Niger
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Trop loin, trop proches: les Iraniens face aux difficultés de se mobiliser et de communiquer

Cela fait désormais deux semaines et demi que, malgré la répression, des Iraniennes et Iraniens contestent le régime, faisant du port du voile obligatoire pour les femmes un symbôle de l'oppression. À l'étranger, des Iraniens expatriés ou en exil se mobilisent aussi: manifestations, présence sur les réseaux sociaux. Entre engagement en faveur d'un changement et obstacles liés à la distance.

Mahya Ostovar est engagée dans les campagnes contre le voile obligatoire depuis une huitaine d'années. Elle vit aujourd'hui en Europe et c'est de là que, au côté d'autres militantes de la campagne des « lundis blancs », elle tente de participer à la contestation. Ces Iraniennes de l'étranger veulent faire entendre la voix de leurs compatriotes.

« Pour nous, c'est probablement plus facile d'être leur porte-voix. Parce qu'à l'extérieur, vous avez plus de liberté, un accès libre à internet. Vous parlez souvent d'autres langues, comme l'anglais ou le français. Vous pouvez répondre à des interviews. Ce sont des choses qui sont difficiles à faire pour les gens à l'intérieur du pays. »

Porte-voix

Mais les blocages d'internet rendent les communications avec l'Iran compliquées. Et la véracité des informations qui remontent du terrain est difficile à établir, poursuit Mahya Ostovar : « Nous essayons de vérifier dans la mesure du possible par différentes sources. Par exemple, si on connaît quelqu'un dans cette ville, de lui demander si quelque chose s'est vraiment passé. Mais je sais que dans certains cas, ce n'est pas si facile. Et nous avons vu des vidéos mises en ligne et ensuite, des gens ont dit que ce n'était pas dans cette ville-là ou pas à cette date-là. »

Se faire porte-voix est un travail que Mahya Ostovar juge à la fois important et quelque peu dérisoire. Pour la jeune femme, le vrai engagement est celui des Iraniens restés au pays. Sur place, beaucoup craignent de s'exprimer. 

C'est le cas de cette jeune Iranienne joint par Nicolas Falez, du service international de RFI. Pour la contacter en Iran, il faut contourner les restrictions d'internet que le pouvoir a mis en place ces derniers jours.

« C'est un blocage complet d'Instagram et de Whatsapp et ces restrictions ne devraient pas être levées de sitôt », dit-elle dans l'anonymat.Elle ne participe pas aux manifestations, elle soutient et observe le mouvement depuis bientôt trois semaines. « Cela change de forme tout le temps. Un jour dans la rue, puis dans les universités, puis dans les écoles... On ne peut rien prédire. Tous les gens à qui je parle ont peur ou se sentent perdus. On ne peut pas vraiment savoir comment tout cela va se terminer. »

Une lointaine résonnance

Selon elle, la réaction du pouvoir est sans surprise. « Ils répètent tout ce qu'ils ont toujours dit dans des situations comparables. Par exemple que ce mouvement est encouragé par les États-Unis et par l'Angleterre. » 

Elle nous dit aussi son étonnement face aux réactions que ce mouvement suscite dans le monde. Elle nous confie : « Ce n'est pas la première fois que ce genre de chose arrive en Iran mais c'est la première fois que cela résonne aussi loin. »

Près de trois semaines après la mort de la jeune Mahsa Amini, ces derniers jours ont vu des écolières iraniennes à leur tour retirer leur foulard pour protester contre l'obligation faite aux femmes de porter ce hijab en Iran.

Réécouter : Mahsa Amini, symbole de l'oppression des femmes en Iran

Difficile de connaître le bilan exacte de la répression des manifestations. Une soixantaine de morts, dont 12 membres des forces de sécurité selon le pouvoir ; au moins 92 morts, selon l'ONG Iran Human Rights basée en Norvège.