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Traité international sur la pollution plastique: de délicates négociations s'ouvrent à Paris

La deuxième session de négociation pour un futur traité international pour mettre fin à la pollution plastique débute ce lundi à Paris dans les locaux de l'Unesco et doit se terminer vendredi 2 juin. Mais les débats s'annoncent tendus.

Les négociateurs de 175 États, mais aussi des représentants d'ONG et d'industries se retrouvent ce lundi à Paris pour cinq jours de discussions sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Objectif de ces négociations : trouver des objectifs communs en vue d'un Traité international contre la pollution plastique. Malgré un constat alarmant, les débats s'annoncent tendus. Car si tous les États sont d'accord pour dire qu'il faut lutter contre la pollution plastique, ils sont loin de s'entendre sur l'ampleur des efforts à fournir.

D'un côté, les pays les plus ambitieux rassemblés au sein d'une coalition présidée par la Norvège et le Rwanda. On y trouve les membres de l'Union européenne, le Canada, le Japon ou encore le Sénégal. Ils réclament la diminution de la production, notamment des plastiques à usage unique, l'amélioration du recyclage et du réemploi, mais aussi l'interdiction de certains additifs chimiques dangereux et la mise en place d'un principe de pollueur-payeur.

De l'autre, des pays moins ambitieux, mais qui pèsent lourd sur la scène internationale. Parmi eux, les États-Unis, la Chine, l'Inde, ou encore l'Arabie saoudite et les autres pays producteurs de pétrole, la matière première à l'origine du plastique. Ceux-là ne veulent pas pénaliser leur économie. Pas question pour eux de réduire la production ; c'est plutôt sur le traitement des déchets qu'ils veulent concentrer les actions. Ces pays rechignent aussi à l'idée d'avoir un traité trop contraignant et d'avoir à rendre des comptes à l'ONU sur des objectifs communs et stricts.

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L'implication dans ce processus de discussions de l'industrie plastique, qui pèse des milliards de dollars et des millions d'emplois, suscite par ailleurs l'inquiétude des ONG. Environ 175 d'entre elles, conduites par Greenpeace, ont écrit au PNUE en listant une série de mesures contre « l'influence indue des entreprises pétrochimiques » dans les négociations. Leurs représentants, notamment l'association européenne Plastics Europe, seront bien présents à l'Unesco, où tous les observateurs professionnels, scientifiques ou associatifs ne pourront toutefois pas entrer chaque jour, faute de place.

C'est n'est vraiment pas normal qu'ils soient là dans l'espace de négociation. Parce que leur objectif, c'est de perpétuer l'extraction du pétrole et du gaz, de continuer à fabriquer le plus de plastique possible.

Joëlle Hérin, experte auprès de Greenpeace

Murielle Paradon

Une carte de crédit par personne et par semaine

L'enjeu de ces négociations est de taille alors que le plastique, dérivé du pétrole, est partout : dans les emballages, les fibres de vêtements, le matériel de construction, les outils médicaux... Et sa production annuelle, qui a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes (Mt), pourrait encore tripler d'ici 2060 si rien n'est fait.

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Une situation d'autant plus inquiétante que les deux tiers partent au rebut après une seule ou quelques utilisations et que moins de 10% des détritus plastiques sont recyclés. Des déchets de toutes tailles se retrouvent ainsi au fond des océans, dans la banquise, l'estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta. Une étude commandée par le WWF a l'université de Newcastle en 2019 montrait qu'un individu consommait en moyenne cinq grammes de particules de plastique par semaine, soit l'équivalent d'une carte de crédit.

Le plastique pose aussi problème pour son rôle dans le réchauffement climatique : il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4% des émissions mondiales, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici 2060, selon l'OCDE. Si le plastique était un pays, il serait ainsi le cinquième émetteur des gaz à effet de serre au monde. « Les effets du plastique, c'est à la fois la production issue des énergies fossiles, donc du pétrole et du gaz, mais c'est aussi tous les additifs qui sont très toxiques et très nocifs et qui sont donc très mauvais pour l'environnement et pour notre santé. C'est plus de 700 espèces d'animaux marins qui sont menacées par la pollution plastique », alerte ainsi Juliette Franquet, directrice de l'ONG Zero Waste France, au micro de RFI.

En tant que pays hôte de ce second round de négociations, la France mènera les débats. Elle devra donc réussir à concilier les avis divergents, composer avec les lobbys de l'industrie pétrochimique et les militants écologistes. L'idée est de parvenir à dessiner les principales orientations, voire une première ébauche de texte, avant les prochaines sessions de négociations. Il y en aura au moins encore trois avant un traité final, peut-être d'ici la fin de l'année 2024.

(Et avec AFP)