Burundi
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Forum national sur le développement : Des préalables pour atteindre le statut d’un pays émergent et développé

La deuxième édition du Forum national sur le développement du Burundi s’est tenue du 20 au 21 avril au Palais des congrès de Kigobe à Bujumbura sous le thème : « Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ». Les participants recommandent, entre autres, le consensus national et la transparence pour atteindre cette vision.

« Nous sommes appelés à réfléchir en terme d’Etat. Parfois, l’élite politique et intellectuelle pense que c’est sa vision et cherche à en tirer profit. Ce projet d’émergence est un projet du Burundi, de tous les Burundais et non des individus », a indiqué Guillaume Ndayikengurukiye, expert en sciences politiques et relations internationales.

Il a recommandé un consensus national permettant de créer l’émergence du pays en dehors de toute instabilité : « Il faut une émergence de tous les Burundais dans leur diversité ethnique, politique et religieuse ».

Pour lui, les partis politiques et la société civile doivent prendre leur responsabilité pour parvenir à cette vision d’un Burundi émergent en 2040 : « Ce n’est pas une vision du parti au pouvoir, mais une vision de tous les partis politiques. Toutes les organisations de la société civile doivent y contribuer d’une manière responsable ».

Cet expert en sciences politiques suggère au gouvernement du Burundi de demander régulièrement aux Burundais ce qu’ils veulent et planifier en tenant compte des besoins actuels : « Cela exige un espace politique qui permet à tout le monde de s’exprimer librement ».

Il a, en outre, soutenu que l’engagement du Burundi dans la résolution des problèmes régionaux doit toujours être axé sur les intérêts du pays : « Il faut toujours voir ce que le pays gagne.  Au-delà de l’amitié des peuples, le réalisme fondé sur l’intérêt de la nation doit être toujours prioritaire ».

Pourtant, il a rappelé que l’interdépendance entre les Etats est nécessaire. Pour lui, un souverainisme exagéré risque de constituer un frein au développement du Burundi.

Le politologue Siméon Barumwete est revenu sur la redevabilité et la transparence comme préalable pour atteindre cette vision de Burundi émergent en 2040 et développé en 2060 : « Il faut fournir beaucoup d’efforts dans la lutte contre la corruption pour qu’il y ait restauration de la confiance ».

Pour lui, les partenaires au développement, la société civile et le secteur privé doivent être écoutés et valorisés : « En les écoutant, en les impliquant et en les associant, des politiques publiques peuvent être mises en œuvre facilement ».

Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), la mise en œuvre de cette vision doit aligner trois choses : la pensée, la parole et l’action.

Comme préalable pour la réussite de cette vision, il a souligné la cohésion sociale et la paix : « Il faut analyser profondément les raisons derrière les crises politiques au Burundi. On doit d’abord assurer la stabilité politique pour penser au développement durable ».

Quid des objectifs de la vision « Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060 »

« A l’horizon 2040, le Burundi sera un pays paisible, où chacun vit dans des conditions décentes, où personne ne meurt d’une cause évitable, avec une économie compétitive tirée par les secteurs agro-alimentaires et industriels à haute valeur ajoutée et par une exploitation minière au bénéfice de la société ; le tout, dans un environnement naturel préservé et avec la prise en compte du genre et de l’équité », tel est l’énoncé de la vision Burundi émergent en 2040 comme l’a indiqué Salomon Nsabimana, expert en macroéconomie et professeur à l’Université du Burundi.

Selon lui, les indicateurs et la cible de finalité de cette vision prévoient que le PIB/habitant au Burundi passe de 301 dollars en 2022 à 2 000 dollars en 2040 et 4 500 dollars en 2060. L’espérance de vie de la population burundaise devra passer de 60 ans en 2022 à 64 ans en 2040 et à 80 ans en 2060.

Les enjeux de cette vision, a-t-il expliqué, sont une amélioration des conditions et de la qualité de vie de la population avec une croissance démographique soutenable ; une transformation structurelle de l’économie et une accélération de la croissance économique sans entrave à l’équilibre écologique ainsi qu’une prise de décision basée sur l’évidence et une approche de gestion et de financement axée sur les résultats/programmes.

Selon lui, les objectifs de cette vision sont, entre autres, améliorer des capacités institutionnelles de l’Etat ; renforcer l’engagement politique de l’Etat ; développer une agriculture créatrice de richesse et catalyseur de la sécurité alimentaire ; augmenter la production et l’amélioration de l’accès à l’énergie ; améliorer des infrastructures de logistique ; réduire progressivement la dépendance à l’aide ; améliorer l’accès aux soins de santé de base pour tous, développer une éducation de base de qualité et inclusive ; développer le secteur industriel et sa compétitivité ainsi qu’améliorer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement.

Pour atteindre ses objectifs, l’engagement de l’Etat est important : « Il faut renforcer l’engagement politique de l’Etat pour la stabilité démocratique, le leadership, la lutte contre la corruption, la transparence dans la gestion publique tout en évitant des troubles sociaux et de l’insurrection à cause de l’insatisfaction collective ».