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Contestation en Iran: Raïssi en visite dans un Kurdistan soumis à une intense répression

Le président iranien était dans la province du Kurdistan ce jeudi. Feignant une situation normale, Ebrahim Raïssi a inauguré un projet d'eau potable et en a profité pour appeler à déjouer les plans des « ennemis » accusé d'avoir fomenter les « émeutes » qui secouent le pays depuis plus de deux mois.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé ce jeudi dans la province du Kurdistan, berceau des manifestations qui secouent la République islamique depuis le décès de Mahsa Amini, à contrecarrer « les ennemis » de l'Iran qu'il accuse de fomenter les troubles dans le pays.

« Lors des récentes émeutes, les ennemis ont commis une erreur de calcul en croyant pouvoir semer le chaos et l'insécurité », a dit le président iranien en lançant la mise en service d'un projet d'eau potable à Sanandaj, chef-lieu de la province iranienne du Kurdistan. « Mais ils ignoraient que le Kurdistan avait sacrifié le sang de milliers de martyrs et que ses habitants avaient dans le passé vaincu l'ennemi », a-t-il ajouté dans son discours retransmis par la télévision, en faisant allusion à la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-88).

Le Kurdistan coupé du monde

C'est en suivant ce même discours guerrier que le régime a concentré un important dispositif militaire dans les régions kurdes d'où était originaire la jeune Mahsa Amini. Ces dernières semaines, la zone toujours coupée de communication avec le reste du monde a été soumise à une répression d'une intense violence.

Çà et là, des Kurdes iraniens exilés ont pu raconter à RFI le quotidien de leurs familles restées sur place et la peur qu'ils éprouvent pour eux. Azhin Shekhi et ses collègues de l'ONG Hengaw tentent d'établir des rapports officiels de la situation. « Les forces militaires sont extrêmement présentes dans les villes kurdes. Tous les mouvements sont contrôlés par les forces du gouvernement. Elles entrent aussi dans les maisons des gens la nuit. Ils arrêtent des citoyens et les enlèvent, explique-t-il. On ne sait pas ce qui leur arrive ensuite. Cela nous inquiète beaucoup parce que ces gens disparaissent et on ne sait plus rien d'eux ensuite. »

121 morts dans les zones kurdes

Depuis le début des manifestations, 121 personnes sont mortes dans les zones kurdes, la grande majorité durant les deux dernières semaines. Certains blessés meurent par manque de soin. « Les routes principales d'accès aux villes de la région sont contrôlées par les forces du gouvernement et les gens ont peur de se faire arrêter s'ils vont à l'hôpital. Donc beaucoup de gens se cachent ou restent chez eux, raconte Azhin Shekhi. Selon certains rapports, le gouvernement empêche également le transfert de sang depuis d'autres régions. Ils ont arrêté beaucoup de blessés. Des gens qui devraient être à l'hôpital sont maintenant en prison. »

Difficile pour Azhin Shekhi de nous dire si par la violence le régime est arrivé à stopper les manifestations. Il est cependant certain que dans les zones kurdes comme ailleurs, nombreux sont ceux qui continuent de rejeter le régime. 

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