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Auroville, cité utopiste du sud de l'Inde, menacée par les bulldozers

Parrainée par l’Unesco, cette ville fondée en 1968 souhaitait apprendre aux hommes et femmes à vivre en paix au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités. L'administration nommée par le gouvernement fédéral impose des changements radicaux dans cette cité à la gestion collective, ce qui pourrait remettre en cause ses idéaux. 

De notre correspondant en Inde

La secrétaire de la fondation d’Auroville, fraîchement nommée par le gouvernement fédéral pour s’occuper de la cogestion de la ville, ordonne la destruction de plusieurs bâtiments communautaires ainsi que la coupe de nombreux arbres pour construire une route à travers la cité. Cela, selon elle, a pour but d’accélérer la réalisation des plans de la ville, dessinés par ses fondateurs il y a 50 ans.

Auroville, la cité utopique de l'Inde, lutte contre un projet de déforestation

Les bulldozers arrivent donc soudainement, mais des centaines de résidents font corps pour s’opposer à cette décision, qui est selon eux illégale et arbitraire. La résistance dure des jours, mais les bulldozers forcent finalement le passage et démolissent des pans entiers de cette magnifique forêt d’Auroville. Et par cet affrontement, ce sont les bases fondatrices d’Auroville qui sont touchées.

La gestion d’Auroville est unique ; une loi du Parlement indien instaure une administration collective de la cité, et les décisions sont prises en accord entre la fondation et les différentes assemblées de résidents. C’est un des idéaux démocratiques d’Auroville qui a attiré les intellectuels du monde entier et fait naître des projets novateurs de vie collective. Or, la nouvelle secrétaire de la fondation estime qu’elle a le pouvoir d’imposer ses vues, et refuse de reconnaître les différents votes des résidents qui ont condamné ses décisions à une majorité écrasante.

Le gouvernement veut faire d'Auroville une destination touristique

Les habitants ont donc saisi la justice, et la cour d’appel régionale leur a donné raison en août, invalidant ainsi plusieurs décisions de la secrétaire. Le tribunal environnemental fédéral a également gelé certains projets de terrassement, mais à chaque fois, la fonctionnaire fédérale fait appel de ces décisions. Et la confrontation continue.  

La secrétaire affirme vouloir étendre cette ville d’Auroville, et multiplier par cinq sa population en trois ans. Elle reprend ainsi de manière littérale les plans initiaux de développement, qui envisageaient d’accueillir 50 000 personnes. Mais cela est un idéal, et ne peut être forcé, car une expansion démographique aussi rapide est difficile à absorber si on veut maintenir les idéaux de cette communauté.

Selon les résidents, imposer un afflux soudain changerait radicalement l’esprit d’Auroville pour en faire un simple lieu de tourisme spirituel et écolo, et non plus un espace d’innovation démocratique et écologique.

► À écouter : Auroville, cette cité utopique aux projets réalistes