La présidence indienne du G20 marque un moment décisif car le pays contribue à définir un certain nombre de questions mondiales. Parmi eux ,citons la réforme des banques multilatérales de développement, l’inclusion de l’Union africaine et l’accent mis sur l’action climatique. En tant que figure centrale du G20 cette année, le Premier ministre Narendra Modi a réussi à faire en sorte que l’Inde joue un rôle central dans la prise en compte des préoccupations des pays du Sud.
Lors d’un entretien exclusif de plus de 40 minutes avec Business Today dans son vaste bureau aménagé au 7, LokKalyan Marg, quelques jours avant le sommet des dirigeants du G20, M. Modi, vêtu de façon impeccable et l’air très détendu, parle avec passion de l’opportunité qu’a l’Inde de contribuer à résoudre les problèmes mondiaux, de plus comment l’infrastructure publique numérique du pays est devenue la coqueluche du monde ,vue que l’Inde est le centre potentiel du manufacturier , et tant d’autres.
Q : La présidence indienne du G20 intervient à un moment où les agences internationales sont optimistes quant au potentiel de croissance de l’économie indienne. Selon vous, comment le sommet du G20 contribuera-t-il à renforcer l’image de l’Inde en tant que puissance économique émergente et en tant que voix crédible sur les plates-formes économiques mondiales ?
R : Je ne pense pas que l’image d’un pays et son image de marque puissent être renforcées par un sommet. Le monde financier travaille sur des faits concrets. Il se base sur les performances et non sur la perception. Qu’il s’agisse de la manière dont l’Inde a combattu la pandémie de Covid-19 et aidé d’autres pays à le faire, ou de la manière dont nous avons géré notre économie pour en faire le pays à la croissance la plus rapide, ou encore de la manière dont nos systèmes financiers et bancaires se sont renforcés, aujourd’hui, le monde est conscient de la trajectoire de l’Inde. Par conséquent, voir un summit à travers le prisme de la construction d’une image nuit à l’histoire de la croissance de l’Inde.
Le summit du G20 doit être plus vue dans un contexte global. Pendant et après la pandémie du Covid-19, le monde a connu de nombreuses turbulences et le groupe des pays du G20 s’est naturellement senti concerné. Les pays du G20 ont également estimé qu’il ne suffisait pas de parler de milliards et de trillions pour avoir un impact et qu’il fallait se concentrer sur un développement centré sur l’homme. D’après mon expérience, les discussions se sont poursuivies dans ce sens au cours de notre présidence du G20.
Lors de nombreuses réunions et discussions, nous avons constaté que les anciennes positions ont cédé la place à de nouvelles perspectives. Les pays développés et les pays en développement se réuniront pour la première fois et trouveront des solutions aux problèmes mondiaux. Nous avons jeté les bases de l’inclusion en invitant l’Union africaine. L’ampleur de la participation à notre présidence du G20 a été sans précédent et l’ouverture des participants a été inégalée. Je suis convaincu que cela conduira au succès, grâce aux contributions de tous les pays. L’Inde et le G20 indien joueront un rôle de catalyseur pour le nouvel ordre mondial.
Q : Votre gouvernement a investi beaucoup d’énergie dans la préparation de la présidence indienne du G20. Quels sont les principaux résultats que vous espérez obtenir à la fin de la présidence indienne ?
R : Je vous remercie d’avoir reconnu les efforts de l’Inde. Aujourd’hui, en l’absence de réformes, les institutions multilatérales perdent leur crédibilité et leur confiance dans le monde entier. D’un autre côté, de nombreux petits groupes émergent. Le monde observe comment le G20 se profile pour combler le vide existant aujourd’hui en termes d’institutions multilatérales.
Le monde attend du G20 qu’il devienne une force motrice dans le monde et qu’il contribue à l’élaboration de politiques qui façonneront l’avenir de l’humanité. Le groupe G20 est considéré comme une lueur d’espoir par le monde et les bases en sont jetées pendant la présidence indienne du G20. Le travail accompli et les résultats attendus sont tous futuristes.
