Burundi
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Vacances scolaires : Boulot vs Loisirs

La gestion des vacances des enfants par les parents oppose deux mondes. Certains les font inscrire à des centres d’encadrement payants. Pour les enfants des classes modestes, c’est plutôt une occasion de gagner de l’argent.   

La qualité de l’encadrement des enfants en vacances dépend de la classe sociale à laquelle appartient l’enfant. La plus grande partie des enfants burundais en vacances proviennent de familles pauvres. Ils profitent de cette période des vacances pour trouver de petits emplois pouvant leur permettre de s’acheter le matériel scolaire et l’uniforme. A l’opposé, les  enfants issus de familles aisées bénéficient d’un encadrement payant dans des établissements adéquats.

Les enfants issus de familles modestes se retrouvent dans l’obligation de faire de petits travaux manuels pour gagner un peu d’argent. On les retrouve notamment dans la fabrication des briques ou leur transport, dans les chantiers de construction, le commerce ambulant, etc.

Elvis Nikiza, 15 ans, entre en classe de 9e fondamentale dès la rentrée scolaire prochaine. Il fabrique des briques en commune Ntahangwa avec ses trois camarades de classe depuis le 2 juillet. « Depuis la 6e année, mes parents ne m’ont plus donné ce dont j’ai besoin. J’ai alors appris à voler de mes propres ailes. A chaque vacance, petite ou grande, je dois m’occuper utilement. L’argent que je gagne me permet de m’acheter du matériel scolaire et tous mes besoins ». 

Des parents soulagés

Pour Jean Irakoze, les vacances ne sont pas une période de loisir. Il y voit une opportunité. « À moi seul, je ne fabrique pas moins de 3000 briques par jour. En raison de 20 francs par pièce, je gagne 6000 BIF ». Et de déplorer que certains patrons en profitent pour exploiter les enfants.

Les enfants du quartier Kamesa en zone Musaga ne sont pas en reste. Dès le début des vacances, leur travail commence. Agés entre 10 et 17 ans, ils transportent des briques vers les chantiers. Pour eux, leur encadrement est effectif. « Ce ne sont pas mes parents qui m’ont envoyé ici. J’ai trouvé cela nécessaire, car je veux gagner de l’argent. D’autres enfants sont dans la mendicité ou dans la consommation de drogue, mais j’ai choisi d’utiliser mes forces ».

Du côté des parents, si des enfants trouvent un travail pour les occuper, c’est un soulagement. Un père de famille habitant la zone Buterere explique que tous les parents n’ont pas les moyens pour des encadrements payants. « Les enfants se trouvent un travail eux-mêmes pour gagner de l’argent et appuyer ainsi leurs parents. Cela diminue la délinquance ».

Pour lui, de toutes les façons, le rôle des parents dans l’encadrement des enfants en vacances reste indispensable. Ceux-ci doivent veiller à ce que les enfants ne soient pas exploités. « Les travaux qui dépassent leurs âges bafouent leurs droits », met-il en garde.

Loisirs pour les autres

Des enfants en vacances en train de jouer au football sur le terrain de l’Entente sportive à Bujumbura

D’autre part, les enfants des familles aisées jouissent d’un abonnement dans certains centres d’encadrement payants. L’Entente sportive de Bujumbura est l’un des centres les plus prisés par des parents qui ont les moyens. Elle est la plus ancienne institution sportive du Burundi (créée dans les années 1950) et son complexe multisport est immense. On peut s’y entraîner en Natation, football, Judo, tennis, etc. Cet espace fait figure d’exception, durant les vacances estivales. Tous les jours, la piscine est remplie d’enfants et de jeunes. Des enfants sont abonnés pour être encadrés dans différentes disciplines depuis juillet jusqu’en septembre.

Pour le football, un terrain est rempli d’enfants qui font des exercices d’échauffement. Même les moins de cinq ans sont accueillis pour un encadrement par des professionnels. « Des parents qui veulent que l’encadrement de leurs enfants se fasse ici font un abonnement mensuel. C’est 30 mille francs par mois. Pour l’encadrement en vacances, il faut d’abord un abonnement annuel de 25 mille », explique le coach Daniella Nibimenya.

D’après lui, les enfants ont droit à trois séances par semaine. Les chiffres, dit-elle, ne sont pas encore disponibles car les inscriptions continuent. En plus des prix pour un abonnement, les parents doivent chercher des vêtements et chaussures adaptés pour leurs enfants. « Cela nous permet de détecter des talents dès le jeune âge ».

Des frais onéreux

Au tennis, l’encadrement a débuté le 3 juillet et les inscriptions continuent. Pour qu’un enfant soit intégré, le parent doit débourser une somme comprise entre 100 et 175.000 BIF pour deux mois. « Nous avons trois séances par semaine. Les parents doivent trouver des vêtements et chaussures, mais les équipements nécessaires sont disponibles », explique un coordinateur des activités d’encadrement.

Pour ce qui est de la natation, le maître-nageur explique que le programme d’encadrement des enfants en vacances n’existe pas. Il indique néanmoins que les abonnements des enfants pour l’accès à la piscine explosent pendant cette période.

Une mère de famille de deux enfants de 2 et 4 ans indique qu’au début, elle a eu peur et hésitait d’amener ses enfants : « Les coachs m’ont rassurée. Les enfants sont bien suivis et encadrés. Ils apprennent beaucoup de choses. Certains développent même des talents. »

Un autre parent n’a pas douté un seul instant : « En plus d’une activité sportive, c’est une bonne façon d’occuper utilement les enfants. C’est vrai que l’abonnement au tennis est très cher, mais c’est un investissement qui a un prix. Je suis sûr que mes trois enfants sont à l’abri de la délinquance et de la consommation de drogue. »

Et de lancer un plaidoyer en faveur des familles modestes. Pour lui, les enfants ayant des parents moins nantis ont besoin d’un encadrement de qualité. Il lance un appel aux centres d’encadrement de revoir à la baisse les frais d’abonnement pour être abordables pour tous.