en s'en prenant à un hôtel où loge de nombreux officiels. Plusieurs ministres ont ainsi été blessés.

« Un groupe de combattants shebabs a attaqué un hôtel dans le district de Bondhere ce soir [et] les forces de sécurité sont engagées pour les éliminer », a déclaré le porte-parole de la police nationale, Sadik Dudishe, dans un communiqué.

De nombreux civils et des responsables politiques ont déjà été secourus et évacués de cet hôtel, le Villa Rose, a-t-il ajouté. Le ministre de l'Environnement a indiqué dans un tweet qu'il était en sécurité après une « explosion terroriste visant [sa] résidence » à l'hôtel. 

I am save from a terrorist explosion targeted at my residence, Villa Rays. الحمد لله.

— Adam Aw Hirsi (@JustAwHirsi) November 27, 2022

L'hôtel Villa Rose est un lieu prisé des députés somaliens, située dans la zone centrale sécurisée de Mogadiscio, non loin du bureau du président du pays, Hassan Cheikh Mohamoud.

De son côté, l'ATMIS, la nouvelle force de maintien de la paix conduite par l’Union africaine en Somalie, a écrit sur Twitter qu'elle condamnait « fermement l'attaque terroriste d'aujourd'hui contre l'hôtel Villa Rose ».  Et elle « exprime sa solidarité avec le gouvernement et le peuple de Somalie ».

Des victoires de la part du gouvernement somalien

Ce nouvel attentat est le deuxième de cette envergure visant un lieu de pouvoir dans la capitale somalienne, alors que le président somalien a lancé une « guerre totale » contre le groupe depuis l'été.

Sa nouvelle stratégie militaire, consistant à s'appuyer sur des milices claniques, ainsi que l'assistance militaire américaine et de l'Union africaine, avait jusque-là permis de reprendre du terrain, explique Léonard Vincent, de la rédaction Afrique de RFI. Dans la presse publique somalienne, le terme « terroriste » est désormais remplacé par le terme « renégats ». Chaque opération militaire victorieuse contre les shebabs est vantée, avec des chiffres et des photos, comme celle qui a libéré samedi 26 novembre le village d'el-Dhere, à la frontière des États de Hiraan et de Moyenne-Shabelle, au prix d'une centaine de morts du côté des shebabs. Une soixantaine de villages auraient ainsi changé de mains depuis l'été.

Les ministres et le chef de l'État lui-même multiplient les déplacements sur le terrain dans les États les plus concernés. Hassan Cheikh Mohamoud est ainsi retourné jeudi 24 novembre, pour la deuxième fois, dans le village de Nur Dugle, récemment repris. « Tant que je serai président, a-t-il déclaré la semaine dernière, le gouvernement sera déterminé à éradiquer les shebabs du pays », promettant « bientôt » la libération d'autres secteurs. Une chaîne de télévision a même été spécialement inaugurée mercredi, pour que le public somalien soit correctement « informé sur les opérations militaires contre les terroristes », selon la chaîne publique SNTV.

Des méthodes radicales et un terrain dur à « tenir »

Mais cette stratégie a aussi ses à-côtés. Elle se fait au prix de méthodes radicales, notamment envers les commerçants qui perdent leur licence s'ils continuent de payer l'impôt forcé aux shebabs. Un journaliste connu, Abdalle Ahmed Mumin, est poursuivi après avoir critiqué le fait que les autorités voient partout de « la propagande » jihadiste.

Et, comme ce dimanche soir, les jihadistes s'ingénient à mener des attaques complexes, meurtrières, en plein cœur de Mogadiscio, près des lieux de pouvoir, dans le but de modifier le rapport de force avec le gouvernement et ses alliés. Et puis dans les campagnes, estime Omar Mahmood de l'International Crisis Group, « le plus difficile n'est pas de reprendre du terrain », mais bien de le « tenir ».

►À lire aussi : En Somalie, l'ONU dénonce la hausse du nombre des victimes civiles des violences résultant des shebabs