La présidence indienne du G20 contribuera à la réalisation d’un avenir unique en reflétant la voix et les préoccupations des pays du Sud et en réalisant des progrès considérables en matière de coopération dans le domaine de la technologie, sous la forme de l’intelligence artificielle et de l’innovation numérique.
“Ce G20 reflète la voix et les préoccupations des pays du Sud. Ce G20 donne un élan au développement mené par les femmes. Alors que la technologie est appelée à jouer un rôle important à l’avenir, ce G20 fait des pas de géant dans les domaines de l’IA et de l’IAP [infrastructure publique numérique]”
Q : Alors que les phénomènes météorologiques extrêmes et la nécessité de lutter contre le changement climatique deviennent un problème mondial urgent, quels sont les progrès que vous espérez réaliser au sein du G20 ?
R : Les humains doivent accepter que nous sommes à l’origine de ce problème. Oui, il y a des nuances : certains sont plus responsables que d’autres de la situation actuelle. Mais nous devons accepter la réalité de l’impact humain sur la planète. Le jour où nous l’accepterons pleinement, la question n’apparaîtra plus comme un défi ou un problème. Nous chercherons automatiquement des solutions, que ce soit par le biais de la technologie, du mode de vie, etc.
Aujourd’hui, le monde a une attitude restrictive à l’égard de cette question. On parle de limitations et les actions en faveur du climat sont critiquées. C’est pourquoi il y a des frictions entre les pays en ce qui concerne l’action climatique. Si toute l’énergie est dépensée à se concentrer sur ce qu’il ne faut pas faire plutôt que sur ce qu’il faut faire, une telle approche ne peut pas mener à l’action.
En outre, un monde divisé ne peut pas relever un défi commun. C’est pourquoi notre approche, au cours de notre présidence du G20 et dans d’autres domaines, a consisté à unifier le monde sur cette question et sur ce qu’il est possible de faire.
Il faut aider à la fois les pauvres et la planète. L’Inde va de l’avant dans ce domaine en adoptant non seulement une attitude positive, mais aussi un état d’esprit propice à la recherche de solutions. Notre initiative "Un monde, un soleil, un réseau" était une initiative positive similaire.
Il faut que la pensée soit orientée vers l’action. S’il n’y a pas de transfert de technologie, comment les pays pauvres peuvent-ils travailler à l’atténuation du changement climatique ? Si le financement de la lutte contre le changement climatique est inadéquat, les pays pauvres peuvent-ils s’atteler à l’atténuation du changement climatique ?
Notre présidence donne la prioritéà la mobilisation des ressources pour le financement de la lutte contre le changement climatique, en adaptant le soutien aux transitions aux besoins de chaque pays. Reconnaissant le besoin de technologies vertes innovantes, nous mettons l’accent sur les solutions financières, les politiques et les incitations pour stimuler l’investissement privé dans le développement et le déploiement de solutions à faible teneur en carbone.
Dans le cadre de sa présidence du G20, l’Inde plaide en faveur d’une palette de politiques mondiales diversifiées en matière de transition, permettant aux pays de choisir entre différentes stratégies de tarification et de non tarification, allant des taxes sur le carbone aux normes en matière de technologies vertes, en fonction de leur situation particulière.
En outre, l’expérience indienne a montré qu’une véritable transformation ne peut résulter que de mouvements de masse, de la participation de la population. Notre mission LiFE cherche à faire de la lutte contre le changement climatique un mouvement de masse en se concentrant sur la transformation du mode de vie. Lorsque chaque individu saura qu’il peut faire une différence directe pour le bien-être de la planète, les résultats seront beaucoup plus larges.
