Le géant immobilier chinois Evergrande a communiqué aujourd'hui sur les nouveaux tourments qui frappent le groupe. Le patron Xu Jiayin « fait l'objet de mesures coercitives en raison de soupçons de crime ou délit en infraction à la loi », a annoncé l'entreprise elle-même ce jeudi 28 septembre.
Le patron du groupe immobilier chinois ultra-endetté Evergrande est soupçonné « d'infraction à la loi », a indiqué jeudi 28 septembre l'entreprise elle-même. « L'entreprise a fait l'objet d'une notification des services compétents selon laquelle M. Xu Jiayin (...) fait l'objet de mesures coercitives en raison de soupçons de crime ou délit en infraction à la loi », a indiqué Evergrande dans un communiqué publié à la Bourse à Hong Kong, où le groupe est coté. Le groupe n'a pas donné davantage de détails. Le terme de « mesures coercitives » désigne généralement en Chine une forme de privation de liberté afin de garantir le bon déroulement d'une procédure pénale.
Une nouvelle qui tombe après déjà de lourdes complications pour le géant immobilier chinois. Après un an et demi de sanctions économiques, faute d'une publication de ses résultats financiers à temps, Evergrande avait retrouvé des coudées franches il y a un mois. Mais voilà que ses actions sont de nouveau figées à Hong Kong ce jeudi, rapporte Stéphane Lagarde, notre correspondant à Pékin. Cela vaut aussi pour les services immobiliers du groupe, comme pour sa filiale véhicules électriques. Un nouvel arrêt qui a relancé les débats sur les réseaux sociaux en Chine quant à l’issue de ce long calvaire.
308 milliards de dettes
Les internautes sont partagés entre ceux qui croient à un plan de restructuration en attente dans les cartons, et ceux qui estiment qu’il s’agit du dernier acte avant le dépôt de bilan alors que les alarmes sonnent de toutes parts. Le promoteur, qui a planté des tours dans presque toutes les mégalopoles chinoises, a annulé six réunions de créanciers prévues cette semaine.
La filiale Hengda Real Estate Group s’est révélée incapable de rembourser lundi une obligation de près de 519 millions d’euros, sur les 308 milliards d’euros de dettes accumulées par le groupe. À cela s’ajoute des arrestations à la tête de l’entreprise et la disparition publique de Xu Jiayin, le grand patron, qui selon l’agence Bloomberg serait en résidence surveillée depuis quatre semaines.
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Partie émergée de l'iceberg
L'énorme dette d'Evergrande a contribué à l'aggravation de la crise du marché immobilier en Chine, faisant craindre un temps une contagion mondiale. « Si Evergrande n'est que la partie émergée de l'iceberg et si les risques de contagion se matérialisent, une crise de confiance sur les marchés de la dette onshore, qui ont jusqu'à présent évité de nombreux défauts, pourrait éclater et conduire à un sévère ralentissement », a analysé Heron Lim, directeur-économiste adjoint de Moody's Analytics, pour l'AFP.
Cette crise inédite a touché ces derniers mois un autre poids lourd du secteur, Country Garden, longtemps réputé solide financièrement. Le groupe avait, fin 2022, une dette considérable qu'il estimait à quelque 1 152 milliards de yuans (150 milliards d'euros). Dans un pays où l'immobilier pèse plus du quart du PIB et fait vivre une armée de travailleurs peu qualifiés, elle a également aggravé le ralentissement général de la deuxième économie mondiale. Le gouvernement a fixé un objectif de croissance économique « d'environ 5% » pour 2023, ce qui constituerait l'une de ses plus mauvaises performances depuis des décennies, si l'on exclut la période de la pandémie de Covid-19.
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