Burundi
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Entraves aux activités bancaires : l’ABEF alerte

Des dysfonctionnements et pratiques incommodes en matière de mise en jeu des garanties hypothécaires, des frais d’inscription hypothécaires exorbitants…L’ABEF demande une révision de certaines lois.

« Est-ce que l’hypothèque au Burundi confère vraiment un droit réel au du créancier ? – Est-ce que le détenteur d’hypothèque possède le droit de faire saisir et vendre le bien en cas de défaut de paiement du client ? Quel est le coût économique actuel de la constitution d’hypothèque ? La réglementation y relative est-elle adéquate ? », s’interroge le Vice-président de l’ABEF, Joe Dassin Rukundo.

En 2017, la loi n°1/17 du 22 août régissant les activités bancaires a été promulguée, une loi spécifique au secteur bancaire, en remplacement de l’ancienne loi n° 1/017 du 23 octobre 2003 portant réglementation des banques et établissements financiers. Le chapitre IV du titre V de cette loi dite bancaire (article 95 à 97) traite « Des procédures de réalisation des hypothèques » et ces dispositions étant des règles de procédures, elles sont d’ordre public et doivent être suivies comme telles.

Des questions se posent au sein de l’Association des Banques et Etablissements Financiers du Burundi sur la réalisation des garanties en matière de recouvrement des créances bancaires et sur l’inscription hypothécaire.

Le secteur bancaire est confronté à plusieurs défis liés à la problématique de la mise en application de cette loi en raison, d’une part, de l’absence de certains textes d’application sur certaines de dispositions pertinentes concernant la réalisation des garanties .Ces difficultés sont accentuées par la loi n°1/05 du 20 février 2020 portant fixation des droits d’enregistrement en matière foncière qui fixe les droits d’inscription hypothécaire pour tout bénéficiaire de crédit bancaire à 1% du montant du crédit.

« Une formule gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes »
C’est dans l’objectif de dégager une compréhension commune de ces problématiques et de contribuer à y faire face que l’Association des Banques et Établissements Financiers du Burundi a organisé un atelier ce 28 décembre dans l’objectif de mettre en exergue les difficultés d’ordre juridique rencontrées au quotidien dans ce secteur.

« Sur la réalisation des garanties, le problème réside dans l’absence des textes d’application pour permettre aux banques de pouvoir réaliser les garanties en cas de défaillance d’un client sur un crédit qui a été contracté» a fait savoir le secrétaire exécutif de l’ABEF, Boaz NIMPE.

Concernant l’inscription hypothécaire, les problèmes identifiés portent sur l’importance des tarifs par la loi n°1/05 du 20 février 2020 mais aussi des délais d’inscription. Selon cette loi, l’inscription hypothécaire est requise dans les huit jours suivant la signature de l’acte constitutif d’hypothèque et ce moyennant dépôt de rapport d’expertise actualisé déterminant la valeur de l’immeuble au jour de la signature de l’acte constitutif d’hypothèque conformément à la loi bancaire signé, en même temps que la requête d’inscription hypothécaire (Article 26). Des sanctions allant jusqu’à des pénalités de retard de 1 % par mois de retard des droits dus à l’occasion de l’inscription d’hypothèque sont appliquées au créancier. En plus, il y a une exigence pour les Notaires d’un rapport hebdomadaire des actes translatifs des droits réels avec amande de 50.000FBU par acte non transmise et une pénalité de 1% des droits dus par semaine de retard.
Ce taux exorbitant et les charges connexes, surtout pour les crédits de gros montants et les lignes renouvelables annuellement sont de nature à obérer le financement de l’économie : « Depuis sa mise en application, nous observons beaucoup de résistances des clients à supporter les frais d’inscription hypothécaire qui sont exorbitants pour des crédits bancaires portant sur de gros montants», déplorent les représentants de l’ABEF.

En guise d’exemple, dixit le secrétaire exécutif de l’ABEF  un crédit de 100 millions, le client doit payer un million de francs burundais, produire une expertise des immeubles hypothéqués pour pas moins de deux cent mille francs par immeuble donné en garantie, des frais d’authentification des conventions :  « Or quand on demande un crédit bancaire, on est à court de trésorerie, ces montants vont être défalqués sur le crédit et en définitive, le crédit devient trop cher. Des cas d’abandon des prêts demandés par des clients plus avisés pour évaluer le poids de la charge s’observent souvent. L’inscription hypothécaire étant un acte administratif, la meilleure solution serait de revoir à la baise ce taux ou à défaut, le plafonner », a-t-il suggéré.

Que l’inscription hypothécaire soit obligatoire, poursuit-il, cela ne cause pas de problème, mais faut-il encore veiller à ce que le coût de l’inscription et les charges connexes ne constituent pas une barrière à la prise de crédit, levier et moteur du développement.

D’autres lacunes observées

La Direction des titres fonciers fonde ses arguments sur les disposions du Code Foncier et du Code de Procédure Civile et rejette sciemment et catégoriquement les dispositions de la loi bancaire : « Même si nous ne cessons jamais de les évoquer. Ce qui fait que souvent les hypothèques sont réalisées à vil prix. »

Pendant les échanges, la Direction des Titres Fonciers et du Cadastre Nationale n’y va pas par quatre chemins. Pour eux c’est clair, les annotations de mandat d’hypothéquer et les inscriptions partielles sont prohibées. Elle note que pour certains établissements de crédit il y a encore des mandats d’hypothéquer qui n’ont jamais été ni émargés sur les titres ni exécutés. 

«Il y a lieu de se demander sur quelle base légale la direction des Titres Fonciers se fonde pour tirer la conclusion qu’un mandat d’hypothéquer doit préalablement être émargé avant de pouvoir être exécuté et qu’un mandat qui n’a pas encore été émargé ne peut plus servir de support juridique à l’inscription hypothécaire », a signalé M Jérémie Yogoza qui représentait le Conservateur.

Il est tout de même favorable à ce qu’il puisse y avoir un cadre de dialogue et d’échanges entre la Direction de Titres Fonciers et les banques pour mettre en ordre les dossiers pendus car en effet, les banques éprouvent, d’une part, des difficultés d’inscription des anciennes créances ayant été garantie par annotation ou mandat étant donné l’exigence de du rapport d’expertise de l’immeuble objet de garantie qui n’était pas requis avant la loi de 20 février 2020 et d’autre part, des difficultés de gestion des dossiers dont les titres sont encore sous annotation mandat ou sous inscriptions partielle, la plupart des banques n’ayant pas pu se conformer avant l’expiration du délai de 3 mois accordés pour la régularisation de tels dossiers qui restent en suspens.

Tous les acteurs qui sont concernés par ces problématiques notamment les représentants du ministère de la Justice, de la banque centrale, du ministère des Finances, de la Chambre Fédérale du Commerce et d’Industrie du Burundi, les avocats conseils, les juristes de banques convergent : Il y a des défis à relever pour que l’intermédiation financière soit fluide.

L’ABEF demande qu’une commission mixte soit mise en place sous la coordination du ministère de la Justice pour réviser les lois susdites loi.