“Notre présidence donne la priorité à la mobilisation des ressources pour le financement de la lutte contre le changement climatique, en adaptant le soutien aux transitions aux besoins de chaque pays”
Q : D’autres questions financières importantes font également partie du programme de l’Inde pour le G20, notamment la restructuration de la dette pour les pays confrontés à des niveaux élevés de dette souveraine. Quels ont été les progrès réalisés dans ce domaine et dans quelle mesure espérez-vous un consensus sur ces questions pendant la présidence Indienne ?
R : La discipline financière est très importante pour tous les pays. Il est du devoir de chaque pays de se prémunir contre l’indiscipline financière, mais en même temps, certaines forces ont cherché à tirer des avantages indus en catalysant des crises de la dette. Ces forces ont profité de l’impuissance d’autres pays et les ont entraînés dans le piège de la dette.
Depuis 2021, le G20 s’est fixé comme priorité de remédier aux vulnérabilités de la dette dans les pays à revenu faible et intermédiaire. La réalisation de l’agenda 2030 des ODD dépend des progrès de ces pays, mais le service de la dette entrave leurs efforts, limitant la marge de manœuvre budgétaire pour les investissements dans les ODD ( objectifs de deleloppement durable).
En 2023, sous la présidence de l’Inde, le G20 a donné une impulsion significative à la restructuration de la dette par le biais du cadre commun. Avant l’initiative de l’Inde, seul le Tchad avait fait l’objet d’une restructuration de sa dette au titre de ce cadre. Sous l’impulsion de l’Inde, la Zambie, l’Éthiopie et le Ghana ont fait des progrès notables. L’Inde a joué un rôle central en tant que créancier principal.
En dehors du cadre commun, les forums du G20 ont facilité la coordination de la restructuration de la dette du Sri Lanka, avec un comité coprésidé par l’Inde, le Japon et la France.
La présidence indienne a également vu la création de la table ronde mondiale sur la dette souveraine, coprésidée par le FMI, la Banque mondiale et la présidence du G20. Cette table ronde vise à renforcer la communication et à favoriser une compréhension commune entre les principales parties prenantes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du cadre commun, afin de faciliter un traitement efficace de la dette.
Q : Il a été question d’un cadre mondial pour la réglementation des crypto-monnaies. Quels sont les progrès réalisés dans ce domaine ?
R : Le rythme rapide de l’évolution des technologies est une réalité - il ne sert à rien de l’ignorer ou de souhaiter qu’elle disparaisse. Il faut plutôt se concentrer sur l’adoption, la démocratisation et une approche unifiée. Dans le même temps, les règles, les réglementations et le cadre qui l’entourent ne devraient pas appartenir à un pays ou à un groupe de pays.
Ainsi, non seulement les crypto-monnaies, mais aussi toutes les technologies émergentes ont besoin d’un cadre et de réglementations à l’échelle mondiale.
Un modèle mondial fondé sur le consensus est nécessaire, en particulier un modèle qui prenne en compte les préoccupations des pays du Sud. Nous pouvons nous inspirer du domaine de l’aviation. Qu’il s’agisse du contrôle du trafic aérien ou de la sécurité aérienne, il existe des règles et des réglementations mondiales communes qui régissent le secteur.
Au cours des neuf derniers mois, des efforts et une énergie considérables ont été consacrés à l’endettement et aux crypto-monnaies. La présidence indienne du G20 a élargi le débat sur les crypto-monnaies au-delà de la stabilité financière pour prendre en compte ses implications macroéconomiques plus larges, en particulier pour les marchés émergents et les économies en développement.
Le G20 est parvenu à un consensus sur ces questions, guidant les organismes de normalisation en conséquence. Notre présidence a également organisé des séminaires et des débats enrichissants, qui ont permis d’approfondir les connaissances sur les crypto-actifs. Nous ne nous sommes pas contentés de réfléchir à la manière dont nous devrions aller de l’avant. Nous avons également fourni des détails tangibles sur la voie à suivre et sur la rapidité avec laquelle nous devons agir. Notre feuille de route est donc détaillée et orientée vers l’action.
