Comment construire une paix durable ? Comment inclure les populations dans les processus de paix ? Autant de questions que se sont posés ambassadeurs, chercheurs et politiques réunis à Caen, dans l’ouest de la France, pour le Forum mondial Normandie pour la paix, qui s’est achevé ce vendredi 29 septembre. Huit mille personnes, dont beaucoup de lycéens, ont débattu autour du thème de « Résistances : la paix des peuples », avec comme message principal : « pas de paix sans démocratie. » Une voie qui semble remise en cause en Afrique, à l’aune des derniers coups d’État.
Avec notre envoyée spéciale à Caen,
C'est dans une abbaye du XVIIIe siècle que cette sixième édition du Forum mondial Normandie pour la paix s'est tenu : un cadre paisible dans lesquels étaient rassemblés des représentants politiques et de la société civile pour proposer des pistes de solutions à un monde en conflit. Parmi elles : la démocratie : « le plus grand protecteur de la paix », selon un message diffusé durant le forum.
Binta Sidibe Gascon, vice-présidente de l’Observatoire Kisal, une ONG axée sur la défense des droits des peuples sahéliens, exprime ses doutes. Pour elle, les derniers coups d’État ont montré les limites de la démocratie. « Quand on voit que c’est autorisé à certains pays de modifier la Constitution pour que ces personnes se maintiennent au pouvoir. Quand on voit que les élections sont truquées, que ce sont les mêmes qui continuent à rester dans les sphères du pouvoir - je dis ça sans vouloir soutenir aucun coup d’État - mais je pense qu’il est temps de s’attaquer aux causes profondes de ces coups d’État. Pourquoi on arrive à ça ? »
L'ancien ministre de la Défense Hervé Morin, président de la région Normandie, organisateur de ce forum, veut miser sur la jeunesse pour répondre à ce recul démocratique.
« On ne peut pas se satisfaire de voir chaque mois ou chaque trimestre un putsch en Afrique. On assiste aujourd’hui à une régression des régimes démocratiques, même des régimes démocratiques imparfaits. Ce que nous avons décidé, c'est de mettre en place un programme de "youngs leaders". Donc, nous allons recevoir chaque année une dizaine de jeunes à haut potentiel des pays africains, de la zone sahélienne, subsaharienne qui pourront avoir un programme sur la bonne gouvernance, les droits de l'homme. C’est une manière de dire que la démocratie a aussi sa place dans ces pays et de dire qu’il y a des droits humains imprescriptibles et universelles. »
Le programme sera géré par l'université de Caen.
La question de la démocratie s’est également invitée à la tribune de l’ONU la semaine dernière, où le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya a proclamé l’échec du modèle démocratique occidental en Afrique. A-t-il raison ? Christina Okello a posé la question à Newton Ahmed Barry, journaliste et défenseur des droits humains pour le Sahel.
Le vrai problème, ce n'est pas la démocratie qui est en cause. Ce sont les acteurs chargés de la mise en œuvre de la démocratie. On a eu, hélas, de la démocratie sans démocrates. Ce qui fait qu'aujourd'hui, on est devant une situation de crise politique.
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