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Accord migratoire avec le Rwanda: une visite officielle à Kigali qui interpelle en Grande-Bretagne

La ministre britannique de l’Intérieur revient d’une visite officielle au Rwanda, effectuée les 18 et 19 mars 2023. Suella Braverman y a rencontré les autorités rwandaises pour discuter de l’accord migratoire entre les deux nations qui date d’il y a quasiment un an. Un voyage qui interpelle en Grande-Bretagne.

Avec notre correspondante à Londres, Emeline Vin

C’est le grand projet du gouvernement britannique : sous-traiter son système de demande d’asile au Rwanda. L’accord entre les deux pays date d’il y a quasiment un an, d'avril 2022.

Londres souhaite envoyer par vol charter tous les demandeurs d’asile, direction Kigali, qui examinerait leur demande. Pas de possibilité, donc, de s’installer et de construire une vie en Grande-Bretagne.

Un accord largement critiqué

Cet accord est largement critiqué, déjà parce que le Rwanda n’a pas le meilleur des bilans en matière de respect des minorités et des opposants politiques. Or, les candidats à l’asile ont parfois quitté leur pays précisément pour fuir ce genre de persécutions.

Ensuite, le Royaume-Uni est accusé de se soustraire à ses responsabilités et son devoir d’accueil.

Ledit projet a d’ailleurs été contesté en justice et onze mois plus tard, toujours aucun migrant n’a été envoyé au Rwanda.

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Un voyage en guise de « service après-vente »

Ce voyage est par ailleurs une manière de rassurer l’aile droite des électeurs. C’est un moyen aussi d’envoyer le message à l’autre bout du spectre politique qu’il s’agit d’un bon accord.

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Pendant sa visite, Suella Braverman a rencontré des réfugiés qui ont réussi et ont vanté les qualités d’accueil du Rwanda. La ministre de l’Intérieur a visité les résidences qui devraient accueillir les migrants envoyés par Londres et les a trouvées tellement bien faites qu’elle a demandé en plaisantant le nom du décorateur d’intérieur...

Le Royaume-Uni a déjà versé plus de 150 millions d’euros à Kigali pour la préparation, les infrastructures… La ministre assure que les premiers vols auront lieu en juin.

Des journalistes britanniques triés pour ce voyage de presse

Enfin, ce voyage de Suella Braverman a été entouré de mystère. Peu de communication en amont (et en aval). Mais, surtout, le ministère a trié les médias autorisés à accompagner Braverman à Kigali. Exclus du lot : la BBC, The Guardian, The Mirror et The Independent, des médias plutôt de gauche ou libéraux. Seuls des journaux jugés à droite ont été emmenés au Rwanda.

Pour le Guardian, ce voyage financé par le contribuable échappe ainsi au regard critique, peut-être dans une optique de ne pas rendre de comptes.

Plusieurs journalistes indépendants confirment que la pratique n’est pas habituelle pour ce genre de voyages. Un ancien correspondant à la Maison blanche souligne même que cela lui rappelle les années Donald Trump, où les titres les plus critiques étaient exclus des conférences de presse.

Cette organisation pose des questions de transparence donc, et de liberté de la presse, alors qu’à son arrivée au pouvoir, le nouveau Premier ministre Rishi Sunak promettait un gouvernement de « responsabilité et de tenue pour compte ».