Burundi
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Un hôpital qui rend malade les Burundais

Un des dossiers analysés par le Conseil des ministres dans sa réunion du 30 août est le Projet de décret portant Code d’éthique et de déontologie des prestataires de soins et services de santé au Burundi.

Pour les professionnels de santé, toute institution doit être régie par un Code d’éthique et déontologie. Ils voudraient, toutefois, que l’initiative émane d’eux, étant donné qu’il existe déjà l’ordre des médecins qui se veut  » être au service des médecins dans l’intérêt des patients ».

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Le projet de décret a été adopté avec plusieurs recommandations. Un point est sous les feux des critiques : « Identifier un hôpital qui pourrait accueillir de grandes personnalités et l’équiper en conséquence, afin de limiter le recours aux hôpitaux de l’étranger. »
Pour de nombreux Burundais, cet hôpital signe « une santé à deux vitesses ».

Le système de santé burundais est en effet confronté à plusieurs défis : personnel soignant surmené et plutôt mal payé, mauvaise gouvernance des secteurs sanitaires, des médecins qui migrent dans les pays développés ou qui préfèrent prester dans le privé, les systèmes d’information et les technologies sanitaires peu développés, le manque d’équipements adéquats. Le chapelet des défis peut être égrené à satiété.

« Privatiser des chambres et offrir deux poids deux mesures aux patients, c’est le début du désengagement de l’État », tranche un médecin qui s’oppose à l’idée d’un hôpital pour les grandes personnalités. Il propose au gouvernement d’envisager d’améliorer les salaires et fournir aux médecins des incitations comme le logement, de bons équipements de travail et des possibilités d’avancements professionnels, « pour aider à améliorer et à maintenir la population de médecins à des niveaux adéquats. »

Dans un passé proche, une première dame est allée accoucher à l’hôpital Prince Régent Charles, un établissement sanitaire populaire. – Evidemment, on avait rénové les chambres à la maternité-. Elle a forcé l’admiration des Burundais. Par contre, un maire de la ville qui a déclaré qu’il ne pouvait pas se faire soigner à cet hôpital a essuyé une pluie des critiques, une vague d’indignation, qui ont précipité son limogeage, selon certains observateurs.

Qu’elles soient endémiques ou chroniques, les maladies frappent tout le monde, le VIP et le citoyen lambda. Tout le monde devrait avoir accès aux meilleurs praticiens et aux soins adéquats. L’hôpital pour les hautes personnalités qui, par ailleurs ne sont pas faciles à identifier (politiques, opérateurs économiques, célébrités ?) n’est pas une solution aux défis qui minent le système sanitaire burundais. Que madame la ministre écoute le regret de ce médecin qui s’oppose aux deux poids deux mesures dans le système de santé : « C’est souvent un idéal d’équité, voire de justice sociale qui a contribué à nous conduire vers un métier du soin. Pourtant, nous nous retrouvons rapidement contraints à opérer un tri, un choix, à tout le moins une différenciation dans l’accueil accordé aux demandes de soins. »