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200 passagers bloqués à La Réunion après l'annulation de deux vols reliant Antananarivo

Ce week-end, les deux vols opérés par Air Austral reliant l’île de la Réunion à la capitale malgache Antananarivo ont été annulés. Près de 200 passagers se retrouvent donc bloqués sur l’île française, sans que personne soit en mesure de leur annoncer quand leur vol sera reprogrammé. De part et d’autre de l’océan Indien, on tente d’expliquer la situation chaotique, en se renvoyant la faute.

Avec notre correspondante à AntananarivoSarah Tétaud

Opérés par la compagnie aérienne Air Austral, deux vols devaient rallier Antananarivo depuis la Réunion. Ils ont tous les deux été supprimés moins de 24 heures avant le décollage. 

« On n’a absolument pas d’information sur quand est-ce qu’on va pouvoir rentrer »déplore une résidente française à Madagascar. Elle devait rentrer dimanche sur la Grande Île, mais la veille, un mail de la compagnie Air Austral lui apprend que son vol est annulé. 

« On n’a pas de plan B comme ce serait le cas dans plein d’autres endroits du monde, où l’on pourrait prendre un train, faire du stop, poursuit-elle. Là, on ne peut pas. On doit aller d’une île à une autre, et quand la seule compagnie aérienne disponible ne fonctionne pas, on est bloqué. » Selon cette voyageuse, « la seule chose qu’on sache, c’est que le vol a été annulé parce que les autorités malgaches n’ont pas autorisé la compagnie à atterrir. Et à part ça, c’est silence radio. Rien sur une éventuelle indemnisation. Donc, tout cela est évidemment très contrariant. »

Versions divergentes

L’ordre d’interdire ces deux vols a été donné par l’Aviation civile de Madagascar. Pour son directeur général, Gérard Rabetokotany, cette décision est la simple application de l’accord aérien bilatéral entre la France et Madagascar. « L’Aviation civile malgache a accordé [à Air Austral] cinq fréquences Réunion-Tana. On leur a aussi concédé des fréquences sur Nosy Be, explique-t-il. En plus de cela, on leur a aussi accordé des vols additionnels, à condition que le taux de remplissage de 44% soit atteint, pour éviter la concurrence déloyale avec Tsaradia, la compagnie aérienne malgache. » Selon Gérard Rabetokotany, « ce week-end, les 44% n’étaient pas atteints. Raison pour laquelle on a refusé la desserte à Tana. »

Interrogée, la compagnie Air Austral réfute l’information et précise qu’« aucune clause mentionnant des taux de remplissage minimum ne figure dans les accords aéronautiques existants régissant les liaisons aériennes entre les deux territoires ».

🔴 L'annonce des annulations de vols du week-end de la compagnie AIR AUSTRAL a fait grand bruit dans le milieu du tourisme malagasy, une nouvelle qui ne rejouit pas les opérateurs étant donné que le secteur se releve à peine de la crise sanitaire.#CTM #madagascar #tourisme pic.twitter.com/IDWhGZUeLw

— Confédération du Tourisme de Madagascar (@ConfederationT) December 4, 2022

La société française déplore par ailleurs une situation qu’elle qualifie de « cercle vicieux » : « N’ayant aucune certitude que les vols du week-end seront maintenus, et ce, jusqu’au dernier moment, nous sommes dans l’obligation de suspendre les ventes quelques jours avant, afin de limiter l’impact en cas d’annulation soudaine. Le remplissage moyen de ces vols n'est donc pas lié à la demande de voyage, mais bien à la contrainte de ne pas pouvoir réaliser le vol en cas de refus d'autorisation de la part de l'aviation civile malgache. »

Un supplément de 50 euros par voyageur

Enfin, ce week-end, en parallèle de cette affaire d’autorisation de vol, des médias français ont révélé qu’Air Madagascar, la compagnie malgache nationale, en grandes difficultés financières depuis plus d’une décennie et mise en redressement judiciaire il y a un an, aurait demandé de reverser 50 euros par passager voyageant à bord des vols opérés par Air Austral ainsi qu’à la compagnie mahoraise Ewa. Une demande qualifiée de « chantage » par les internautes, sur les réseaux sociaux, et rejetée par les deux transporteurs.

Contacté, le ministre malgache des Transports a confirmé cette information, affirmant qu’il s’agissait d’une pratique courante dans le domaine du transport aérien et qu’il n’y avait donc rien d’anormal. « Si une compagnie n’utilise pas son droit de trafic, comme c’est le cas actuellement pour Tsaradia, elle peut le proposer à une autre en échange d’une contrepartie financière. »

Quant aux passagers coincés sur l’île Bourbon, les retours semblent pour l’instant se négocier au cas par cas. Une demande de vol additionnel pourrait aussi être envisagée. À condition, bien sûr, précisent les autorités malgaches, « qu’il y ait suffisamment de passagers dans l’avion ».