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Élections en Équateur: le référendum sur l'extradition des criminels au cœur des débats

On vote ce dimanche en Équateur où 13,4 millions personnes sont appelées aux urnes pour des élections locales – élire entre autre les maires et les gouverneurs. Mais il s’agit aussi de répondre aux huit questions d’un référendum – pour décider notamment si le pays accepte d’extrader des criminels. 

Depuis plus de 80 ans, le pays interdit l'extradition des Équatoriens. Une extradition défendue par le président Guillermo Lasso, à l'occasion de ce référendum, pour les criminels commettant des délits liés au crime organisé transnational, comme le trafic de drogue. Il mène actuellement une guerre très dure contre le narcotrafic, dans un pays traversé par une violence passée des rues à l'intérieur des prisons – depuis 2021, 400 détenus liés au trafic de drogue ont été assassinés. 

Alors que le président équatorien et son gouvernement sont au plus bas dans les sondages, Guillermo Lasso espère au moins l’emporter dans un référendum de huit questions, dont l’une permettrait l’extradition de citoyens équatoriens coupables de crimes transnationaux. 

Les assassinats au plus haut

Ce n’est sans doute pas le meilleur moment pour Guillermo Lasso de mesurer sa popularité sur le sujet de la sécurité. Plus de 420 tonnes de drogue ont été saisies ces deux dernières années, prouvant que l’Équateur est une plateforme importante dans le trafic. Quant aux assassinats, ils n’ont jamais été aussi nombreux dans l’histoire du pays, 4 539 l’an dernier, deux fois plus qu’en 2021. Pour autant, l’extradition de citoyens équatoriens reste un sujet polémique, rapporte notre correspondant à Quito, Éric Samson.

« C’est un débat entre d’un côté la défense de la souveraineté, le nationalisme et le droit des citoyens équatoriens à être jugés par leur propre justice. Et de l’autre, l’efficacité de la lutte anti-drogue. Quand on voit la violence dans les prisons, l’impunité générale, que les capos continuent de diriger le trafic de drogue depuis leurs cellules, tout cela prouve que la Justice et la police sont perméables à l’influence du crime organisé », explique le politologue Sebastian Donoso.

La question de l'extradition est utilisée pour séduire les électeurs et les inciter à répondre "oui" également aux autres questions du référendum. Cela, alors que l'Équateur traverse effectivement une grave crise sécuritaire. Il y a donc des attentes disproportionnées autour de cette mesure, alors que les expériences menées à l'étranger n'ont pas fait leurs preuves. Les pays qui ont autorisé l'extradition de leurs citoyens vers l'étranger dans ce type d'affaires ont toujours des institutions faibles, et le nombre d'homicides y reste particulièrement élevé. L'extradition est donc un outil, mais pas une solution contre le trafic de drogue, qui s'explique par des causes structurelles comme la pauvreté, ou encore le manque de perspectives. Or l'exécutif en place refuse de prendre en compte ces problèmes de fond.

Juan Pablo Jaramillo, professeur en politique comparée à la Faculté latinoaméricaine des sciences sociales de Quito

RFI

L’extradition pourrait donc être vue comme un moyen de limiter le pouvoir des cartels, même par les opposants du président. Guillermo Lasso a en tout cas essayé de sensibiliser la population jusqu’au dernier moment en s’opposant à la libération anticipée de Junior Roldán, un leader de la bande des Choneros, condamné à 27 ans de prison.

D'autres questions abordées

Autre thème abordé par la consultation de ce dimanche, le nombre de membres de l’Assemblée nationale, que le président veut réduire – ils sont 137 aujourd’hui, ils seront 152 dans deux ans. Le pays compte sept partis politiques nationaux et pas moins de 272 mouvements, la plupart locaux, dont certains sont soupçonnés d’avoir des liens avec le narcotrafic. 

Enfin, Guillermo Lasso veut inclure dans la liste des aires protégées certaines zones où se trouvent des sources d'eau considérées comme « d'intérêt public ». L'objectif est, entre autres, de combattre les exploitations minières illégales. Le président désire également mettre en place des compensations pour les populations et les communautés qui protègent l’environnement. 

Après le référendum de ce dimanche, le Parlement aura un an pour mettre en place les réformes que la population aura acceptées.