“Le groupe G20 est considéré comme une lueur d’espoir par le monde et les bases en sont jetées pendant la présidence indienne du G20”
Q : L’Inde s’est attelée à l’important programme de réforme de la structure des banques multilatérales de développement (BMD). Les efforts précédents n’ont pas eu beaucoup d’impact. Dans quelle mesure espérez-vous que la présidence indienne fera avancer ce dossier clé ?
R : En ce qui concerne les BMD, les efforts du G20, jusqu’à récemment, se sont principalement concentrés sur la manière d’optimiser leurs bilans afin qu’elles puissent utiliser leurs ressources existantes de la manière la plus efficace possible.
Toutefois, depuis la pandémie, on s’est rendu compte que les BMD devaient intégrer les défis mondiaux tels que le changement climatique, les pandémies, etc. dans leur mandat principal de développement. Cela nécessiterait une réforme des cadres existants des fonctions des BMD et une augmentation de leurs ressources financières. Ce besoin est ressenti par l’ensemble des pays du Sud.
Au cours de notre présidence, nous avons été en mesure d’orienter efficacement cette question. Contrairement à ce qui se passait auparavant, l’appel à la réforme des BMD émane désormais des actionnaires des BMD eux-mêmes, ce qui a permis de renforcer l’influence de l’ordre du jour de la présidence indienne sur les BMD. Les actionnaires des BMD sont désormais conscients de l’importance de la question. La présidence a créé le groupe d’experts indépendants du G20 sur le renforcement des banques multilatérales de développement. Ce groupe est composé de quelques-uns des meilleurs spécialistes mondiaux de l’architecture financière internationale. Le groupe a présenté le volume 1 de son rapport et le volume 2 sera présenté en octobre.
Les recommandations du groupe d’experts font largement écho aux réflexions de l’Inde sur le renforcement de la solidité financière des BMD, l’augmentation des niveaux de prêt pour répondre aux mandats fondamentaux d’élimination de la pauvreté et de promotion d’une prospérité partagée, tout en relevant les défis mondiaux émergents. Grâce à ce rapport et aux dialogues visant à dégager un consensus, l’Inde a efficacement intégré les priorités des pays du Sud dans le débat mondial sur les réformes des BMD.
“Il faut aider à la fois les pauvres et la planète. L’Inde va de l’avant dans ce domaine en adoptant non seulement une attitude positive, mais aussi un état d’esprit propice à la recherche de solutions”.
Q : L’infrastructure publique numérique de l’Inde, l’India Stack et les services tels que Aadhaar, UPI, Co-WIN et Pradhan Mantri Jan DhanYojana ont connu un immense succès en fournissant des services directement aux bénéficiaires. Dans quelle mesure l’Inde a-t-elle pu présenter ces services comme un modèle viable de développement au G20 et aider d’autres pays à les utiliser avec succès ?
R : La croissance inclusive est la première condition de la justice sociale et la croissance inclusive a besoin d’une livraison du dernier kilomètre. L’Inde a montré que la technologie peut être un outil important pour assurer la livraison du dernier kilomètre. La technologie a aidé l’Inde à cibler les prestations sociales. Notre utilisation de la technologie a été axée sur la croissance inclusive et la formalisation. L’utilisation de la technologie dans les districts ambitieux a conduit à une amélioration significative de divers indicateurs. Elle a permis non seulement d’améliorer la formalisation, mais aussi d’offrir aux pauvres des crédits abordables et d’autres facilités.
Aujourd’hui, le monde entier reconnaît le succès de l’Inde dans la promotion et l’utilisation de l’infrastructure publique numérique pour le développement socio-économique de sa population. Le fait que 46 % des transactions mondiales de paiement numérique soient désormais effectuées en Inde est un exemple éclatant de la réussite de nos politiques. Le monde entier considère aujourd’hui l’Inde comme un incubateur d’innovation. Non seulement les experts mondiaux ont apprécié l’utilisation par l’Inde de l’infrastructure publique numérique, mais je ressens également beaucoup d’intérêt pour ces infrastructures lors de mes rencontres avec les dirigeants du monde entier.
