Burundi
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Pour plus de transparence dans la passation des marchés publics

Le Forum national sur le développement, deuxième édition, tenu du 20 au 21 avril avait pour thème : « Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ».

Une opinion a qualifié cette vision d’utopie, de rêve, d’illusion. Des optimistes, y compris certains grands chercheurs, estiment quant à eux qu’elle est réaliste, faisable.

Avec un bémol, tout de même. Il ne suffit pas d’avoir un sous-sol qui regorge de minerais ou d’autres ressources à la base du développement, il faut d’abord changer de mentalité, adopter des pratiques qui visent le respect de la chose publique, notamment la transparence dans le processus de passation des marchés publics.

Au Burundi, les marchés publics représentent de véritables enjeux économiques et financiers, voire de développement. Chaque année, une part importante du budget de l’Etat fait l’objet de passation de marchés. Ils sont donc stratégiques pour impulser et soutenir la croissance à travers des projets d’investissement et d’équipement.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Hélas, un diagnostic de la gestion des marchés publics dans notre pays laisse entrevoir que les procédures d’attribution manquent souvent de transparence et ne répondent pas toujours à des critères de sélection objectifs.

On a été surpris, à maintes reprises, d’entendre que des barrages, des écoles, des hôpitaux, des routes, bref des infrastructures d’intérêt public n’ont pas été exécutées ou des soumissionnaires n’ont pas été à la hauteur. « Y a-t-il eu des appels d’offres ouverts basés sur une concurrence effective et en toute transparence ? » Cette question se pose à chaque fois que nos autorités sermonnent les soumissionnaires qui ont failli à leurs offres ou les agents publics qui ont donné le marché.

Pourtant, l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) devrait exercer principalement des fonctions de contrôle des procédures de passation et d’exécution de ces marchés. Selon un spécialiste en droit fiscal, il doit y avoir un système intègre des marchés publics basé sur l’égalité de traitement, la concurrence entre les différents soumissionnaires, la transparence dans les procédures et le respect scrupuleux des règles établies. « Le principe est simple : un marché public doit être attribué au soumissionnaire offrant le meilleur rapport qualité/prix ».

Un autre vice souvent dénoncé dans ce domaine est l’impunité. Les sanctions relevant des infractions liées à la législation et à la réglementation dans les procédures de passation des marchés publics ne sont pas appliquées dans leur rigueur. Pour ce spécialiste, tout agent public impliqué dans des manœuvres frauduleuses, quel que soit le degré de son implication ou de la faute commise, devrait être radié définitivement des effectifs, sans préjudice d’éventuelles sanctions pénales.

Les entreprises fautives devraient être exclues de toutes les procédures et soumises aussi à des sanctions pénales. Il propose la création d’un portail électronique « qui vise essentiellement à simplifier et à rationaliser les procédures de passation, à économiser les coûts et surtout à minimiser l’intervention humaine dans les marchés publics afin de réduire tout risque de compromission et de corruption ».

En un mot comme en mille, un système des marchés publics bien conçu constitue un maillon incontournable dans la vie économique, un levier stratégique pour le développement socio-économique en vue d’aboutir aux objectifs des politiques publiques. Si le gouvernement veut atteindre ses objectifs de pays émergent et pays développé, respectivement à l’horizon 2040 et 2060, la transparence, l’efficacité et la responsabilité s’imposent, entre autres choses, dans la passation et gestion des marchés publics.