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Blocage des communications en Iran: «Leur technique est vraiment très agressive»

Pour la douzième nuit consécutive, les Iraniens sont descendus dans la rue ce mardi dans plusieurs villes du pays pour protester contre la mort de Mahsa Amini après son arrestation par la police des mœurs. Mais en raison des coupures des communications, les informations venant d'Iran sont parcellaires.

Internet, réseaux sociaux, données mobiles... En réaction au mouvement de protestation lancé après la mort de Mahsa Amini, les autorités iraniennes coupent depuis plusieurs jours les moyens de communication une grande partie de la journée. La méthode n'est pas nouvelle. « En général, en cas de manifestations, les autorités coupent les données mobiles dans le quartier où elles se déroulent, rapporte à RFI Amir Rashidi, directeur de la sécurité sur internet pour le groupe Miaan. Si le mouvement s'étend, la coupure aussi. Et si elles ne peuvent pas contrôler le mouvement, les données mobiles sont totalement coupées. »

Mais cette fois, constate Amir Rashidi, l'ampleur de ces coupures atteint un niveau inédit. « Leur technique est vraiment très agressive : les moteurs de recherche, les e-mails, tous les outils permettant aux gens de discuter entre eux sont bloqués. » Autre nouveauté : la coupure des jeux en ligne, dont les Iraniens utilisent l'option de chat pour échanger. « Ces coupures totales ont lieu pratiquement tous les jours, en général entre 16h et minuit. Le reste du temps, il y a de petites coupures, des perturbations. Les lignes fixes fonctionnent, mais c'est très, très lent », indique encore Amir Rashidi.

Échanger avec ses proches vivant à l'étranger est devenu pour les Iraniens particulièrement compliqué. Certains y parviennent en utilisant des VPN, des réseaux privés virtuels qui permettent en temps normal de contourner les restrictions. Mais pour combien de temps ? « Rien n'est sûr en Iran », remarque Assal, qui vit en France depuis 40 ans. « Telegram fonctionne aussi de temps en temps. Hier soir, j'ai eu deux messages. Mais quand j'essaie d'appeler, ça ne marche pas », témoigne-t-elle.

Poursuite des manifestations

Selon des médias d'opposition basés hors d'Iran, ces restrictions n'ont cependant pas empêché les manifestations de reprendre ce mardi soir dans différentes villes pour la douzième nuit consécutive. Mais des militants ont affirmé que les perturbations des connexions Internet rendaient de plus en plus difficile la transmission des images. Dans une vidéo partagée en ligne par la chaîne de télévision Manoto, une femme est montrée sans foulard sur la tête et agitant les bras en l'air dans le quartier de Narmak à Téhéran. À Sanandaj, chef-lieu de la province du Kurdistan, d'où était originaire Mahsa Amini, des femmes sont vues en train d'enlever leur foulard, alors qu'à Chiraz, un homme brûle une banderole avec une photo du guide suprême Ali Khamenei, selon l'Iran International TV, basée à Londres.

À lire aussi : Iran: Hadis Najafi, 20 ans, abattue lors d'une manifestation, un autre symbole de la répression

Un dernier bilan donné ce mardi par l'agence de presse iranienne Fars fait état d'« environ 60 personnes tuées » depuis le 16 septembre. La police a rapporté 10 morts dans ses rangs, sans que l'on sache s'ils figuraient parmi les 60 morts. L'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, a quant à elle fait état lundi d'« au moins 76 morts » dont « six femmes et quatre enfants », affirmant avoir obtenu des « vidéos et des certificats de décès confirmant des tirs à balles réelles sur des manifestants ».

Plus de 1 200 manifestants ont par ailleurs été arrêtés depuis le début du mouvement, indique la police. Des ONG rapportent que des militants, des avocats et des journalistes ont également été arrêtés. Ce mardi, l'agence de presse iranienne Tasnim rapporte que Faezeh Hachemi, la fille de l'ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, a été arrêtée à Téhéran pour « avoir incité des émeutiers à manifester ».

(Et avec AFP)