L’infrastructure publique numérique de l’Inde offre une gamme variée de produits qui trouvent leur utilitéà la fois dans les pays du Sud et dans les pays développés. De nombreux pays souhaitent bénéficier de notre expérience, et nous avons réussi à initier une coopération avec au moins une douzaine de pays.
Nous travaillons avec les pays du G20 pour accélérer le développement mondial en tirant parti de la technologie, notamment en promouvant le concept de biens publics numériques par le biais d’une approche commune de l’infrastructure publique numérique. Cette démarche a été très appréciée par l’ensemble des membres du G20.
Nous sommes convaincus que la popularité croissante de l’infrastructure publique numérique de l’Inde contribuera grandement à accélérer l’inclusion financière et la facilité de vie à l’échelle mondiale.
“ Forte de son succès et consciente de l’importance des start-ups au niveau mondial, l’Inde a pris une initiative importante en créant le groupe d’engagement Startup20, dans le cadre de sa présidence du G20. Il s’agit de la première initiative de ce type dans le cadre du G20”
Q : Il a été question d’utiliser la plateforme du G20 pour contribuer à la création d’un écosystème mondial de start-up. Comment votre gouvernement espère-t-il aller de l’avant à cet égard ?
R : Si l’on regarde l’histoire, on constate qu’il y a eu une ère de croissance progressive pendant un certain temps. Mais aujourd’hui, les choses ont changé. D’une ère de changements progressifs, nous sommes passés à l’ère des innovations perturbatrices. L’ampleur du changement que l’on observait il y a 100 ans se produit aujourd’hui en seulement 10 ans ! Cela signifie que les gouvernements et la société doivent être prêts à rattraper les changements rapides.Si nous regardons l’expérience de l’Inde, nous avons non seulement compris le potentiel des start-ups, mais nous leur avons aussi fourni une rampe de lancement.
Nous avons offert aux jeunes de multiples possibilités. Nous avons lancé la mission d’innovation Atal et les laboratoires de bricolage Atal. Aujourd’hui, il existe 10 000 Atal Tinkering Labs dans lesquels 75 lakhs d’étudiants ont travaillé sur des milliers de projets d’innovation. Nous avons mis en place des centres d’inc ubation et organisé un grand nombre de hackathons. Nous avons également organisé des hackathons en partenariat avec différents pays. Cela a permis de développer un état d’esprit de "résolution de problèmes".
Toutes ces interventions ont conduit à l’émergence exponentielle de start-ups, qui sont à l’origine de changements perturbateurs.
Aujourd’hui, l’Inde compte une centaine de milliers de start-ups et une centaine de licornes. De nombreux experts considèrent l’Inde comme la plaque tournante des start-ups. Lorsqu’il s’agit de notre philosophie de base en matière de gouvernance, il est naturel que nous souhaitions porter cette dynamique à l’échelle mondiale. Forte de son succès et consciente de l’importance des start-ups au niveau mondial, l’Inde a pris une initiative importante en créant le groupe d’engagement Startup20, dans le cadre de sa présidence du G20. Il s’agit de la première initiative de ce type dans le cadre du G20. Ce groupe agit comme la voix de l’écosystème mondial des start-ups en rassemblant diverses parties prenantes sur une plateforme commune.
Il aspire à créer un discours global pour soutenir les start-ups et permettre des synergies entre les start-ups, les entreprises, les investisseurs, les agences d’innovation et d’autres acteurs clés de l’écosystème. Nous sommes convaincus qu’ils seront en mesure de prendre des mesures concrètes dans des domaines tels que le renforcement des capacités, l’identification des lacunes en matière de financement, l’amélioration des possibilités d’emploi, la réalisation des objectifs des ODD et la croissance d’un écosystème inclusif. Les réunions de ce nouveau groupe d’engagement ont suscité un vif intérêt et nous espérons qu’il s’imposera comme un pilier essentiel du processus du G20.
