Aux États-Unis, ce jeudi 28 septembre, a eu lieu la première audition de la commission de la Chambre des représentants pour enquêter en vue de destituer le président américain. Une « session chaotique », selon le New York Times, et sans l’ombre d’un élément nouveau sur le comportement de Joe Biden, poursuit le journal. Le député républicain du Kentucky James Comer, qui préside la commission chargée d’enquêter, assure qu’il va chercher plus de preuves contre Biden, notamment en épluchant les comptes en banque de sa famille. De quoi semer le doute même parmi son propre camp.
« Les républicains ont livré un message incohérent, tantôt disant qu’ils avaient assez de preuves de la corruption de la famille Biden, tantôt disant qu’il fallait enquêter sur de présumées malversations », souligne le journal The Hill. « Les preuves ne sont pas suffisantes selon moi pour soutenir une procédure de destitution », a reconnu l’un des témoins en ouverture de l’audience. À l’arrivée, un des élus républicains est obligé de le reconnaître, « c’est un désastre », confie-t-il au New York Times.
« Au fond, pour qui n’est pas familier avec les théories du complot entourant le cas de Hunter Biden, cette première audition avait l’air d’une réunion de députés divaguant sur des récits politiques écrits par des amateurs », torpille Rex Huppke dans USA Today. Un moment de clairvoyance néanmoins pendant cette audience, poursuit l’éditorialiste : lorsque l’élu démocrate Greg Casar a demandé si tout le monde était d’accord pour que Donald Trump, qui comme le fils Biden est dans le collimateur de la justice, puisse aussi répondre de ses actes devant ses pairs, aucun républicain n’a levé la main. Cela en dit long sur les dérives du « parti et le culte de la personnalité dont il est prisonnier » selon l’éditorialiste de USA Today.
John McCain érigé en exemple
Sans s’attarder sur les ennuis judiciaires de son prédécesseur, Joe Biden, dans un discours offensif, a accusé Donald Trump de danger pour la démocratie. Toujours pas de commentaire sur les 91 chefs d’accusation contre Trump, au nom de la séparation des pouvoirs. Mais le président l’a désigné lui et son camp, les Maga comme on appelle ses supporters, de « menace pour les fondements de nos institutions démocratiques ».
Joe Biden a centré son discours sur l’héritage du sénateur républicain John McCain, mort il y a cinq ans, et élevé au rang « d’exemple de ce que le Parti républicain pouvait défendre comme valeurs communes avant Trump », souligne Politico. Le discours de Biden « semble avoir été conçu pour se distinguer du tumultueux agenda des républicains cette semaine », résume le Washington Post. Entre un débat télévisé des républicains faits d’insultes et d’interruptions, une enquête pour destitutions dénuées de preuves, et la perspective d’un shutdown faute d’accord des républicains à la Chambre des représentants sur le budget, poursuit le Washington Post.
Le shutdown, qui pourrait survenir dès lundi faute d’accord ce week-end, les Américains s’y préparent comme ils peuvent. Sans budget fédéral, les conséquences seraient innombrables. Les Américains connaissent la chanson depuis le temps que ce scénario se répète. « Un shutdown aurait un impact sur les plus importants programmes d’aide alimentaire du pays, les crèches publiques, les prêts étudiants, les parcs naturels », énumère USA Today. « Il y a un moyen de l’éviter en passant une résolution de court-terme entre démocrates et républicains » ce vendredi 29 septembre, « mais rien ne dit que les votes seraient suffisants », poursuit le quotidien.
Durant un shutdown, seuls les employés des services dits essentiels, en général liés à la sécurité publique, peuvent continuer à travailler, résume le journal. Beaucoup d’autres « vont souffrir », titre le New York Times qui est allé traîner ses guêtres dans le district de Columbia à Washington, où les cireurs de chaussures, les fleuristes et autres petits commerces dépendent de la clientèle des administrations alentours « C’est ridicule, que les membres du Congrès fassent leur travail », souffle un tailleur qui compare son sort aux leurs. Eux finiront par toucher leurs salaires après le shutdown. Lui perdra forcément son chiffre d’affaires.
Un juge progressiste à la tête du Tribunal suprême
Pas de shutdown au Brésil, mais des frictions entre institutions que les autorités cherchent à apaiser. D’un côté une Cour suprême qui la semaine dernière a reconnu les droits ancestraux des peuples indigènes sur leurs territoires, de l’autre des sénateurs qui font passer une loi jeudi 28 septembre qui contredit cette avancée. Au milieu, le juge Luis Roberto Barroso. Le nouveau président du Tribunal suprême fédéral, entré en fonction hier également, à l’issue d’une cérémonie à laquelle a assisté le chef de l’État brésilien Lula. Le juge, qui affirme vouloir renforcer le rôle des femmes et la diversité raciale au sein du système judiciaire, a défendu la récente décision de l’institution en faveur des peuples indigènes.
« L’un des juges les plus progressistes du tribunal n’a pas peur de soulever des questions qui fâchent » la droite et l’extrême droite brésilienne. « On s’attend à ce qu’il mette à l’ordre du jour des sujets comme la dépénalisation de l’avortement pour les grossesses jusqu’à douze semaines ou celle de la marijuana, par souci de continuité », souligne le journal Correio Brazilense. Le tout en évitant autant que possible la confrontation. Luis Barroso en a profité pour défendre le dialogue entre les pouvoirs, relate le journal Veja. Sa réputation de haute compétence transcende les partis puisque même l’ancien ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, Sergio Moro, voit en lui un professionnel compétent, dans une interview au Correio Brazilense. Alors qu’au Congrès, beaucoup sont lancés dans une offensive contre le pouvoir judiciaire accusé d’être inféodé au politique, il « devra agir sans rompre ni avec le Congrès, ni avec la société », résume O Globo.