À Madagascar, un consortium de journalistes lance la première plateforme indépendante de lutte contre la désinformation, baptisée Vaovao Check (« Information vérifiée »). L'objectif : prendre le contre-pied de la diffusion d’informations manipulées et de discours incitants à la haine dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cette initiative est le résultat de plusieurs années de réflexion et de travail, réalisé par Actions Médias Francophones, Transparency International et la Friedrich-Ebert-Stiftung. Elle intervient à quelques jours du lancement officiel de la campagne de l’élection présidentielle.
Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Vaovao Check est le fruit d’un constat, raconte la présidente d’Actions Médias Francophones Madagascar, Lova Rabary, journaliste réputée sur l’île pour sa rigueur en matière de vérification de l’information. « Madagascar est confrontée au quotidien à la désinformation. Ça a été amplifié par les réseaux sociaux, en particulier avec Facebook auquel beaucoup de Malgaches ont accès quasi gratuitement. Et on s’est rendu compte que les journalistes étaient complètement inondés par ces désinformations-là. Donc, on s’est dit qu’il fallait que le journalisme reprenne en main le terrain de l’information », explique-t-elle
Seulement, le paysage médiatique de l’île est particulier, reconnait Lova Rabary : « À Madagascar, on a des patrons de presse qui sont très impliqués dans les questions politiques, dans la vie économique du pays, dans des affaires commerciales. Et on comprend que quelques fois, il n’y ait pas cette totale liberté des journalistes d’aller vérifier certains faits. Donc, c’est pour ça qu’on s’est dit que ce serait bien qu’on ait une plateforme qui soit vraiment indépendante et qui fasse ce travail de vérification des faits. »
Vingt-cinq journalistes, dont la majorité ont été formés spécifiquement à l’exercice depuis un an par le consortium, vont donc s’atteler à produire pour le site Vaovao Check des articles, des podcasts, des vidéos passant au crible certaines publications existantes. Des publications créées par leurs confrères des médias généralistes, mais pas seulement, explique Juana Malalasoa, chargée du projet d’investigation Malina chez Transparency International Initiative Madagascar :
« Ça peut être aussi une publication d’un citoyen qui mènerait à une psychose ou qui cultiverait quelque chose qui va nuire à l’accès à l’information ou à la connaissance générale. On va analyser la véracité de l’information et publier en retour ce qu’on pense être vrai, avec les preuves à l’appui. »
Lancé à une période charnière de l’histoire du pays, VaoVao Check a néanmoins vocation à perdurer après les élections, pour continuer aussi longtemps que possible à sensibiliser les citoyens aux enjeux liés à la désinformation de masse.
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