“L’Inde a montré que la technologie peut être un outil important pour assurer la livraison du dernier kilomètre. La technologie a aidé l’Inde à cibler les prestations sociales”
Q : Le FMI a déclaré que l’Inde est l’économie qui connaît la croissance la plus rapide au monde, avec une croissance attendue de 6,1 % pour l’exercice en cours. Pensez-vous que l’économie fera mieux que prévu au cours de cette année fiscale, étant donné que la plupart des indicateurs macroéconomiques restent robustes et indiquent une reprise de la demande ?
R : L’expérience de ces dernières années montre que l’Inde a obtenu de meilleurs résultats que prévu. C’est ce qui ressort de nos antécédents.
Aujourd’hui, notre croissance est plus rapide que celle de la plupart des pays et c’est à notre peuple qu’il faut en attribuer le mérite. Aujourd’hui, alors que nous aspirons à une croissance encore plus rapide, notre peuple a une grande responsabilité. Notre caractère national jouera un rôle important lorsque nous ferons le prochain saut de croissance. Tout comme le SwadeshiAndolan a donné une grande force à notre mouvement pour la liberté, les mouvements de masse d’aujourd’hui alimenteront la prochaine vague de croissance.
Cela se produira grâce aux mantras suivants : Vocal for Local, Aatmanirbhar Bharat, Zero Defect & Zero Effect dans le secteur manufacturier, Zero Import, Maximum Export dans le secteur agricole et Autosuffisance en matière de besoins énergétiques. Au fur et à mesure que nos citoyens mettent en œuvre ces principes, nous nous rapprochons de nos objectifs. Les fabricants mondiaux viennent en Inde et une ère de création d’emplois sans précédent est en train de s’ouvrir. Et quand je dis "Vocal pour le local", pour moi, tout ce qui est fabriqué en Inde à la sueur et au labeur des Indiens est local. Il y a une dizaine d’années, l’Inde figurait parmi les cinq pays les plus fragiles. L’Inde était considérée comme un pays qui n’atteignait pas son plein potentiel.
En dix ans, l’Inde est passée de la dixième à la cinquième place des économies mondiales. En dix ans, l’Inde est désormais considérée comme un pays doté d’un immense potentiel qui s’appuie sur des performances impressionnantes.
L’impulsion donnée par le gouvernement en matière d’infrastructures ces dernières années contribue également à attirer les investissements privés. La formation brute de capital fixe en Inde, en pourcentage du PIB, s’élève à 34 %, son niveau le plus élevé depuis 2013-14. La croissance du crédit en 2022-23 a bondi à près de 15 %, la plus forte depuis près d’une décennie. Ces indicateurs indiquent le début d’un nouveau cycle d’investissement privé.
La consommation intérieure, tant rurale qu’urbaine, reste forte. L’inflation est en baisse et les flux de devises ont été importants cette année. Tous les indicateurs étant à la hausse, la croissance ne peut qu’être forte. Au cours des neuf dernières années, les entrées d’IDE ont doublé, les réserves de devises ont doublé, les dépenses d’investissement du gouvernement central ont été multipliées par plus de cinq, les bilans des banques ont été assainis et elles réalisent des bénéfices. Je suis convaincu que l’économie indienne continuera à bien fonctionner et à offrir des opportunités et une prospérité sans précédent à notre peuple.
“Si nous n’incluons pas les pays en développement, comment pouvons-nous réaliser VasudhaivaKutumbakam ? Comment pouvons-nous avoir une seule Terre, une seule famille, un seul avenir ?”
Q : Alors que des entreprises comme Apple et Tesla manifestent leur intérêt pour le développement de centres de production en Inde, dans quelle mesure, selon vous, le pays a-t-il progressé dans sa transformation en un centre de production mondial viable et alternatif à la Chine ? Comment évaluez-vous l’exécution du programme "Make in India" et que faut-il encore faire, selon vous, pour que l’Inde profite du pivot Chine+1 dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ?
