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Xi Jinping en Arabie saoudite: la Chine, une carte à jouer «lors des périodes de tensions entre Riyad et Washington»

Entretien

Le président chinois Xi Jinping est en Arabie saoudite ce 7 décembre, le dirigeant du premier pays importateur de pétrole au monde en visite chez le premier pays exportateur, et cela dans un contexte de crise énergétique. La visite de trois jours du président chinois dans la région fera peut-être grincer des dents aux États-Unis, allié historique du royaume saoudien. Décryptage.

La relation Washington-Riyad a connu des coups de froid récemment et les monarchies du Golfe veulent diversifier leurs relations, comme l'explique Camille Lons, chercheuse à l'Institut international des Études stratégiques (IISS), au micro de Nicolas Falez, du service international de RFI.

« C’est un sommet très politique... notamment pour l’Arabie saoudite dans le contexte des relations un peu difficiles avec les États-Unis récemment. C’est une façon d’afficher cette relation avec Pékin qui est florissante.

C’est quelque chose qu’on a déjà vu les années précédentes, par exemple le fait que la tournée asiatique de Mohammed ben Salman avait eu lieu peu de temps après l’affaire Jamal Khashoggi [journaliste mort au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul] et donc les tensions qu’on avait vues entre l’Arabie saoudite et leur allié à Washington ». Après le meurtre du journaliste en octobre, le prince héritier saoudien avait effectué une tournée en Asie qui l'avait notamment mené en Chine.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman avec l'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Li Huaxin, lors d'une visite à la Grande Muraille de Chine, le 21 février 2019.
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman avec l'ambassadeur de Chine en Arabie saoudite, Li Huaxin, lors d'une visite à la Grande Muraille de Chine, le 21 février 2019. Reuters

« La relation avec la Chine revient sur le devant de la scène dans des périodes de tensions dans les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis, poursuit Camille Lons, selon laquelle ces échanges s'inscrivent dans « une tendance de plus long terme qu’on voit, où les pays du Golfe et l’Arabie saoudite notamment, mais d’autres pays de la région aussi, tentent de vouloir diversifier leur relation diplomatique avec d’autres partenaires. Et la Chine fait partie bien sûr des partenaires-clé de cette diversification. »

► À lire aussi : Xi Jinping en Arabie saoudite: pétrole, «nouvelles routes de la soie» et coopération stratégique au menu de la visite

RFI : Il sera question d'hydrocarbures et de contrats, mais aussi de défense et de sécurité. Quelle place pour la Chine dans ce domaine, sur fond d'alliance militaire et stratégique ancienne entre Washington et les pays du Golfe ?

« Il y a eu l’émergence d’un début de coopération sur les questions militaires et sécuritaires entre la Chine et les pays de la région. Cela reste encore un tabou, parce que ce sont des pays, notamment dans le Golfe, qui dépendent complètement du bouclier américain, surtout pour faire face à l’Iran, et encore plus en ce moment, avec une vraie peur d’escalade dans la région. »

Des drones achetés à la Chine

Les pays du Golfe souhaitent diversifier leurs partenaires stratégiques, notamment dans les questions sécuritaires, « à un moment où ils doutent de la volonté de Washington de les soutenir sécuritairement sur le long terme comme ils l’ont fait jusqu’à présent. On voit des débuts de coopération, notamment les pays du Golfe ont acheté des drones à la Chine, que les États-Unis et Européens leur refusent. On a des coopérations aussi dans le développement local de drones avec la manufacture de drones en Arabie saoudite ou aux Émirats. Donc, on voit en effet une émergence sur le côté sécuritaire, mais qui reste minime par rapport à l’importance de la relation sécuritaire avec les États-Unis. »

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