Faute de soutiens suffisants, le patron de la droite espagnole Alberto Núñez Feijóo a vu, comme prévu, le Parlement rejeter sa candidature au poste de chef du gouvernement, ce mercredi 27 septembre.
Arrivé en tête des législatives du 23 juillet, qui n'ont pas permis de dégager de majorité claire, Alberto Núñez Feijóo a recueilli ce mercredi 27 septembre 172 voix, celles des députés de son Parti Populaire (PP), de la formation d'extrême droite Vox et de deux petits partis. Or, il devait, pour être investi au poste de chef du gouvernement, obtenir le soutien de la majorité absolue de la Chambre des députés, soit 176 voix sur 350.
Cet échec lance un compte à rebours de deux mois avant la convocation de nouvelles élections législatives avant le 27 novembre 2023. Deux mois durant lesquels le chef du gouvernement sortant, le socialiste Pedro Sánchez, qui a prouvé ces dernières années sa capacité de survie politique, va pouvoir tenter à son tour d'obtenir la confiance du Parlement pour être reconduit au pouvoir.
Un deuxième tour aura lieu vendredi prochain pour lequel Alberto Núñez Feijóo n'aura besoin que d'une majorité simple cette fois, mais, là encore, il semble peu probable qu'il l'obtienne. Conséquence : ce sera sans doute le candidat socialiste Pedro Sánchez qui devra essayer d'obtenir le soutien d'une majorité des députés et notamment celui des indépendantistes catalans, rapporte notre correspondante à Barcelone Elise Gazengel.
Un échec pour la droite espagnole
Conscient de son échec à venir, Alberto Núñez Feijóo a passé l'essentiel de la session d'investiture qui s'est ouverte mardi à attaquer Pedro Sánchez et les indépendantistes catalans dont dépend l'éventuelle reconduction au pouvoir du socialiste. Assurant défendre l'« intérêt général » et « l'égalité de tous les Espagnols », il a accusé son rival socialiste, qui n'a pas pris la parole dans l'hémicycle, de céder au « chantage de ceux qui ne croient pas en notre pays ».
Mardi, il avait déjà critiqué le fait que l'éventuelle reconduction au pouvoir de Pedro Sánchez dépendrait uniquement « de ce que voudra ou pas Carles Puigdemont », leader de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, honni par la droite. Faiseurs de roi dans un Parlement très fragmenté, Carles Puigdemont et les sept députés de sa formation réclament l'amnistie des séparatistes catalans poursuivis par la justice espagnole en échange de leur soutien. « Une attaque directe aux valeurs démocratiques essentielles de notre pays » et un « chantage », selon Alberto Núñez Feijóo.
Des négociations périlleuses
Au-delà de l'opposition farouche de la droite, qui a mobilisé des dizaines de milliers de personnes dimanche 24 septembre dans le centre de Madrid, cette éventuelle amnistie suscite le malaise de certains membres du Parti socialiste, formation qui rejetait catégoriquement une telle idée par le passé.
Des négociations périlleuses se profilent donc pour Pedro Sánchez, qui va devoir trouver une formule contentant les indépendantistes sans déclencher de fronde au sein de son parti. Optimiste sur sa reconduction au pouvoir, le Premier ministre, qui a déjà gracié en 2021 les indépendantistes condamnés à la prison pour les évènements de 2017, n'a rien dit publiquement sur cette amnistie, mais a promis d'être « cohérent avec la politique de retour à la normale » en Catalogne qu'il a appliquée depuis son arrivée au pouvoir en 2018.
(Et avec AFP)
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