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Avant le Congrès du PCC, le film «Return to Dust» disparaît de l’affiche en Chine

Return to Dust (Retourne à la poussière, en français) raconte la vie difficile des paysans dans un village du nord-ouest du pays. Il bénéficiait jusqu’ici d’un excellent bouche-à-oreille, ce qui n’a pas empêché la censure de le décrocher de l’affiche.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

C’est une Chine que l’on voit rarement à l’écran. La Chine des campagnes, et ici en l’occurrence celle de paysans construisant leur maison en terre, labourant leur parcelle avec un âne... Celle aussi du combat quotidien contre l’absurdité et l’arbitraire qui peut parfois traverser la société chinoise. Outre le fait de rappeler aux mégalopoles de verres et d’acier d’où elles viennent, ce qui a frappé les spectateurs, c’est le réalisme des situations et des personnages.

Acteurs non professionnels

Le réalisateur Li Ruijun a choisi de tourner avec des inconnus, notamment pour le rôle principal masculin joué par Wu Renlin. Celui qui n’est autre que l’oncle du cinéaste est aussi fermier dans la vraie vie. Quant au grand rôle féminin, l’actrice Hai Qing a renoncé à son cachet, probablement pour rester en accord avec la vie simple des autres figurants. Cette absence de noms célèbres sur l’affiche a des conséquences. Elle a entraîné une sortie quasi en sourdine, avec très peu de critiques dans les médias. Et c’est le bouche-à-oreille qui a fait le succès. Depuis trois semaines, Return to Dust faisait un tabac en salle.

Côté 9,5 sur 10 par les spectateurs sur la plateforme de streaming OTT, le film qui a été nominé en février dernier à la 72e Berlinale, festival international du film de Berlin, a réalisé 15,1 % de part de marché au box-office. Cela représente près de 100 millions de yuans de recettes (15 millions d’euros), pour un coût de production d’un peu moins de 2 millions de yuans (300 000 euros) investis au départ.

Écarts de richesse

Ce succès a visiblement fait peur aux censeurs, encouragés comme à chaque fois par le flot soudain et opportun de commentaires patriotes dénonçant ce qu’ils considèrent comme une volonté de « noircir la vie des agriculteurs chinois » auprès d’une audience étrangère. Car le film raconte aussi les inégalités de richesses et le fossé entre la Chine des champs et celle des villes, malgré la « victoire » du parti communiste chinois sur la pauvreté.

Ce « retour à la poussière » est donc jugé potentiellement déstabilisateur pour la deuxième économie du monde dans cette « nouvelle ère » vantée par le président Xi Jinping. Le chef de l’État qui vise un troisième mandat, vient juste de réapparaître sur les écrans de la télévision centrale, après dix jours d’absence médiatique à son retour d’Asie Centrale. Le film Return to Dust a lui brutalement disparu de l’affiche, à quelques jours de la grande messe du parti communiste chinois, qui se réunira en conclave le 16 octobre.

Ce mercredi sur @RFI on parle du malaise de Pékin face aux référendums d'annexion en Ukraine, du retour du président chinois sur les écrans de la télévision centrale de Chine et de la disparition d'un film, décroché de l'affiche à trois semaines du 20ème Congrès du PCC.🧶 pic.twitter.com/pOXudnVhHI

— Stéphane Lagarde (@StephaneLagarde) September 28, 2022

►À écouter aussi : Vous m'en direz des nouvelles - Ye Ye ausculte la Chine à travers son hôpital