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Charles III et les Caraïbes: un juste milieu à rechercher pour la Couronne

Moins de deux jours après la mort d'Elizabeth, Charles a officiellement été proclamé roi ce samedi. Parmi la quinzaine d'États qui reconnaissaient le nouveau monarque comme leur chef de l'État, la moitié sont dans les Caraïbes. Quelques éléments de compréhension des enjeux avec Adrien Rodd, maitre de conférences en civilisation britannique et du Commonwealth à l'université Versailles-Saint-Quentin.

Jamaïque, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Grenade, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie. Hors territoires britanniques d'outre-mer, le roi Charles III est désormais chef de l'État dans ces pays des Caraïbes, ainsi qu'aux Bahamas et, sur le continent, au Belize.

Jusqu’en 2021, sa mère Elizabeth II était aussi reine de la Barbade, où la monarchie a, depuis lors, été abolie.

►Lire aussi : Mort d'Elizabeth II : le Commonwealth, vrai instrument d’influence diplomatique ?

Sur l'histoire coloniale

D'un véritable engouement au début du règne d'Elizabeth II, ces royaumes ont peu à peu glissé vers une certaine défiance à l'égard de la monarchie, liée au colonialisme et à l'esclavage.

Quelles sont les implications d'un tel changement à la tête de la monarchie britannique pour ces États ? Réponse d'Adrien Rodd, maitre de conférences en civilisation britannique et du Commonwealth à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. 

Ce que certains d'entre eux pourraient attendre, ce serait un monarque qui serait peut-être un peu moins effacé, un peu moins neutre, un peu plus à l'écoute des attentes et des revendications, et qui pourrait par exemple exprimer clairement et explicitement ses regrets vis-à-vis de l'histoire coloniale, de l'histoire de l'esclavage.

Peut-on s'attendre à ce que Charles III prenne de telles initiatives ? Adrien Rodd :

Je ne pense pas parce que dans une certaine presse britannique, des reproches lui ont parfois été adressés sur son manque de retrait, sur son manque de neutralité, sur le fait que certaines de ses opinions soient connues alors que les opinions de la Reine sur quelque sujet controversé que ce soit, n’ont jamais été connues, donc il va être nécessaire justement pour le roi Charles de se mettre davantage en retrait. Le seul aspect sur lequel Charles pourrait être apprécié, c'est que l’on sait que de très longue date, il s'intéresse aux questions environnementales, qui sont un sujet de préoccupation pour les petits États insulaires des Caraïbes.

Adrien Rodd, université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

Marie Normand

Du républicanisme

« Il existe, rappelle le maitre de conférence en civilisation britannique et du Commonwealth, des mouvements républicains dans plusieurs de ces pays, notamment en Jamaïque et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. »

Ces mouvements républicains ont eu beaucoup de mal à mobiliser l'opinion publique, en partie parce que pour la plupart des habitants, la Couronne n'a absolument aucun impact sur leur vie quotidienne et donc il est difficile de prendre position fortement contre la monarchie, mais aussi du fait du respect qui était accordé à la personne de la reine. Et donc, il y a des militants républicains dans beaucoup de ces pays, qui ont, depuis un certain temps comme approche, de considérer que la mort de la Reine serait le moment opportun pour tenter de revitaliser leur cause en tablant sur l'espoir que l'affection dont bénéficiait la Reine ne se reporterait pas sur le roi Charles, et que ce serait véritablement le moment opportun pour proposer une rupture.

Adrien Rodd: «Les mouvements républicains des Caraïbes pensent que c'est leur heure»

Marie Normand

Charles proclamé roi

Officiellement proclamé roi par le Conseil d'accession réuni à Londres, Charles III s'est dit prêt ce samedi 10 septembre à assumer ses « devoirs et lourdes responsabilités » de souverain.

« Le prince Charles Philip Arthur George est maintenant, par la mort de notre dame souveraine d'heureuse mémoire, devenu notre Charles III... Que Dieu garde le Roi », a proclamé, peu après 11 heures (heure de Paris), le Conseil d'accession.

Le Parlement doit faire serment d'allégeance ce samedi après-midi. De son côté, le roi rencontrera des personnalités telles que la Première ministre Liz Truss ou le chef du parti travailliste. 

La cérémonie, télévisée pour la première fois, a eu lieu au palais Saint-James en présence de la nouvelle reine consort Camilla, du nouvel héritier du trône William, de la Première ministre Liz Truss et de plusieurs de ses prédécesseurs. La précédente avait eu lieu en 1952, quand Elizabeth II avait été proclamée reine.

La foule continue ce samedi en début d'après-midi de s'amasser devant Buckingham Palace, impatiente de voir le roi. 

►À relire : Charles III officiellement proclamé roi du Royaume-Uni