En dépit des frappes russes qui se multiplient sur la ville portuaire d’Odessa, les autorités ont décidé de rouvrir, entre fin juillet et début août, certaines plages de la ville pour que les Ukrainiens puissent un peu décompresser. En cette fin septembre, à la faveur d’un temps encore estival, des dizaines de personnes venues de tout le pays profitent de la baignade dans la mer Noire.
Avec nos envoyés spéciaux à Odessa, Anastasia Becchio et Boris Vichith
Parasols, chaises longues et sable fin. Sous un beau soleil, plusieurs dizaines de personnes se prélassent sur la plage de Langeron, la plus populaire d’Odessa, située à 10 minutes du centre-ville. Igor Kopytko, ingénieur venu de Kiev pour une semaine de repos, avec sa femme, savoure : « L’eau est à 20-21 degrés, elle est assez propre, même s’il y a quelques méduses. »
Mais certains signes rappellent tout de même le contexte de ces baignades. « Là-bas, il y a une sorte de filet de sécurité qui peut arrêter des mines, si jamais elles apparaissent dans ce secteur, détaille l'ingénieur. Bien sûr, savoir qu’Odessa est régulièrement bombardée, c'est inquiétant, mais lorsque les alertes retentissent, on va se mettre à l’abri. »
« D’un côté, il y a le danger, mais d’un autre, on s’efforce de vivre sa vie »
Assise sur une serviette de plage, Olena, surveille sa fille de deux ans et demi qui construit des châteaux de sable. « On est toujours en alerte, à l’affût du moindre bruit un peu fort, d’une explosion, mais on essaye de continuer à faire ce qu’on faisait avant, parce que la vie continue, ma fille grandit ». Cette dentiste d’Odessa, partie à l’étranger après le début de l’invasion russe, est rentrée en avril et a repris son travail. Elle profite d’un jour de repos pour amener sa petite Kira à la plage.
« À chaque fois que l’alerte retentit, elle a peur, elle sait qu’il s’agit de tirs de missiles, confie tout de même la mère. On a une sorte de double vie : d’un côté, il y a le danger, mais d’un autre, on s’efforce de vivre sa vie ». Un peu plus loin sur la côte, la façade noircie de l’hôtel Odessa, figure de proue du port, attaquée en début de semaine, rappelle aux baigneurs que la menace n’est jamais loin.
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