R : Votre question me surprend. Si quelqu’un fait de l’exercice pour améliorer sa propre santé, doit-on considérer qu’il se prépare à combattre quelqu’un d’autre ? Nous avons l’une des jeunesses les plus jeunes et les plus talentueuses du monde. Ne devrait-elle pas avoir la liberté de rêver de progrès ?
Si l’Inde dispose d’un marché aussi vaste, ne devrait-elle pas rêver de devenir également une puissance manufacturière ? Je veux que mes concitoyens aient accès à des équipements aussi performants que ceux des pays développés. Le monde reconnaît aujourd’hui la force de l’Inde. Ils viennent ici parce que c’est bon pour leur entreprise, leur produit et leurs profits.
Les efforts que nous faisons depuis 2014 auraient dû être faits il y a 40-45 ans. À l’époque, le pays savait quelles étaient les bonnes choses à faire, mais les décideurs ont pris les mauvaises décisions. Depuis 2014, nous mettons l’accent sur le développement de l’industrie manufacturière et sur l’amélioration de la facilité de faire des affaires. En mettant l’accent sur des infrastructures de classe mondiale, le développement des compétences de notre main-d’œuvre, des politiques de soutien et des incitations fiscales attrayantes, nous transformons notre secteur manufacturier. La croissance de l’empreinte manufacturière d’Apple en Inde, la décision de Micron d’installer l’assemblage de semi-conducteurs en Inde, tout cela montre l’attrait croissant de l’Inde en tant que destination manufacturière. Il est essentiel de développer l’échelle et le volume pour que l’Inde devienne un centre de production mondial alternatif et compétitif. C’est pourquoi il est essentiel d’attirer les investissements et de créer des capacités de production pour développer la chaîne d’approvisionnement. Nos programmes PLI sont conçus pour inciter les entreprises à accroître leurs capacités de production et la valeur ajoutée locale d’année en année.
Q : Les vents contraires géopolitiques, en particulier la guerre entre la Russie et l’Ukraine, compliquent la recherche d’un consensus mondial. Pendant la présidence indienne, comment espérez-vous traiter les questions sur lesquelles il s’est avéré difficile de trouver un consensus mondial ? Nous voyons différents pays essayer de trouver un moyen de forger la paix entre la Russie et l’Ukraine. En tant que président du G20, avez-vous un plan qui, selon vous, pourrait aider à trouver une issue à la guerre entre la Russie et l’Ukraine ?
R : Conformément à votre stratégie commerciale, vous allez publier un numéro spécial sur le G20. Cependant, votre question relève davantage d’un débat politique. Par conséquent, vous devriez évaluer s’il est souhaitable de lier le G20 ou notre présidence du G20 à cette question. Je voudrais vous demander pourquoi il vous est venu à l’esprit de poser une question sur cette seule question, comme s’il n’y avait qu’un seul problème dans le monde ? Pourquoi ne vous est-il pas venu à l’esprit qu’il y a des problèmes dans d’autres parties du monde, comme en Syrie, dans certains pays d’Afrique, d’Asie de l’Est, d’Amérique latine ? En tant que magazine économique, pourquoi ne vous est-il pas venu à l’esprit de vous concentrer sur les réunions du G20 qui se sont tenues jusqu’à présent plutôt que de vous focaliser sur des débats politiques ? Il existe des organisations internationales telles que les Nations unies qui se concentrent sur toutes ces questions. Mon objectif est de faire en sorte que notre présidence du G20 permette de définir des positions communes sur les questions de développement qui sont importantes pour les pays du Sud.
Q : Vous avez vigoureusement plaidé pour que l’Union africaine devienne membre du G20. Quel rôle voyez-vous l’Union africaine jouer au sein du G20 et pourriez-vous nous faire part de votre vision du rôle que jouera le continent africain dans l’élaboration du nouvel ordre mondial émergent ?
