Burundi
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Centre-ville : Les vendeuses ambulantes font de la résistance

Elles sont victimes de passages à tabac, de déversement et de saisie de leurs marchandises par la police. Désormais, ces vendeuses ne se laissent plus faire. Un activiste parle de violations des droits humains.

L’histoire d’une jeune fille qui a résisté à un policier, mercredi 12 juillet, est encore sur toutes les lèvres sur la rue passant entre la Régie nationale des Postes et l’ancien marché centrale de Bujumbura. C’est une rue très fréquentée ou la course-poursuite est régulière entre les policiers et les vendeuses ambulantes. Elles sont accusées de faire du commerce dans un lieu interdit. Cet après-midi là, cette jeune fille confie qu’un policier de la position communément appelé « SOGEMAC » lui a donné des coups de ceinture : « J’ai senti une colère monter en moi, et j’ai décidé de me défendre en saisissant la ceinture. Mais d’autres policiers sont venus lui prêter main forte. Tout le monde s’est précipité sur moi pour me donner des coups de ceinture. » Elle raconte qu’ils étaient au moins 5 policiers. Elle sera, par la suite, jetée au cachot avant d’être libérée. Cette vendeuse ambulante de serviettes hygiéniques fait savoir que le policier l’avait menacé sans rien invoquer comme motif. Selon elle, il a même essayé de la poursuivre au cachot. Mais, affirme-t-elle un autre policier le lui a interdit.

Des sources sur cette route indiquent qu’une autre vendeuse de fruits est hospitalisée à cause des coups que lui a infligé un policier. Une policière signale qu’une autre vendeuse de fruits l’a averti que ses marchandises risquent d’être saisies et lui a demandé de vider les lieux. Ce qu’elle a refusé. Un autre policier est venu pour lui arracher ses fruits, mais celle-ci a résisté, avant de courir à toute vitesse. Nos sources indiquent que le policier l’a poursuivie et lui a asséné des coups. Elle est tombée par terre et a perdu connaissance. « Elle a passé plus d’une heure allongée au sol, entourée par des policiers », font savoir d’autres vendeuses ambulantes au centre-ville. Elles soulignent qu’un policier en civil s’est insurgé contre l’attitude du policier qui a frappé la victime. « Il leur disait que ce n’est pas ainsi qu’il fallait faire. Ils auraient pu les empêcher de travailler ici sans violence », témoignent-elles.

La routine…

« C’est notre quotidien », raconte une vendeuse d’oignons sur l’avenue de l’Amitié, à proximité de l’ancien marché central. À tout moment, les vendeuses ambulantes savent qu’elles peuvent être sommées de vider les lieux où de voir leurs marchandises saisies ou déversées par la police. « Ils m’ont presque tout pris. Mon capital de 100 mille BIF est perdu ».

Cette veuve et mère de 4 enfants dit ne pas pouvoir nourrir sa petite famille sans effectuer son commerce ambulant au centre-ville. Elle affirme avoir été frappée par un policier sur son omoplate droite. « Je sens encore un peu de douleurs quand je lève mon bras vers le haut ». Parfois, fait-elle remarquer, certaines sont tellement en colère qu’elles se jettent sur eux à leurs risques et périls.

L’Association de Lutte contre le Chômage et la Torture (Aluchoto) déplore le fait que les femmes exerçant le petit commerce ambulant au centre-ville soient régulièrement chassées et battues. « Nous considérons cela comme une violation des droits de la personne humaine », critique Vianney Ndayisaba, coordinateur national. Ce dernier fait allusion à la femme qui a été battue au cours de la semaine dernière. Selon ses camarades d’infortune, elle reçoit pour l’heure des soins de santé.

Une solution sans recours à la force

Pour que les tensions cessent entre les vendeuses et les policiers, recommande M. Ndayisaba, les policiers doivent respecter leur éthique et déontologie professionnelle. « Ils connaissent la loi, ils ont été formés, ils savent qu’ils ne peuvent pas violer les droits humains ». Pour lui, ces policiers doivent plutôt protéger ces femmes qui se battent pour subvenir aux besoins de leurs enfants.

Aluchoto propose au gouvernement de leur trouver une place qui leur permette de continuer de travailler en toute tranquillité. Il peut même les appuyer financièrement et les encadrer dans des coopératives. Et d’ajouter aussitôt : « La Banque des femmes peut soutenir ce genre de projet, une fois avalisé par le gouvernement. »

En attendant, Aluchoto demande à l’administration de la commune Mukaza, en collaboration avec la mairie, d’étudier le cas de ces vendeuses ambulantes pour trouver une solution sans aucune violation des droits humains.

Contacté, Rénovat Sindayihebura, l’administrateur de la commune Mukaza, n’a pas voulu réagir. Néanmoins, dans un entretien accordé aux journalistes fin juin 2023, il avait demandé aux organisations féminines de l’appuyer pour convaincre les vendeuses ambulantes de quitter les environs de l’ancien marché central. « Même l’Association des femmes journalistes est appelée à aider », avait-il conclu.