R : En octobre 2015, nous avons organisé un grand sommet Inde-Afrique à New Delhi. Il s’agissait d’un effort massif qui a permis aux dirigeants de 54 pays du continent africain de venir en Inde. C’était l’occasion rêvée de publier un numéro spécial. Malheureusement, les médias de notre pays n’ont pas compris l’importance et le caractère unique de cet événement. En fait, vous devriez également vous pencher sur la couverture que votre magazine a accordée à ce sommet. Je suis heureux qu’au moins maintenant vous ayez penséà l’Union africaine et que vous m’ayez posé cette question.
Je me sens profondément concerné par les pays du Sud. Je suis fermement convaincu que nous devons accorder de l’importance au monde en développement si nous voulons progresser dans l’agenda mondial du développement. Si nous leur accordons une place de choix, si nous les écoutons, si nous comprenons leurs priorités, ils ont la capacité de contribuer au bien commun.
Lorsque j’étais ministre en chef du Gujarat, j’ai accueilli pour la première fois le sommet de la Banque africaine de développement à Ahmedabad. C’était également la première fois que la Banque tenait sa réunion en dehors de l’Afrique. Ce fut un grand succès.
Cette fois, nous avons décidé de garder VasudhaivaKutumbakam comme devise de notre présidence du G20. Elle est basée sur notre croyance fondamentale et notre éthique.
Si nous n’incluons pas les pays en développement, comment pouvons-nous réaliser VasudhaivaKutumbakam ? Comment pouvons-nous avoir une seule Terre, une seule famille, un seul avenir ?
C’est pourquoi, après avoir pris la présidence du G20, le premier événement que j’ai organisé a été le sommet "Voice of Global South" en janvier de cette année. Après les avoir écoutés et avoir compris leurs priorités et leurs préoccupations, nous avons établi l’ordre du jour de notre présidence du G20. Nous avons inscrit les priorités des pays du Sud à l’ordre du jour du G20 et nous avons fait des progress.
C’est dans cet esprit que j’ai pris l’initiative de faire de l’Union africaine un membre permanent du G20 pendant notre présidence. Je suis persuadé que nous recevrons le soutien nécessaire à cette fin. Cela rendra le G20 plus représentatif et permettra aux pays du Sud de mieux se faire entendre.
Une grande menace pèse sur l’ordre mondial lorsque les pays ont le sentiment que leurs points de vue, leurs préoccupations et leurs problèmes ne sont pas pris en considération dans la prise de décision. Nous sommes convaincus que sans la voix et la participation du monde en développement, il est impossible de trouver des solutions durables aux défis mondiaux.
L’Afrique, en particulier, n’a pas reçu la reconnaissance et la place qui lui reviennent dans les institutions de la gouvernance mondiale. L’Inde et l’Afrique entretiennent des relations très spéciales et l’Inde a toujours plaidé en faveur d’un rôle plus important de l’Afrique dans les affaires mondiales.
Au cours de notre présidence du G20, nous avons pris l’initiative de demander un siège permanent pour l’Union africaine au sein du G20, et nous pensons que notre proposition bénéficiera du soutien des autres membres du G20.
Nous pensons que cette mesure permettra au continent africain de mieux exprimer ses préoccupations et ses points de vue sur la scène internationale et de jouer un rôle important dans l’élaboration de l’ordre mondial.
Credits
Producer : Arnav Das Sharma
UI Developer : Pankaj Negi
Creative Producer : Raj Verma
Source : https://www.businesstoday.in/interactive/photo-essay/exclusivit-bt-ce-g20-reflte-la-voix-des-pays-du-sud-d%C3%A9clare-le-premier-ministre-narendra-modi-90-06-09-2023
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel8 septembre 2023 par Akpédjé Ayosso, Ignace B. Fanou